Le nombre des
binationaux en Algérie est en nette augmentation. Les évènements qui ont secoué
le pays, les difficultés d'obtention des visas et l'instabilité politique du
pays, et forcément d'autres facteurs, ont accéléré ce mouvement.
Ils sont nombreux
à demander la nationalité du pays d'accueil (la France, le Canada, USA,
etc.). Ils sont des anciens ministres, des cadres, des anciens combattants, des
femmes, des enfants et personnes âgées. Toutes catégories confondues sont à la demande
d'obtention d'une autre nationalité. Certains binationaux exhibent leur statu,
qui est forcement avantageux à tout égard. En France, le chiffre disponible
actuellement, au niveau consulaire, indique qu'il y a (avec une estimation)
quatre millions de binationaux (franco-algérien)1 . Un
chiffre qui pourrait être doublé si tous les citoyens ayant le droit aux deux
nationalités le réclamaient. C'est un vrai tabou dans
notre société. Ce débat est mis sur la scène publique en France, pour des
raisons électorales, en Algérie ce sujet, qui renvoi à un échec politique,
reste un non-dit. Toutefois, la bi-nationalité est un
phénomène international, qui est une suite logique du fait de la
mondialisation. Nous ne sommes plus dans la logique nationaliste où l'appartenance
à une nation est un droit de sang, désormais l'appartenance à une nation se
fait à partir des valeurs partagées, communes, républicaines et démocratiques.
La mondialisation a accéléré le mouvement migratoire et le déplacement des
compétences à travers le monde. Cette circulation du capital humain a forcement
précipité le rapprochement des intérêts économiques, cependant, elle a brisé
les murs, qui séparent les humains. Néanmoins, ce phénomène nécessite de facto
une vigilance, car il pourrait être une source de nuisance, de lobbying et de
manipulation politique. D'où l'intérêt de s'y intéresser et non pas pour le
rejeter, une solution radicale et facile à prendre avec des conséquences
désastreuses, mais de mettre en place un accompagnement juridique, politique et
éducatif approprié.
Certains États
l'interdisent2 «la double nationalité» expressément et peuvent déchoir le
binational de la nationalité concernée. D'autres se contentent de ne pas
reconnaître la deuxième nationalité. Et d'autres l'autorisent pleinement et
simplement. Certains ne l'interdisent que pour l'exercice de certains mandats
politiques ou fonctions publiques. A vrai dire, la majorité des pays autorisant
la double nationalité, dont l'Algérie et la France, ne la reconnaissent pas, c'est-à-dire
qu'ils considèrent leurs citoyens comme possédant à un moment donné une seule
nationalité.
Comme, je l'ai
souligné plus haut, la décennie noire et les difficultés d'obtention de visa
ont fortement accéléré le mouvement. Cependant, ce phénomène ne date pas
d'aujourd'hui, car les binationaux, en particulier les franco-algériens, se
sont adaptés aux nouvelles données historiques, en l'occurrence les accords
d'Evian en 1962. Sans oublié la présence des algériens dans l'ensemble des pays
européens et en particulier en France depuis la première guerre mondiale. Ces
algériens, qui ont grandi dans l'espoir de rentrer au pays, voient leur
espérance s'éterniser, car l'instabilité du pays ne les encourage pas à y
retourner.
De plus, les
obstructions misent par les pays européens, à la circulation humaines entre les
deux rives, ont contribué à fortiori à opter pour la binationalité
pour une grande partie de la population qui vit entre les deux rives. De plus
l'instabilité politique, les restrictions des libertés individuelles et le
chômage font que certaines populations voudraient partir dans les pays où ces
éléments sont plus au moins assurés et surtout pour offrir à leurs enfants une
possibilité d'un avenir meilleur.
Certes, la binationalité est une richesse, qui offre un capital humain
considérable aux deux pays respectifs et qui fait circuler les idées, les
capitaux et le dialogue entre les différentes civilisations. Cependant, il
pourrait poser des interrogations au niveau de l'accompagnement juridique aux
problèmes émergeants. Nous sommes devant un fait, que personne ne peut nier, il
ne s'agit ni de nationalisme, ni de chauvinisme, mais il s'agit d'un phénomène
qui s'adapte à une réalité «socio-administrative »
imposée par les deux rives.
1. Cf. l'entretien
accordé par Séverine Labat au quotidien d'Oran.
2.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Double_nationalité
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Posté Le : 23/06/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Yazid HADDAR
Source : www.lequotidien-oran.com