Algérie

La poterie, un art ancestral




La poterie, un art ancestral
Situé dans la commune d'Aït Khellili, à 35 km à l'est de Tizi Ouzou, Ath Kheir est un village incontournable pour les connaisseurs en quête des poteries artisanales qui conjuguent raffinement et solidité. Ne s'encombrant pas de décors, la poterie de ce hameau agrippé à un flanc de montagne, destinée à un usage quotidien et à supporter les épreuves des flammes, mise sur le raffinement et la résistance pour s'offrir une place de choix sur le marché et se distinguer.«Si nos objets ne sont pas décorés, c'est parce qu'ils sont destinés à la cuisson, telles que la marmite pour les plats mijotés, le tajine pour la galette ou les crêpes, et la djefna pour rouler le couscous», témoignent Ouezna et Tounsia, des potières rencontrées à Ath Kheir à l'occasion de la première édition de la fête de la poterie de ce village organisée du 1er au 3 septembre en cours. Toutefois, certaines pièces sont ornées des fameux symboles berbères utilisés pour décorer les poteries décoratives ou destinées à contenir de l'eau, précisent ces mêmes exposantes qui précisent qu'Ath Kheir est plutôt connu pour ses tajines et djefnas qui sont très demandés par des commerçants et des particuliers. La délicatesse de la finition des objets fabriqués manuellement, patiemment polies avec une pierre lisse, et la couleur ocre obtenue grâce à une argile avec laquelle sont enduits les objets avant leur cuisson, font de la poterie d'Ath Kheir, un produit unique et recherché. Autre particularité et pas des moindres de la poterie de ce village est l'utilisation du tuf appelé localement tafeza, une pierre calcaire broyée à coups de pilon et à la force des bras pour la transformer en poudre qui sera mélangée à l'argile pour rendre les objets plus robustes. Dans d'autres localités, on utilise généralement une poudre appelée «afrour» obtenue à partir de débris d'anciennes poteries. Selon une légende encore transmise localement, les Ath Kheir ont reçu le métier de potier de Sidi Ali Ouamara, le saint du village. Les témoignages recueillis sur place rapportent que les villageois qui subissaient la disette sont allés demander à leur saint de les aider, celui-ci leur répliqua : «Vous vivrez de la terre.» N'ayant pas compris ce que veut dire leur saint, les villageois répliquèrent : «Mais nous cultivons nos champs et ce que nous produisons suffit à peine à calmer la faim qui tenaille les ventres de nos enfants.» Alors Sidi Ali Ouamara leur expliqua : «Je vous offre autre chose, prenez de la terre, choisissez la plus belle et transformez-la en ustensile de cuisine que vous vendrez aux villages voisins.» L'abondance d'argile récoltée entre autres à Tandleste et Tizi Boumane et de tuf récupéré notamment à Tizi Ali, a contribué au développement de la poterie à Ath Kheir, où jadis la quasi-totalité des familles exerçaient cette activité. Aujourd'hui, quelque 200 familles de ce village de 3 000 habitants perpétuent cet art ancestral.


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