Algérie

La mort plane sur des journalistes




La mort plane sur des journalistes
Dans ce pays situé dans la Corne de l'Afrique, les journalistes travaillent constamment sous la menace.
Dix-huit sont morts depuis début 2012. Un appareil photo dans une main, un pistolet dans l'autre, Abdukadir Hassan Abdirahman, reporter somalien, arpente les rues de Baïdoa, ville du centre de la Somalie et l'une des plus dangereuses au monde pour les journalistes. «Je sais que ce que je fais n'est pas très déontologique : on ne devrait pas porter à la fois une arme, un appareil photo et un bloc-notes», reconnaît ce père de trois enfants, seul reporter encore actif à Baïdoa, ancien bastion des insurgés islamistes shebabs. «Mais [...] je devais soit quitter la ville, comme mes confrères, soit continuer à travailler une arme à la main», explique Abdukadir Hassan Abdirahman, employé de la chaîne de télévision Universal, basée à Londres. Cette semaine encore, deux hommes de médias sont morts en Somalie : un journaliste et un humoriste d'une radio. Après Abdi Jeylani Malaq Marshale, en août, Warsame Shire Awale, connu lui aussi pour ses satires des shebabs, est la deuxième grande voix des ondes somaliennes à rejoindre la déjà longue liste des victimes cette année. Depuis début 2012, la Somalie a déjà doublé son triste record de professionnels des médias tués en une année : le bilan est au moins de 18 morts, victimes d'assassinats ou d'attaques à la bombe ou à la grenade. Mais si les meurtres sont souvent imputés aux shebabs, ils sont aussi parfois liés à des règlements de comptes entre les multiples factions claniques qui fragmentent la Somalie. Abdukadir Hassan Abdirahman, 27 ans, se sait menacé, mais reste persuadé que les risques en valent la peine. C'est le prix à payer pour maintenir en vie une presse libre dans ce pays de la Corne de l'Afrique. «Je suis le seul journaliste qui ose encore travailler dans Baïdoa et même si je porte une arme pour me défendre, un jour des tueurs m'auront», lâche-t-il fataliste. Baïdoa a été prise en février aux shebabs par un contingent éthiopien entré en Somalie quelques mois plus tôt. Les insurgés ont déserté la ville, située à quelque 250 kilomètres au nord-ouest de Mogadiscio, mais continuent de mener des opérations de guérilla dans la région, toujours instable. Plus au sud, la force de l'Union africaine (Amisom) affronte les insurgés pour sécuriser la route qui mène à la capitale. «Les shebabs me menacent de mort au téléphone [...], mais je continuerai à travailler tant que je serai en vie», assure Abdukadir Hassan Abdirahman.


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