Algérie

Le droit de savoir



Pour avoir usé et abusé de la crédulité du peuple, nos responsables ont fini par se discréditer eux-mêmes, y compris dans leurs propres prévisions souvent aléatoires. La grande secousse financière qui ébranle le monde entier directement ou indirectement est réduite, chez nous, à un fait divers. « L'Algérie est épargnée », « nous ne serons pas touchés ! », ronronnent nos ministres, manifestement pas trop convaincus mais surtout pas du tout convaincants.Le ministre des Finances, à trop vouloir rassurer, a eu recours à de subtiles nuances sémantiques en passant allégrement du catégorique « nous ne serons pas touchés ! » à une formule moins tranchante qui voudrait que « notre pays serait faiblement touché par la crise financière actuelle ». Il est tout de même surprenant d'entendre ce genre de prévisions aussi floues qu'approximatives de la bouche de nos dirigeants, dans une sphère censée obéir à une logique presque mathématique ! Qui donc croire quand ceux qui disposent de notre argent et de notre avenir sont réduits à tirer des plans sur la comète en distillant une littérature faussement rassurante dans un domaine où le langage des chiffres tient lieu d'étalon prospectif 'Cette cacophonie sur les incidences réelles ou supposées de la crise financière se vérifie également s'agissant des cours du pétrole. Alors que Chakib Khelil se fait fort d'annoncer avec aplomb à qui veut l'entendre que « nous sommes et nous serons épargnés ! », ne voilà-t-il pas que le président de la République avoue, depuis Tlemcen, que si les prix du pétrole chutent, « chacun devra retrousser les manches ». C'est un aveu lourd de sens d'un Président qui reconnaît, après dix ans de pouvoir, avoir lamentablement échoué à construire une économie performante qui n'est pas tirée exclusivement par la rente pétrolière.Et au-delà, le propos, réaliste au demeurant de Bouteflika, renseigne sur ces mensonges officiels assumés par des ministres qui, au bout du compte, inquiètent plus qu'ils ne rassurent quant au degré d'immunité de notre pays à l'égard des facteurs de production exogènes sur lesquels l'Algérie n'a strictement aucune prise. Si la sphère financière algérienne ne risque pas de subir les contrecoups de la folie de Wall Street pour la simple raison que son fonctionnement archaïque la met effectivement à l'abri, la dépréciation du dollar, elle, ne manquera pas de se répercuter négativement sur nos recettes.La facture se corserait un peu plus si d'aventure cette dépréciation se conjuguait à une éventuelle chute drastique des cours du brut. Il est, tout compte fait, illusoire de faire dans la mystification en matière de perspectives économiques, a fortiori pour un pays comme l'Algérie qui subit les courants alternatifs externes contre lesquels il ne dispose d'aucune soupape de sécurité. En l'espèce, nos responsables seraient mieux inspirés de dire la vérité au peuple au lieu de se cacher derrière des formules politiciennes qui ne rajoutent qu'une couche au flou ambiant.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)