Algérie - Revue de Presse


Les citoyens qui n?ont que le gaz butane pour se chauffer ont dû, dans diverses localités du pays, recourir à la rue pour crier leur colère contre les dernières hausses des prix des combustibles intervenues en plein hiver glacial. Ils ont pris le risque d?une confrontation avec les forces de l?ordre et des poursuites judiciaires, ne tolérant pas que leur quotidien, rempli déjà par trop de souffrances et de privations, en vienne encore à être altéré. A leurs yeux, les marges bénéficiaires de Naftal, les taxes étatiques liées aux hydrocarbures, les querelles entre Chakib Khelil et les députés ne sont que des « histoires d?Alger », ne les concernant nullement. Par culture ancestrale, les couches populaires du pays n?exigent rien de l?Etat, mais en revanche ne tolèrent pas qu?il vienne les provoquer. Quand cette mentalité n?est pas comprise en haut lieu, c?est la violence qui vient le rappeler : les attaques des symboles étatiques se sont tellement banalisées ces dernières années qu?elles ont fini par devenir un « moyen d?expression » privilégié. Qui faut-il blâmer ? Les manifestants qui cassent tout ou les gouvernants qui ignorent tout de leur peuple ? L?impasse est là, et la rupture entre la sphère dirigeante et les couches populaires ne finit pas de se faire. Celles-ci n?admettent pas qu?en période faste pour l?Etat au plan des ressources financières, elles soient sollicitées pour venir appuyer une politique de reprise en main de l?économie nationale, quand bien même celle-ci est nécessaire. Les syndicalistes eux affûtent leurs armes en prévision des privatisations des entreprises publiques redoutant que les travailleurs soient les premiers à faire les frais de la perte de leur outil de travail. Le recours à la rue risque de gagner en ampleur et déraper dangereusement s?il ne se définit pas au niveau du pouvoir une stratégie de préservation des populations démunies et fragiles et si des canaux de communication ne sont pas établis entre dirigeants et administrés. Le temps est compté car le pays va entrer dans une phase délicate de restructuration de son tissu économique, un préalable de la mondialisation. Des révisions déchirantes vont inévitablement se faire.
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