Algérie

La 'réconciliation nationale' veut se faire' oublier


La 'réconciliation nationale' veut se faire' oublier
Commentant la mise hors d'état de nuire de quelques terroristes, le ministre de l'Intérieur a déclaré, avant-hier, que 'la situation sécuritaire s'améliore de plus en plus'. Sans expliquer les raisons de cette régulière amélioration.
Pourtant, il est de tradition, pour les responsables de notre sécurité d'agrémenter les bonnes nouvelles sécuritaires d'arguments politiques et même de déplier leur analyse scientifique sur les conjoncturels regains de barbarie terroriste.
Des membres de groupes armés, à la réputation établie, qui sévissent depuis de longues années dans les wilayas de Boumerdès, Tizi Ouzou et Bouira, ont été neutralisés ces derniers temps dans des opérations visiblement soigneusement préparées. Cette efficacité est si soudaine qu'elle paraît tardive : si des forces venues de Blida peuvent savoir ce qui se passe au hameau d'Azib-Ahmed, pour aller cueillir un 'émir' au bon endroit et à l'heure dite, pourquoi ces actions ne sont-elles pas réalisées plus tôt et plus souvent '
Le pouvoir avait-il tactiquement intérêt à laisser persister des zones de tension ou bien avait-il peur de voir la lutte armée antiterroriste révéler, par son efficacité même l'inanité sécuritaire de sa démarche de 'réconciliation nationale' '
Cette confirmation sèche, sans autre commentaire, d'un évènement qui est simplement dit 'positif', par le ministre de l'Intérieur, nous emmène à observer que le thème de la réconciliation nationale a déserté le discours officiel au profit du nouveau refrain des réformes politiques. Même les fonctions préposées à la promotion de la démarche, la CNDPPDH et la 'Commission de suivi de l'application des textes de la charte pour la paix et la réconciliation nationale', se font discrètes sur le sujet ou se sont converties à d'autres matières, comme les abus de détention préventive, la peine capitale ou les droits de l'Homme'
Une man'uvre politique qui se proposait d'imposer la perception de la période du terrorisme comme celle d'une 'tragédie nationale' d'origine inconnue veut, à son tour, se dissiper dans la discrétion, sans faire son bilan. La réconciliation nationale, après avoir tenté de nous faire oublier l'épreuve du terrorisme veut se faire oublier comme épreuve politique. L'amnésie concernerait ainsi les responsabilités criminelles des acteurs du terrorisme et les responsabilités politiques des promoteurs de l'oubli forcé.
Le contexte, qui réinstalle l'islamisme dans son statut d'alternative aux régimes en place dans notre région, dépouille la notion de réconciliation de sens. En Algérie, les forces islamistes, même les plus molles et les plus engluées dans le système rentier et affairiste, reprennent leurs billes et se comptent à nouveau pour se préparer à l'assaut d'un pouvoir historiquement condamné. L'alerte au changement rend caduc l'arrangement.
Le terrorisme est vaincu. Militairement. Mais la réconciliation qui, ces dernières années, a servi à combattre la démocratie ne fait
plus recette auprès de ses destinataires. Grâce à cette démarche qui leur aménageait une place de choix dans les institutions, dans le discours et dans la vie sociale, ils ont vaincu politiquement. Après avoir voulu faire oublier le terrorisme, cela aussi, le pouvoir voudrait le faire oublier.
M. H.
musthammouche@yahoo.fr
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