Algérie

La sardine de taille non marchande envahit les poissonneries



Pour de nombreux marchands, cette situation a été provoquée par l'inactivité qui a touché le secteur depuis près de quatre années, aggravée par la période de confinement imposée dans le cadre de la lutte contre la propagation du coronavirus et qui a donné lieu à un manque à gagner chez les professionnels de la pêche forcés au chômage.Cédée à 300 DA, voire à 200 DA le kilo, la sardine dont la taille ne dépasse guère les 8 cm a envahi les étals des poissonneries de plusieurs localités de la wilaya de Aïn Témouchent en cette période estivale. Ce phénomène constaté dans plusieurs villes (Aïn Témouchent, Béni Saf, Hammam Bou-Hadjar, El-Malah...) est provoqué par la pêche illicite de cette espèce de poisson par certains patrons de bateaux de pêche qui font fi de la réglementation.
La sardine de petite taille est aussi commercialisée par des marchands ambulants de poissons qui déambulent à travers les rues. Pour de nombreux marchands, cette situation a été provoquée par l'inactivité qui a touché le secteur depuis près de quatre années, aggravée par la période de confinement imposée dans le cadre de la lutte contre la propagation du coronavirus et qui a donné lieu à un manque à gagner chez les professionnels de la pêche et les gens de la mer, forcés au chômage, au moment où les consommateurs affichent de plus en plus leur préférence pour la sardine mais sans pouvoir se l'offrir, vu son prix inabordable variant entre 1000 DA et 1200 DA.
Il est loin l'engouement du citoyen à la petite bourse pour cette espèce de poisson qui, jadis, demeurait son plat préféré. "Tout le monde est conscient que la pêche de ce type de poisson est interdite par la réglementation, dans la mesure où la taille du poisson commercialisé ne répond aucunement aux normes commerciales exigées. Ce sont donc les patrons de pêche qui devront s'interdire de recourir à ce type de pêche, pas nous", s'est défendu l'un des marchands de poisson. Abondant dans le même sens, un autre renchérit : "Nous, nous sommes obligés de subvenir aux besoins de nos familles, tant que la sardine de 8 cm trouvera preneur, c'est-à-dire tant que les citoyens continuent d'acheter ce poisson qui est très prisé et du moment que la sardine réglementaire lui est inaccessible avec un prix qui donne le tournis."
Pour d'autres, le comportement du consommateur qui accepte tout ce qu'on lui propose le met dans la posture de complice de cette dérive. Pour leur part, les responsables habilités à mener la lutte contre les dépassements dans les ports mais aussi en mer lâchent : "On a beau déclarer la guerre aux réfractaires avec des procès-verbaux dressés, ces derniers ont la peau dure. Ni les sanctions ni les campagnes de sensibilisation menées auprès d'eux ne sont parvenues à les en dissuader." Dans une déclaration faite à la presse, Abdelfettah Belhadj, chef de la station de pêche de Béni Saf, n'a pas manqué de mettre en exergue les gros efforts fournis par les gardes-côtes en vue de réduire sinon d'éradiquer ce phénomène où ils ont dressé de nombreux procès-verbaux à l'encontre des réfractaires, dont des copies ont été adressées à la direction de la pêche et des ressources halieutiques à l'effet lancer des poursuites judiciaires.
La poursuite de la pêche de la sardine de petite taille continue de porter atteinte à la préservation de la richesse halieutique dont la biomasse continue d'être réduite à une vitesse vertigineuse avec un risque certain de disparition. Au-delà des sanctions prises à l'encontre des contrevenants, le salut ne pourra venir que d'une prise de conscience des patrons de pêche et des professionnels de la pêche eux-mêmes, a remarqué l'un des pêcheurs.
"Au final, personne ne sera bénéficiaire de cette situation si la ressource halieutique disparaît à jamais, surtout si elle est aggravée par l'utilisation anarchique des explosifs en pleine mer, comme ce fut le cas par le passé, en violation de la réglementation en vigueur. Quant aux autres espèces de poisson, vaut mieux ne pas en parler. La bourse moyenne les a tout simplement boudés depuis belle lurette, à l'image du poisson blanc, de la crevette dont le prix détient tous les records, atteignant même l'inimaginable", a-t-il soutenu.
En l'absence d'une véritable stratégie politique de développement halieutique, le secteur de la pêche ne cesse de manger son pain noir. Et la problématique de la préservation des ressources halieutiques ne concerne pas uniquement la wilaya de Aïn Témouchent mais toutes les wilayas côtières.

M. LARADJ
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