Algérie

La lenteur


La lenteur
Quand El Watan interroge les responsables du FLN et du RND sur le fait que les résultats des élections législatives n'aient pas donné lieu à un changement de gouvernement, ils répondent mécaniquement : 'La désignation du gouvernement est du ressort du président de la République." Et si on insiste, ils ajoutent, comme Kassa Aïssi, que 'nous n'avons pas de commentaire à faire".
Comme quoi, on peut tout faire pour gagner une élection, conquérir la majorité des sièges de l'Assemblée et n'avoir rien à dire de ce qui en sera fait. En démocratie, un tel cas de renoncement à voir la victoire de son parti se traduire dans les institutions serait inconcevable.
Quand les leaders des partis du pouvoir dissimulent leur impuissance derrière 'les prérogatives du Président", ils avouent, en fait, que le sens de leur succès s'arrête là où commence la vraie question du pouvoir : ils ont gagné des sièges par rapport aux autres formations en compétition. En fait, ce sont eux qu'on a choisis pour figurer la majorité parlementaire, pas pour faire fonction de majorité parlementaire.
Quand Belkhadem dit que le Président n'est pas obligé de choisir le Premier ministre dans la partie majoritaire, il se cache aussi derrière la lettre de la Constitution ' qui, effectivement, n'est pas là pour organiser le rapport de forces politiques mais pour organiser le rapport entre les différents pouvoirs, exécutif, législatif, judiciaire ' pour avouer que le résultat de son parti ne vaut que ce que le pouvoir réel veut bien qu'il vaille ! Imaginons Hollande choisissant un Premier ministre 'vert", ce que la Constitution ne lui interdit point !
C'est l'extravagance des dictatures, même quand elles se drapent d'un système multipartite et une Constitution 'démocratique" : plus on s'élève dans la hiérarchie institutionnelle, plus on est redevable au chef et plus on se soumet à son autoritarisme. On fait même l'effort de le légitimer, parce que notre statut dépend de la légitimité de cette autorité.
Tout le monde observe la lenteur qui caractérise la vie publique, mais tout le monde fait mine de ne pas la percevoir et surtout de ne pas saisir ses effets sur la vie nationale. Même des confrères préfèrent voir dans le retard de changement de gouvernement la manifestation de 'conflits au sommet". Mais de quel droit des querelles de 'sommet" devraient priver, pour des mois, six secteurs d'activité névralgique, comme le transport, par exemple, de leurs décideurs '
Ce retard à pourvoir à la vacance de pouvoir ne s'est, au demeurant, pas manifesté avec cet espace de panne gouvernementale. C'est un vrai cas de mode de gouvernance : les deux entreprises stratégiques du pays, Sonatrach et Air Algérie, ont eu à subir les inconvénients de ce processus de cette inertie décisionnelle. Des institutions ont attendu longtemps par leur création juridique pour avoir droit à une existence effective.
Plus politiquement, le pays attend toujours les réformes de l'administration, de l'Ecole, de la justice et la relance de la croissance proclamées, et même formalisées dans leurs contenus, dès 1999-2000 ! Les Algériens épient toujours les symptômes des 'réformes approfondies" annoncées il y a seize mois déjà !
Ceux qui sont bien calés à leur siège ne semblent pas s'inquiéter du fonctionnement à vitesse d'inertie : tant que l'aiguille de la Bourse de Londres indique 102 dollars le baril...
M. H.
musthammouche@yahoo.fr
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