Algérie

Le communiqué du ministère de l’Education n’a pas modéré la colère


La grève des lycées «largement suivie» à Alger Les enseignants des lycées techniques ont organisé, hier, leur journée de protestation, une grève qui a touché presque l’ensemble des structures éducatives selon la CNLTT qui en est l’instigatrice. Conséquence de cette pro-testation, le ministre de l’Education Aboubakr Benbouzid a annulé un rendez-vous avec la radio où il devait marquer la journée par son passage au Forum pour répondre aux interrogations de la presse et du citoyen. Il faut dire que la grogne des enseignants des lycées techniques a été visible hier. Difficile à contenir même, malgré les assurances de la tutelle quant au maintien de l’ensemble du personnel à son poste. La Coordination nationale des lycées techniques et technicums (CNLTT), qui est à l’origine de cette protestation, semble avoir gagné son pari, en dépit des assurances du département de l’Education quant à la poursuite normale du travail au niveau des lycées. Un tour dans quelques établissements algérois a permis de prendre le pouls. Dès la matinée d’hier, les élèves, qui ont rejoint les établissements, n’ont pas tardé à repartir chez eux. «Nous n’avons même pas rejoint la classe parce que notre prof ne nous y a pas conduits. Il nous a juste expliqué dans la cour de récréation qu’il est en grève, ainsi que ses collègues», dira Radia, une lycéenne d’El-Biar, sur les hauteurs d’Alger. A une question de savoir si elle est avec ou contre cette grève, elle rétorquera que «si cela devait toucher l’avenir des enseignants, cela est tout à fait légitime mais qu’en contre partie, c’est aussi un retard dans le programme des cours qui va se répercuter sur le cursus des élèves». C’est d’ailleurs l’avis de ses camarades de classe. Toutefois, il en ressort à travers nos discussions avec les élèves que certains d’entre eux ne connaissent pas la raison de ce débrayage. Un autre lycée, et non pas des moindres, celui de l’Emir Abdelkader de Bab El Oued, est en effet en grève depuis une semaine pour des problèmes internes, mais là aussi la solidarité y semble de mise avec les autres lycées. Des établissements qui se trouvent en phase d’attente pour l’annonce d’une fin de mission et qui devront «normalement» être mis sous tutelle de la formation professionnelle. Les enseignants que nous avons approchés au sortir des établissements n’ont pas caché leur courroux face à ce qu’ils assimilent à «un laboratoire d’expérimentation des méthodes d’enseignement». «Si Benbouzid dit vrai, pourquoi alors ni les parents d’élèves ni les représentants des enseignants n’ont été invités à ce laboratoire?» s’interroge-t-on. La protestation d’hier est en tout cas une réussite pour les syndicats qui, une fois n’est pas coutume, se sont mis en rangs serrés pour contrer la politique de Benbouzid. Le CLA, le Cnapest, l’Unpef et le Satef se disent en tout cas opposés à «la mise à mort de l’école technique». La Coordination nationale des lycées techniques et technicums (CNLTT) reproche au ministre de changer les termes du débat concernant l’opération de démantèlement de l’enseignement technique car, de l’avis du ministre, l’enseignement technique est en net recul partout dans le monde. Excédé, un vieux routier qui est sur le départ en retraite explique que l’enseignement technique doit être maintenu, accusant par la même occasion le ministère de vouloir en finir avec cet enseignement, avec la réduction des filières et des élèves orientés vers les filières techniques. «On veut nous mettre dehors, c’est simple, qu’ils nous le disent!» lance un enseignant visiblement irrité. «Mais que cela soit clair, nous ne nous laisserons pas faire», promet-il enfin avant de s’interroger sur les raisons qui ont conduit le ministre à supprimer une partie des filières technologiques, assimilée à un progrès dans la réforme. «C’est une déformation et non pas une réforme», s’écrie un autre enseignant, rencontré à Ben Aknoun, qui n’a pas caché sa crainte d’être carrément mis dehors après cela. «Cette suppression vaut la réduction des heures de travail, donc d’une partie des enseignants. C’est là l’exigence du FMI et de la Banque mondiale. Pourquoi est-ce sur le dos de l’enseignement que va se faire la réduction des effectifs de la Fonction publique?» s’interroge encore notre interlocuteur. A rappeler que le ministère de tutelle a tenté de devancer la grève par un communiqué rendu public la veille, tentant de rassurer la famille de l’éducation. Le ministère assimilait sa décision de mettre sous la tutelle de la formation professionnelle les enseignants du technique comme «une simple réorganisation». Il dit également vouloir «remplacer la spécialisation précoce par une polyvalence généralisée, dans une perspective d’être à l’image de ce qui se pratique dans le reste du monde». Nous avons enfin tenté d’avoir l’avis de l’administration sur le taux de suivi de la grève, mais peine perdue, puisque selon les échos, les responsables du ministère étaient en réunion continue...


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