Algérie

La récupération !



A quel agenda répondent ces dernières démonstrations de force mettant en scène une moralité rigoriste sous emballage de revendications socio-économiques ' El Oued, Ouargla, Sidi Bel-Abbès ou encore Laghouat sont l'expression d'un retour rampant, au premier plan, des islamistes, cherchant à réoccuper un espace public, laissé en jachère par un Etat démissionnaire et une société civile inexistante. L'absence d'une réelle justice sociale, sacrifiée sur l'autel d'une paix sociale achetée à coups de milliards de dinars et de gaspillage de l'argent public, a ouvert grande la porte au retour des fondamentalistes religieux.La culture de la rapine, conjuguée à la permissivité des responsables locaux et centraux et au népotisme des petits chefs administratifs, a défriché le terrain pour y planter tous les ingrédients qui ont favorisé la montée en puissance de l'islamisme politique en Algérie. La suite, tout le monde la connaît. La mise en scène de prières collectives en plein air pour empêcher ou perturber la tenue de galas artistiques a été certes condamnée par le gouvernement, par la voix de son ministre de l'Intérieur, mais force est de constater que les mises en garde républicaines ne valent pas grand-chose par les temps qui courent. Et pour cause, ce qui vient de se passer à Laghouat, jeudi dernier, sonne comme une réponse aux injonctions de Bedoui, le défiant, lui et son gouvernement, à sévir contre ceux qui estiment n'avoir que cette forme de protestation pour faire entendre leurs voix.
Faut-il pour autant condamner ces derniers et ne voir dans leur action qu'une manifestation légitime face à un quotidien pourri ' Difficile de le croire même si le bénéfice du doute est permis, mais le fait de s'attaquer à une expression culturelle, diabolisée par les gardiens du temple, est en lui-même une preuve de leur instrumentalisation pour des vues électoralistes, alors que les problèmes socio-économiques ont de tout temps existé dans ces régions. Les islamistes essayent tant bien que mal de se repositionner sur l'échiquier politique à l'approche des échéances électorales, mais comme ils ont perdu toute crédibilité partisane, ils cherchent une autre issue pour s'affirmer comme une force sur qui compter. Et cette fenêtre est bien évidemment celle de la colère de la rue qu'ils tentent de canaliser, en récupérant ses slogans, l'enrobant d'un vernis religieux. Cette résurgence de l'ex-Fis est aussi encouragée par la duplicité d'un discours officiel qui joue sur la peur des Algériens en brandissant la menace d'un retour aux affaires des islamistes.
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