Algérie

Le 8 mai 1945. Ce jour-là !




Alors que les cérémonials de circonstance, les gerbes de fleurs et les discours commémoratifs rappellent l'infâme massacre du printemps 45, sur l'autre rive, la fin des dénégations des injustices, des fautes et des crimes du passé se fait attendre.

Certes, ces dernières années, les mea-culpa abondent. La reconnaissance des crimes au nom de l'Etat français a fait un pas non négligeable. Il a tour à tour été question de « tragédie inexcusable », « d'événements qui ont fait insulte aux principes fondateurs de la République » (1), de « fautes impardonnables », de « crimes du passé colonial français » (2) et même d'« épouvantables massacres » et de « déchaînement de folie meurtrière dans lequel les autorités françaises de l'époque ont eu une très lourde responsabilité » (3).

Pour certains, cependant, ces « concessions verbales » ne visent qu'à « préserver les échanges économiques et financiers, donc les intérêts de la France dans ses relations avec l'Algérie » (APS, 7 mai 2008). Soixante-quatre années ont passé, la cicatrice demeure béante. Les multiples colloques organisés sur l'une et l'autre rives n'ont pas encore fait toute la lumière sur ces événements dramatiques qui ont fait des dizaines de milliers de victimes innocentes (4). L'accès aux archives écrites, audiovisuelles et cinématographiques pose encore problème. N'est-il pas temps de dire enfin la vérité ?

Hormis quelques rares historiens et les familles des victimes chez qui la blessure demeure toujours aussi vivace, en vérité, peu de monde sait exactement ce qui s'est passé durant ce mois de mai tragique. Se recueillir pour réveiller et entretenir le souvenir, c'est bien, l'enraciner dans les mémoires et faire face à l'histoire, serait encore mieux. Des décennies durant, des pans entiers de notre passé ont été occultés ou ont à peine été évoquées dans les manuels scolaires.

Alors que dans tous les villages de France et de Navarre, les cloches de la libération fêtaient la capitulation du IIIe Reich grâce au sacrifice des jeunes de Sétif, Guelma, Kherrata, Draâ Benkhedda, Saïda, Bordj Menaïel, Tigzirt, Cap Dinet, Nassiria, Annaba, Batna, etc., dans ces mêmes contrées, au même moment, l'horreur atteignait des limites. L'armée française, aidée par la police, la Légion étrangère et les colons constitués en milices, célébrait la victoire dans l'horreur, en versant le sang des Algériens. 45.000 êtres humains furent sacrifiés sur l'autel de la bêtise. «Nous avons maté la révolte», écrivait fièrement Duval, le responsable en chef de la répression mais, poursuivait-il « s'il n'y a pas de réforme, cela recommencera dans dix ans». Les «indigènes de la République», ces ouvriers agricoles, ces paysans, ces femmes, ces enfants, ces vieillards, et même les tirailleurs et les goumiers qui venaient de verser leur sang sur les champs de bataille européens, furent victimes d'un véritable crime contre l'humanité qui renvoie aux horreurs de la conquête.



La France coloniale et son rapport schizophrénique à l'histoire






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