La viande ovine à 300 dinars

Une animation inhabituelle régnait rue Mellah Slimane, principale artère commerçante du vieux quartier de Souika, en cette matinée du jeudi passé. Beaucoup de chefs de famille faisaient la chaîne devant les boucheries pour faire emplette de viande de mouton. La nouvelle s'est, en effet, répandue comme une traînée de poudre à travers la ville: le kilo de viande de mouton était cédé à Souika pour 300 DA, chose qui n'a pas été constatée depuis une demi-douzaine d'années. Les commentaires, dans la file d'attente pour être servis, allaient bon train. D'aucuns affirment ne pas avoir acheté un kilo de viande depuis des lustres. «On se contentait d'un peu de poulet ou de viande de dinde, le mouton étant hors de prix, soutenaient certains». Mais ce jeudi matin, les boucheries affichaient 300 DA le kilo de viande de brebis et 400 DA pour celle de l'agneau de lait, contre 540 ou 560 dinars, seulement quelques jours auparavant. Les quelques bouchers questionnés sur cette baisse des prix du mouton, avancent la sécheresse et la cherté de l'aliment de bétail dans les régions du sud ouest, notamment, à M'Sila et Ouled Djellal, où les maquignons «bradent» leur cheptel en dessous de 8.000 DA la tête. «Les fellahs du Nord, en général et dans le Constantinois en particulier, préfèrent faire de l'élevage et très peu de bêtes sont dirigées vers les abattoirs», disent-ils. Certains bouchers disent «qu'ils possèdent quelques têtes, mais qu'ils préfèrent faire des achats groupés dans ces régions, le prix étant intéressant». Cette baisse drastique des prix a fait resurgir les vendeurs à la sauvette qui ont monté leurs tables tout le long du quartier et proposent de la brebis à 280 ou 300 DA, le kilo. Cette baisse des prix n'a pas été enregistrée, cependant, au marché du centre-ville où l'agneau était vendu, jeudi, à 500 DA contre 560, il y a quelques jours.