Algérie

La communication fait aussi défaut à nos musées Le facteur socioculturel n'explique pas tout


La communication fait aussi défaut à nos musées                                    Le facteur socioculturel n'explique pas tout
De notre correspondant à Bejaïa
Kamel Amghar

Les droits de visite au musée sont symboliques en Algérie. On peut même parler carrément d'entrée libre. Pourtant, la fréquentation de ces établissements a toujours été timide. Rares sont les gens qui se décident à y faire un tour pour casser la routine. Même en période de vacances, les visiteurs ne se bousculent pas au portillon. Pour prendre l'exemple de Béjaïa, les deux musées de la ville ne reçoivent, en général, que des délégations étrangères de passage dans la région ou des sorties pédagogiques d'étudiants et de lycéens. Il est vrai que parmi les vacanciers il se trouve chaque année des passionnés, notamment des émigrés et des artistes, qui s'y rendent en famille ou avec des amis à la découverte de trésors archéologiques et artistiques de cette partie du pays. Mais leur nombre reste cependant limité. Sans donner de chiffres précis, le conservateur du musée archéologique de Bordj Moussa et son collègue du musée géologique de Sidi Ouali reconnaissent cette lacune. Nos interlocuteurs attribuent ce manque d'intérêt à des facteurs culturels et sociologiques. On va au musée pour découvrir, s'instruire et apprendre. Il s'agit d'un acte éminemment culturel. Au sein de la famille algérienne, peu d'importance est accordée à la culture. On incite les enfants à faire des études poussées dans la perspective d'une future insertion sociale, mais on ne fait rien pour élargir leur horizon intellectuel. C'est une erreur monumentale ! Il faut aussi souligner, à ce propos, le poids des préjugés éculés présentant l'artiste ou l'homme de culture comme un être tourmenté et marginal. On ne pense plus comme çà de nos jours, mais les idées reçues ont la peau dure comme on dit. Elles influent sur les comportements d'une manière insidieuse qui échappe à tout le monde. Il convient, toutefois, de souligner que les institutions muséales ne font quasiment rien pour corriger cette mauvaise tendance. Même dans les pays où la culture est valorisée, avant d'aller au musée, les visiteurs ont déjà une idée sur les différentes expositions disponibles. Des catalogues, des sites Internet, des reportages dans les médias et des articles de presse participent d'une promotion permanente qui pousse les visiteurs potentiels à sortir de leur tour d'ivoire. Nos conservateurs ne font rien de tel. Ce déficit de communication, sportivement admis par nos interlocuteurs, est justifié, de manière vague et évasive, par des insuffisances budgétaires. Cette échappatoire ne convainc personne. Çà ne coute rien d'initier des expositions en collaboration avec les écoles, les instituts de formation, les universités et, pourquoi pas ' les usines et les zones industrielles. Cela s'appelle le marketing. Il faut créer le besoin et asseoir cette culture muséale pour en bénéficier ensuite. Les deux musées de Béjaïa recèlent des trésors que peu de gens connaissent. Il suffit de dévoiler tout çà aux Béjaouis pour qu'ils puissent le «recommander» à leurs hôtes durant la saison estivale. Ces derniers transmettront à leur tour. Et oui, il y a du pain sur la planche pour nos musées !


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