Algérie

La spiritualité



La spiritualité Une des modalités du cheminement du soufi est le développement et l’approfondissement du lien de fraternité en Dieu. En effet, «le croyant est le miroir du croyant », et ceux qui tendent vers la même source et s’y abreuvent sont plus à même de partager une amitié égalitaire, inconditionnée et humble devant leur Seigneur. Nul disciple ne perd de vue que seul Dieu existe et subsiste et donc que tout ce qui mène à Lui est infiniment précieux. En somme, lorsque je contemple mon frère en Dieu, je contemple mon âme et mon Créateur.Ainsi l’amitié spirituelle s’inscrit dans le cheminement spirituel au même titre que l’invocation (dhikr) : ce sont autant de rappels de la Réalité divine. C’est ainsi que cette amitié spirituelle se nommera aussi « compagnonnage », puisqu’en se fréquentant, les soufis s’accompagnent sur le chemin vers Dieu. « Mon amour revient de droit à ceux qui s’aiment en moi », dit un hadîth Qudsi. Dans le soufisme, on désignera par mahabba cet amour fraternel qui est un don de Dieu et qui est partagé « en Dieu », avant de retourner à Dieu. Cet amour est avant tout une saveur, le fruit d’une expérience spirituelle et toute tentative de l’exprimer court le risque de confiner cet amour à des représentations mentales ou doctrinales. Ainsi, pour laisser en liberté ce flux divin, certains poètes préfèrent y faire allusion : c’est par exemple « l’Eloge du Vin » du célèbre poète Ibn al-Fârid, qui commence ainsi : « Nous avons bu d’un vin qui existe d’avant la création de la vigne... ». Le vin est dans une coupe qui circule de disciple en disciple et dont l’échanson n’est autre que le maître (shaykh) qui détient sa fonction du Très Haut. Cependant, toute pratique spirituelle nécessite une discipline, une rigueur afin de ne pas basculer dans l’illusion sans même s’en rendre compte. Le compagnonnage spirituel a aussi des conditions qui lui sont propres et qui permettent à deux êtres qui s’aiment en Dieu d’exalter en toute perfection Sa gloire. Ainsi, les règles de la chevalerie spirituelle, quoique nombreuses, ne sont que des déclinaisons d’un seul mot d’ordre : la mahabba (l’Amour spirituel). Nous pouvons en relever quelques unes : La magnification de l’autre : « Recherche pour ton frère soixante-dix excuses, et si tu ne les trouves pas, reviens vers ton âme avec suspicion et dis-lui : ce que tu vois en ton frère, c’est ce qui est caché en toi !» La fréquentation des disciples : « L’amitié implique que l’on s’informe des soucis des fuqarâ, que l’on travaille à hâter l’accomplissement de leurs affaires dans la mesure du possible, que l’on aille souvent les trouver chez eux pour les visiter et renouveler le lien (ahd)». L’humilité : la recherche de toute forme d’ostentation ou de commandement est détestable chez les soufis car cette jouissance orgueilleuse provient de la nafs, l’ego rebelle et falsificateur. En effet, lorsque notre geste est commandé par l’ego, il a été effectué pour soi-même et non pas pour son frère. Ainsi, le faqîr «pensera d’abord à son propre retard à se dégager des passions de son âme et à précéder (ses frères) dans la recherche de tout ce qui peut les contenter». Nous vivons dans un monde de multiplicité, où chaque forme, chaque être est une porte vers la Réalité du monde, vers l’Unique. C’est donc aussi par les êtres que nous pouvons connaître Dieu. Cultiver ce rapport d’amour aux Hommes, c’est préserver son cœur de l’erreur de voir ce monde comme une fin en soi, comme suffisant à lui-même. C’est vivre dans une attitude permanente de louange, l’âme orientée sans cesse vers son Essence, divine. C’est ainsi que l’autre est la porte (et le voile) nous séparant de l’ouverture spirituelle (fath), c’est à dire de la sainteté. Et le saint voit le Bon en tout homme, conformément à sa véritable nature. Ces règles d’amour spirituel sont pour lui totalement naturelles, puisqu’il voit chaque être en Essence : «Si tu remontes à l’essence d’un mauvais, tu trouveras en lui, luttant d’excellence, les signes cachés du Bien. La beauté du mauvais complète son défaut. Tu ne verras plus chez lui de défaut ni de laideur». Riordan MacNamara



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