Algérie

Le concours sinon la matraque


Le concours sinon la matraque
Arrivés aux portes d'Alger, la marche «de la dignité» initiée par quelque 300 enseignants contractuels et vacataires au départ de Bejaïa risque de ne rencontrer en fin de parcours que les matraques des forces anti-émeutes qui seront vraisemblablement dépêchées pour leur interdire toute manifestation au c?ur de la capitale. La ministre de l'Education en a décidé ainsi après avoir signifié une fin de non-recevoir à la principale revendication des marcheurs : l'intégration.Benghebrit a botté en touche en se défaussant sur la fonction publique qui ne reconnaît qu'un recrutement sur la base d'un concours. Si dans l'absolu la ministre n'a pas tort, la réalité socioprofessionnelle des milliers de contractuels et de vacataires a besoin de plus de pragmatisme. De l'aveu même de ces enseignants à moitié, puisqu'il faut les appeler ainsi, les concours de recrutement sont souvent biaisés, offerts aux amis et proches. Combien de scandales liés à ces épreuves n'a-t-on pas dénoncés. L'intransigeance de Benghebrit n'a d'égale que la détermination d'une catégorie professionnelle à se faire entendre et à demander justice. Ce jusqu'au-boutisme de la ministre, rappelée à l'ordre sur ce dossier par son Premier ministre, risque au pire une confrontation des enseignants avec les forces de l'ordre.Il est incompréhensible que la tutelle se décide à dialoguer avec les contestataires une fois arrivés à Boumerdès. Une erreur de casting aux conséquences lourdes puisque le message qui leur est adressé est clair : on discute parce que Sellal l'a demandé, on ne dialogue pas. Comment s'attendre dans ce cas précis à convaincre des enseignants qui ont battu le pavé pendant plus d'une semaine de retourner d'où ils sont venus avec les mains vides ' Et ce n'est pas le «compromis» de Benghebrit trouvé avec la fonction publique pour indexer au concours l'expérience professionnelle qui va faire passer la pilule.La bonne attitude aurait été de prendre attache avec les marcheurs après quelques pas faits et leur proposer cette faveur mais dans la logique de la tutelle, aucune marche arrière n'est de mise jusqu'au pourrissement ou au rappel de la hiérarchie. Les enseignants auraient pu avoir une tout autre réaction mais ce sentiment d'injustice leur fera certainement rendre une tout autre réponse. Ce mode de gouvernance n'est pas propre à l'Education mais au reste des ministères où les responsables des départements s'entêtent dans leurs décisions même s'ils ont tort. Dans son réquisitoire, la ministre de l'Education s'en prend aux syndicats qui font dans la «récup » et, première du genre, prend à témoin les réseaux sociaux qui sont contre le recrutement d'office de ces contractuels.


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