Algérie

La Bourse locale, une protection contre la tempête financière



Complètement déconnectée de la sphère financière mondiale, la Bourse d’Alger, qui, faut-il le rappeler existe depuis plus d’une dizaine d’années, n’a absolument aucune raison de manifester la moindre inquiétude de la série d’effondrement et autres tumultes spectaculaires que connaît actuellement la majorité des places boursières de la planète. Normal, qu’aucune inquiétude n’est susceptible d’être signalée car le niveau de sous-activité économique du pays est fidèlement traduit par l’état passif de notre Bourse des valeurs, qui, en ce sens, remplit pleinement sa mission de baromètre. Coupée du monde, son isolement structurel la maintient à l’abri des caprices boursiers extérieurs. Évoluant avec un nombre insignifiant de titres (moins d’une dizaine) et traitant un des plus maigres flux financiers, la Bourse d’Alger a au moins le mérite de faire office d’un miroir honnête qui reflète parfaitement la déliquescence de la sphère économique nationale et l’absence flagrante d’investissements productifs. À ce titre, son rôle de baromètre, elle le réussit convenablement. Son isolement par contre s’explique par ailleurs par l’inconvertibilité totale de la monnaie nationale, qui en l’état actuel du faible niveau des exportations hors hydrocarbures, est loin de prétendre au statut de devise. Aussi d’un point de vue strictement boursier, l’Algérie économique est super-protégée par son retard en termes de développement. Sur un autre plan, la Bourse que l’on appelle communément marché secondaire ou marché de l’occasion, est par définition une alternative de financement qui permet pour toute société de capitaux de financer directement et à moindres frais et sans contraintes, ses investissements, en faisant appel à l’épargne publique. Toute entreprise qui ne veut pas solliciter d’emprunts bancaires donc sans intermédiaire, recourt par le biais de ce marché financier à l’épargne publique qu’elle mobilise à l’occasion des émissions de titres (actions ou obligations). C’est également un moyen de financement qui concurrence sérieusement les prêts bancaires classiques dans la mesure où les fonds sont mobilisables à long terme contrairement aux pratiques bancaires où les capitaux sont exigibles au remboursement à court et moyen terme. Rapportée à cette définition, on peut tout simplement considérer que l’Algérie dispose d’un marché financier manifestement incomplet car seul celui des émissions obligataires fonctionne. En effet, à l’image des titres de Sonelgaz ou de Saidal qui ont mobilisé un certain taux de souscriptions, il est aisé de conclure que l’opération a réussi à ce stade seulement, celui de l’émission. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’un détenteur de titres de Sonelgaz par exemple peut à tout moment avoir besoin de liquidités, et donc recourir à la revente de ces mêmes titres qu’il pourra écouler logiquement sur le marché secondaire, la Bourse, qui offre le meilleur marché par excellence. Et c’est justement là que tout le problème se pose. Le détenteur du titre Sonelgaz n’est pas sûr de trouver un acquéreur et il est encore moins sûr de dégager une plus-value de cette hypothétique revente. En définitive, l’essence même d’une Bourse, c’est justement cette certitude pour un détenteur de titre de pouvoir à tout moment le revendre et le rendre liquide, d’où l’autre appellation de la Bourse : “marché de l’occasion”. À la Bourse d’Alger, cette certitude n’existe pas et le titre entre vos mains n’est rien d’autre qu’un placement anodin. C’est dire que l’institution boursière algérienne est loin d’être elle-même cotée. Actuellement, sur les places boursières mondiales, c’est justement cette certitude de revente et d’assurance à la contrepartie qui a disparu pour laisser place au doute et à la méfiance. La confiance a déserté les lieux déséquilibrant totalement le libre jeu de la concurrence, de l’offre et de la demande où la panique a conduit les intervenants à procéder à des ventes massives dépassant toute prévision. Les offres notamment des actions émises par les banques d’affaires et les assurances engagées dans les crédits hypothécaires ont dépassé toute norme pour inonder le marché et provoquer l’effondrement spectaculaire des cours, voire des valeurs. Au niveau de la Bourse d’Alger de tels scénarios sont quasiment inimaginables pour la simple raison qu’il n’y a pratiquement ni offre ni demande.Abdelkrim Alem
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