Algérie

La fuite des cardiologues



Combien sont-ils nos compatriotes cardiologues ayant quitté notre pays pour s?installer à l?étranger ? Formés à coût élevé en Algérie, ils sont offerts sur un plateau d?argent aux pays développés à la recherche d?une nouvelle main-d??uvre. Il s?agit d?une véritable épidémie touchant toutes les catégories de médecins, et même les plus compétents de nos cadres. Les universités algériennes sont-elles devenues les pourvoyeuses d?un 2e collège à l?étranger ? L?Algérie a souffert et souffre encore pour assurer une formation de qualité à ses citoyens et ne peut s?offrir le luxe en cette période de grand besoin en cadres de les laisser fuir le pays. Nous, enseignants, connaissant le prix et les endurances de cette formation, sommes conscients à plus d?un titre de ce mortel danger. Cette regrettable hémorragie est une véritable catastrophe pour le développement du pays et doit être, comme l?a souligné à maintes reprises et à juste titre son excellence le président de la République, une préoccupation majeure de l?Algérie d?aujourd?hui sur laquelle une profonde réflexion doit être entamée. Pourquoi sont-ils partis ? Si la qualité de vie, les conditions de travail, les difficultés sociales peuvent expliquer en partie ces départs, d?autres causes plus profondes sont à mettre en relief. Leur point commun : la frustration ! La disparition de l?échelle des valeurs, l?atteinte à la noblesse de la profession, les nombreuses difficultés quotidiennes dans l?accomplissement de notre mission, l?amateurisme, l?abus de pouvoir, le favoritisme, l?absence de climat propice à la recherche, le blocage dans la progression de nos jeunes, la marginalisation des compétences, le comportement négatif d?une minorité et le départ massif des enseignants vers le privé en sont les réels motifs. Les solutions doivent passer par une véritable refonte. La médecine a besoin de sang nouveau ! Modernisons la gestion de nos universités en l?ouvrant au monde. Libérons les énergies de ces jeunes pour les trouver fiers de leur pays ! Facilitons la vie à nos cadres ! Donnons leurs toutes les chances ! Considérons les à leur juste valeur ! Formons et déterminons notre élite. La nouvelle dynamique récemment installée est un espoir certain de renouveau. La décision du président de la République de supprimer les bourses pour nos meilleurs bacheliers doit nous donner à réfléchir sur l?envoi tous azimut de médecins se former à l?étranger en raison très souvent d?un départ sans retour et pour une dérisoire formation. L?Algérie exporte en quelque sorte son propre boursier ! De l?autodestruction ! Une évaluation objective nous fera frémir sur ce qu?a coûté le nombre impressionnant de boursiers algériens restés à l?étranger. Une part de solution existe : il faut favoriser et développer la « coopération formative de haut niveau », elle garantit le maintien du médecin en Algérie et lui assure un accès facile au malade et une formation de qualité. Le retour définitif est incertain et sûrement impossible pour la majorité. Il faut par conséquent encourager et mettre sur pied en Algérie une participation active et formative de nos meilleures compétences à l?étranger. Enfin, il faut réorganiser la programmation de stages à l?étranger qui ne doivent être attribués qu?exceptionnellement avec des garanties sûres et draconiennes d?un retour au pays. En cette période de positive mutation, il est très urgent que chacun d?entre nous réfléchisse sur ce problème très profond, car il faut trouver une solution définitive à ce mal qui ronge inéluctablement notre cher pays. Par le professeur D. Nibouche



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