Algérie

Le ciment gris de la nation



L'Algérie, plongée dans une crise de matériaux, vient de lancer un appel d'offres pour l'achat d'un million de tonnes de ciment. Au plus offrant, au moins disant ou au mieux tchippant, c'est selon, les modalités du marché restant généralement très floues. Mais c'est une réalité assez connue, l'Algérie a de l'argent, beaucoup, mais pas de ciment pour construire ou lier la nation. Le seul consensus qui a réussi à se dégager depuis des années est le football, et tout le monde a fêté le match comme il se doit et l'une des trop rares victoires du pays sur l'adversité. Il y a cependant un autre consensus qui lie la nation comme du ciment gris. La mort. Régulièrement, des Algériens meurent, tués par d'autres Algériens, dans l'indifférence générale, à l'image du récent assassinat de gendarmes qui n'a donné lieu à aucune condamnation, M. Belkhadem et M. Ouyahia, grands défenseurs de la réconciliation, ont simplement disparu de la scène, probablement occupés à finir leurs maisons. Du ciment 'Selon un entrepreneur plein d'humour, il n'y a par contre aucune crise de béton. Les dirigeants continuent à se construire des bunkers avec comme seule exigence, auprès de leurs architectes, de ne pas entrer en contact avec les Algériens, de ne pas les voir et de les éloigner le plus possible d'eux, quitte à fermer les rues qui donnent accès à leurs fortifications et à placer des milliers d'agents autour de leurs quartiers. Reprenons une dernière fois M. Belkhadem qui se demandait ce que le FLN n'a pas fait qu'un autre parti puisse faire. Déjà, il n'a pas construit. Malgré les milliards engagés, la crise du logement reste la même 10 ans plus tard, au vu des prix pratiqués à l'achat et à la location. En plus, il n'y a même plus de ciment. Pourquoi ne pas construire l'Algérie avec les squelettes des dirigeants de la nation ' Les os de dinosaure font de très bons piliers.



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