Algérie

La communication, ce grand malade


Les Algériens découvrent d?un seul coup combien l?Exécutif est malade à travers l?hospitalisation du président de la République et l?intervention chirurgicale du ministre de l?Intérieur tenue au secret durant plusieurs semaines, au point de susciter les rumeurs les plus morbides. La gestion de l?information autour de la santé de ces deux personnalités hautement publiques, qui a été malheureusement mal menée dans le premier cas et presque totalement absente dans le second, a eu pour résultat d?entretenir le doute au sein de l?opinion publique. La publication du bulletin de santé, après dix jours d?admission du chef de l?Etat à l?hôpital du Val-de-Grâce à Paris, faisant état d?une intervention chirurgicale pour un « ulcère hémorragique de l?estomac », a laissé les Algériens perplexes. En effet, on ne peut s?empêcher de se demander pourquoi avoir attendu aussi longtemps pour rendre publique une pathologie qui, somme toute, n?est pas, à la lecture du bulletin de santé signé par le Pr Messaoud Zitouni, aussi grave que pouvait le laisser supposer un silence gêné et embarrassé des services de la présidence de la République, depuis la publication du fameux communiqué du 26 novembre dernier par l?agence APS. Cette absence de communication, plus que l?absence des concernés des affaires de l?Etat et du ministère de l?Intérieur, a été à l?origine, disons-le tout net, des spéculations, des inquiétudes. Et que la publication tardive du bulletin médical de Abdelaziz Bouteflika ou encore les propos qui se voulaient sereins du ministre délégué sur l?état de santé de son ministre de l?Intérieur Yazid Zerhouni ne suffiront sans doute pas à rassurer en quelque sorte l?opinion publique algérienne qui voit souvent, par le biais de l?antenne parabolique bien sûr, ce qui se passe ailleurs, notamment en France, quand il s?agit de la santé des dirigeants politiques. Et surtout la promptitude avec laquelle les services de l?Etat rendent compte de manière périodique de l?évolution de l?état de santé de leurs personnalités quand elles sont hospitalisées. Mais chez nous, encore une fois, on ne semble pas vouloir tirer les enseignements des cas similaires qui ont eu lieu par le passé. On cultive toujours le secret autour de tout ce qui touche à nos dirigeants jusqu?au premier magistrat du pays, comme si nous étions encore sous le « règne » du parti unique qui s?inspirait des méthodes staliniennes de gestion des affaires de l?Etat et de leurs « à-côtés ». Faut-il alors dans ces conditions en vouloir à nos concitoyens pour leur incrédulité ? Une réaction qui ne serait en fait que la conséquence du déficit de communication dont ils souffrent parce que, quelque part, on estime jusqu?à présent à tort, qu?ils - les concitoyens - ne doivent savoir que ce qu?on veut bien leur transmettre. C?est dire combien cette relation de confiance qui devrait s?établir entre les Algériens et leurs dirigeants est « faussée » dès le départ. Une incompréhension qui pourrait, à terme, avoir des conséquences quand une opinion publique n?est pas informée et préparée à des situations tout aussi diverses, mais qui n?ont pas une importance sur le quotidien de la santé de leurs dirigeants, les questions économiques ou encore le retour au « week-end » universel et bien d?autres choses. Et dire qu?un best-seller de l?après-guerre mondiale portait le titre Ces Malades qui nous gouvernent, la question est on ne peut plus d?actualité, ici et en ce moment.
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