Algérie

Le bas de laine



La crise financière qui lamine aujourd'hui les Etats-Unis suscite de légitimes interrogations dans l'opinion publique nationale sur le sort des dépôts algériens dans des banques américaines en faillite plus qu'avérée. Nos autorités se montrent fermement rassurantes à cet égard, arguant que l'Algérie ne traite pas avec des banques d'affaires agissant dans le circuit international. D'autre part, les dépôts algériens sont garantis par les autorités américaines.Et c'est là qu'il est permis de s'interroger sur l'étendue de la confiance qu'il convient d'accorder à un gouvernement américain qui n'a pas été en mesure de protéger son propre système financier contre la faillite. Et puis, au-delà même de semblables garanties, quel est l'intérêt de maintenir des dépôts qui ne seront peut-être plus rémunérés. Ce qui reviendrait à dire que l'Algérie n'y perdrait pas, mais n'y gagnerait pas non plus. Au regard des sommes colossales en dépôt dans les banques américaines, des dizaines de milliards de dollars, le sujet mérite d'autant plus réflexion que nul ne sait de quoi sera fait demain.L'hypothèse, avec laquelle il faut faire, d'une baisse du prix du baril de pétrole ne sera-t-elle pas sans conséquence sur les dépôts algériens qui seraient simplement immobilisés sans produire du taux d'intérêt, mais du manque à gagner. Ces ressources rares, plutôt que d'être quasiment gelées, ne seraient-elles pas plus utiles dans des investissements productifs en Algérie même avec une possibilité de retour plus fiable dans le cas où une dynamique de création d'emplois et de services. Parce que l'avenir de la finance internationale s'annonce des plus incertains et il est probable que les Etats-Unis soient confrontés, en 2009, à une crise financière encore plus âpre.Mais dans la mesure où la menace est globale, il ne s'agit plus seulement d'un problème spécifique à chaque pays, même si la tentation de faire cavalier seul l'emporte encore chez ceux dont les finances sont encore robustes. Mais dans le même temps, comment oublier que le système bancaire américain présentait cette image de robustesse avant de se révéler un colosse aux pieds d'argile. Dans tous les cas de figure, la crise financière impose un devoir de vigilance à des pays qui seraient tentés de s'en remettre aveuglément au modèle américain sans le confronter aux autres expériences.Au lieu de dormir dans les banques américaines, les dépôts pourraient alimenter un bas de laine qui pour être désuet et conventionnel, n'en permettrait pas moins à l'Etat de soutenir directement ou indirectement les projets et les réalisations des entrepreneurs algériens. Il est à craindre en effet que les investisseurs étrangers, déjà réputés frileux pour la destination Algérie ne s'en détournent encore davantage en se basant sur le postulat que chacun voit midi à sa porte.Face à l'ampleur de crise et de celles à venir, il est évident que l'Algérie, comme elle l'a toujours fait, ne pourra et ne devra compter que sur elle-même.


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