Algérie

La chronique financière



La « trinité impossible » serait-elle devenue possible ? "L?impossible trinité" est un principe cher aux économistes qui signifie qu?il n?est pas possible de poursuivre dans un pays donné à la fois des objectifs de stabilité du taux de change et de l?inflation tout en poursuivant la liberté des mouvements de capitaux. Les crises qu?ont connu les pays du Sud - Est asiatique particulièrement dans les années 1990 sont pleines d?enseignement sur ce plan et constituent certainement pour les autres pays des expériences à ne pas reproduire en matière de politique et de régime de changes, surtout lorsque le système bancaire est fragile. Dans notre contexte macroéconomique sain et transparent bien servi par une embellie financière qui fait beaucoup d?envieux, la gestion de l?économie devient ces derniers temps chose facile pour les prédateurs à l?affût de tout ce qui peut aiguiser l?appétit. Il suffit de tendre l?oreille pour s?entendre dire "y a qu?à...." et avec cette formule magique tous les problèmes du pays seront aplanis. Dans cette course effrénée aux meilleures recettes pour dépenser l?épargne de la nation là où il ne faut pas, certains parmi nos théoriciens de circonstances suggèrent tout bonnement l?ouverture du compte capital de la balance des paiements pour, disent-ils donner un signal fort, très fort même au reste du monde afin qu?il soit convaincu de notre bonne foi de vouloir réellement instaurer l?économie de marché. Les autres l?ont fait pourquoi pas nous. Après tout, la libéralisation du commerce extérieur a été bénéfique pour le pays. Le citoyen a retrouvé sa dignité et le pays son éclat comme si la dignité se mesure par le "made in" et l?éclat par l?ouverture des bazars. La convertibilité du compte courant de la balance de paiement qui ne porte que sur les transactions courantes c?est à dire les exportations et les importations de biens et services, transferts courants, revenus du travail et des investissements sans restrictions du contrôle des changes ne suffit plus. C?est un acquis et de ce point de vue, il convient de passer à autre chose de plus consistant. Il faut la convertibilité du compte de capital : la libéralisation des mouvements de capitaux dans les deux sens aussi bien en flux d?entrée (ils oublient que les capitaux à l?entrée sont monnaie courante chez nous depuis longtemps) qu?en flux de sortie, en d?autres termes, autoriser toutes les transactions avec l?extérieur sans justification pour permettre à tous ceux qui aspirent à une vie meilleur ailleurs qu?ici de disposer librement et sans limite de leur fortune là ou ils pensent qu?elle sera mieux et utilement dépensée. Poursuivant leur quête du bonheur que ce pays devenu "riche" doit leur assurer, il faudrait que le démantèlement du contrôle des changes s?accompagne d?une garantie de change pour éviter toute perte, donc modifier le régime actuel de change (flottement dirigé) et adopter un taux de change fixe. Il est important voir primordial ajoutent ils de maintenir des taux d?intérêt bas pour qu?ils puissent emprunter afin d?investir un peu sur le sol de leur chère patrie du moment que les retours sur investissement (très court) corrélés aux taux de rentabilité (très élevé) sont très alléchants. Et voilà, notre impossible trinité devenue possible par la grâce de ces bons prêcheurs. Résumons : libéralisation des mouvements de capitaux, taux de change fixe, stabilité des prix donc pas d?inflation ou très peu et taux d?intérêt bas. Qu?est-ce qui reste à leur offrir pour mieux les servir ? Rien, ils vous disent si vous faites ça , vous aurez démontré toujours au reste du monde, votre attachement sans faille à une bonne politique économique. Et les crises et les chocs ? Il suffit simplement d?actionner les verrous. La gestion de l?économie s?est banalisée chez nous au point ou toute action, toute décision, toute politique devient critiquable quant elle n?est pas détournée à d?autres fins. La fermeture relative du compte de capital n?a pas empêché certains de trouver des artifices pour le contourner à travers le phénomène de sur facturation des marchandises importées qui permet d?opérer le transfert de sommes importantes ailleurs. Sur ce plan, les méthodes utilisées pour faire sortir les capitaux du pays sont de plus en plus élaborées. Maintenant que l?étau se resserre et en attendant que le système qui se met en place (douane, banque ..) puisse fonctionner de manière intégrée, on remarque un changement de comportement et la cible devient le système bancaire parce que c?est par là que transitent tous les capitaux.., ce n?est pas par hasard que presque toutes les affaires et les scandales financiers ont pour dénominateur commun la sortie des capitaux vers l?étranger.



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