Algérie

L'urgence de quelques décisions politiques qu'appelle l'état du pays


L'Etat réduit à son chef et celui-ci n'ayant rien d'autre à offrir, le pays ainsi désarmé est livré à lui-même et aux lendemains sans doute incertains que tout annonce. Le chef de l'Etat le pressent et le dit sans ambiguïtés dans une récente intervention sur la « crise de la jeunesse qui met en jeu l'avenir de la nation». « Les 2.400 harraga recensés et les kamikazes d'Alger, de Batna, de Lakharia et de Dellys pourraient devenir bien plus nombreux, déclare-t-il, si l'on n'y prend sérieusement garde » (1). La lucidité bienvenue du constat appelait au moins quelques décisions urgentes et d'abord politiques. Elles se devaient d'apporter des solutions pour une fois à la mesure de l'état du pays réel, tel qu'enfin entraperçu. Les décisions attendues se résument cependant à un plaidoyer pour l'action menée au sommet du pouvoir. Il commence par le rappel des « efforts de l'Etat», 'faveurs', jamais suffisamment appréciés par leurs bénéficiaires. Ainsi en est-il des « près de 150 milliards de dinars consacrés au seul secteur de la jeunesse et des sports » pour « la réalisation de milliers d'infrastructures sportives et culturelles et l'insertion socioprofessionnelle de la jeunesse » (2). Rappel suivi de l'évocation traditionnelle, déconnectée de toute réalité vérifiable, des « succès » obtenus. Ceux de « la vaste entreprise de redressement menée depuis quelques années » vont de « la Concorde civile à la réconciliation nationale, des réformes des systèmes éducatif et juridique en passant par la relance de la croissance, le reflux du chômage et le retour indéniable à la paix ». En concédant que « les politiques nationales », décidées par on ne sait qui, « n'ont pas toujours été à la hauteur des attentes de nos jeunes », le Président peut en venir à l'essentiel : situer les responsabilités dans la situation d'aujourd'hui. Il observe que ce sont « l'Etat et les collectivités locales [qui] sont interpellés sur leur politique de la jeunesse ». Il appartient donc « au gouvernement et aux walis » de revoir « leurs méthodes et leurs approches de ce nouvel acteur social » que sont les jeunes ! Ces derniers aussi sont largement responsables de leur état, pour avoir ignoré « les valeurs de Novembre » et celles « fondamentales de la société », si manifestes, comme chacun sait, dans les milieux qui n'ont cessé de conduire les affaires politiques, économiques, commerciales et financières de l'Algérie (3). Ainsi, décidant sans appel de l'essentiel et de l'accessoire, en lieu et place de tout le monde, « institutions » comprises, le chef de l'Etat, après bientôt neuf ans au pouvoir, rejette sur ses subordonnés et sur la jeunesse elle-même, dont pour la plupart l'avenir est pour longtemps plombé, la responsabilité de la situation de celle-ci, de celle du pays et de ses populations. Un certain nombre de mesures destinées à prendre en charge les causes de la harga et du phénomène « kamikaze » sont cependant immédiatement prises. L'analyse à laquelle il a été vite procédé aurait montré que le « manque de patriotisme et de sens civique » d'une jeunesse indifférente à l'exemple édifiant de ses aînés serait à la source de ces dérives. La conclusion est aussitôt traduite en actes. Une circulaire ministérielle se propose « d'inculquer aux générations montantes le sens civique, l'amour de la patrie et le respect de ses symboles » si manifestement répandus par ailleurs. L'hymne national devra donc être l'objet d'une cérémonie organisée le matin et l'après-midi dans les écoles et un drapeau mis à la disposition de chaque classe (4). Le moment venu, il est entendu qu'il faudra s'occuper sérieusement du chômage et de la pauvreté de masse, des inégalités sociales criantes et croissantes, du développement économique indispensable, du pillage largement impuni, massif et régulier des banques publiques comme des fonds de développement de l'agriculture et du reste, de la qualité de l'enseignement et des formations donnés, de la maîtrise indispensable de n'importe quelle langue humaine etc., etc. En attendant, il importe surtout d'empêcher l'insupportable humiliation de la fuite, même au prix de leur vie, de jeunes harraga, garçons et filles, quitte à ordonner « une course-poursuite et des tirs de sommation des gardes-côtes pour les contraindre à couper leurs moteurs » et les traduire devant les tribunaux. Dans le cas des 45 jeunes gens d'un des ports de l'Ouest, les « récidivistes » ont été condamnés à de la prison ferme et les « primo-délinquants » ont bénéficié du sursis (5). La justice doit redevenir la même pour tous dans la lutte contre la corruption. Nécessité de faire d'un CNES largement autonome, au plus vite un véritable lieu de débats contradictoires et de propositions en matière de politiques de développement, de doter les commissions permanentes des finances de l'APN et du Conseil de la nation et la Cour des comptes de prérogatives d'information et de contrôle a posteriori sur les ressources financières du pays et de l'usage qui en est fait. En attendant un regain du sentiment civique et patriotique au sein de la jeunesse, les décisions politiques officielles comme celles de la « coalition au pouvoir » se résument pour l'heure à l'organisation des élections locales et au projet d'un remaniement du gouvernement. Les « bras de fer » hebdomadaires entre le FLN et le RND en soulignent le caractère dérisoire. Le moins qui puisse en être dit est que les milieux concernés sont loin d'avoir « pris sérieusement garde » aux craintes présidentielles de voir s'accroître le nombre des harraga et des kamikazes. La vingtaine de Fronts, Rassemblements, Mouvements et Partis agréés n'y ont pas grand-chose à redire. Le parti des travailleurs note toutefois que les élections locales se déroulent « dans un contexte international difficile marqué par une mondialisation effrénée », mais il veut néanmoins « rééditer l'exploit des législatives » afin de donner « la priorité au développement local et économique ! » (6). Le message le plus clair, s'il en est un, est qu'il n'y a pour le moment pas l'ombre d'une alternative politique crédible, d'un projet ou d'une idée motrice et par conséquent de courants politiques, fussent-ils très modestes mais cohérents et structurés. Le pouvoir n'a donc rien d'autre à craindre que le vide institutionnel et politique qu'il a créé et qu'il veille dangereusement à maintenir. De sorte qu'il a les mains libres pour s'occuper seul, comme de coutume, de l'essentiel, la préparation de la prochaine présidentielle. Ainsi qu'il le fait depuis 2 ou 3 ans, le chef du gouvernement relance une fois de plus le serpent de mer d'une révision constitutionnelle. Le but d'une telle révision n'est certes pas de doter de quelques prérogatives le Parlement, la Cour des comptes ou l'une ou l'autre des institutions de l'Etat. Il est seulement de préparer l'opinion à un 3ème mandat. « En évoquant ce point du bout des lèvres », le Président « laisse planer le doute » mais assure qu'il importe « que le peuple puisse choisir librement son Président» (7). L'idée de la révision nourrit à la fois l'incertitude et les non-dits. L'incertitude porte sur la possibilité d'un nouveau mandat mais aussi celle d'une nouvelle candidature. Quoi qu'il se dise, il est en effet clair que la succession est ouverte. Il n'est nul besoin d'appartenir à un cercle d'initiés pour le constater. Les non-dits concernent l'état de santé du Président. Les partisans d'un nouveau mandat font remarquer que rien ne s'y oppose dès lors que le chef de l'Etat se rétablit. Ceux qui pensent à une autre candidature, comme celle de A. Benflis en 2004, estiment que son état ne le lui permet pas (8). Les deux s'accordent pour occulter la Constitution en réduisant la question à celle de l'état de santé du Président. Le tout détourne l'attention du fait que dans 16 mois aura lieu la reconduction du Président en exercice ou la désignation pour au moins une dizaine d'années du futur chef de l'Etat. La première décision qu'impose l'état du pays est par conséquent de lever l'hypothèque d'un 3ème mandat en confirmant, sans ambiguïté, que la Constitution limite à deux leur nombre. Il importe aussi de rappeler qu'en ce qui concerne l'état de santé de la personne du chef de l'Etat, il n'est d'autre souhait possible que celui de le voir recouvrer au plus tôt la plénitude de ses moyens et au terme de sa mission et de ses deux mandats, vivre longtemps auprès des siens « le reste d'âge ». Le débat à ce sujet ne peut être d'ordre juridique. Il ne mènerait à rien. Il se trouvera des voix autorisées pour soutenir qu'il est normal de changer à son avantage les règles du jeu, au cours de la partie.Dans ce cas, un Président élu dans le cadre d'une Constitution qui fixe le nombre limite des mandats successifs peut, au cours du dernier, non seulement abroger une telle disposition, ce qui relève de ses prérogatives, mais aussi en bénéficier aussitôt. Les choses étant ce qu'elles sont, ce débat n'a pas de sens. Si le pouvoir le veut, qui pourrait l'en dissuader ? Il n'est toutefois pas sans intérêt d'observer trois attitudes notables face à cette question. Depuis 1951, le 22ème Amendement de la Constitution des Etats-Unis limite à deux les mandats de 4 ans du Président. Il n'est encore venu à l'idée de personne de songer à modifier la Constitution ou d'essayer de se représenter même 20 ans après. En Russie aussi la Constitution ne permet pas plus de 2 mandats successifs de 4 ans. Le Président Poutine se refuse à la modifier pour lui permettre de se maintenir au prochain scrutin. Diverses hypothèses sont étudiées pour qu'il lui puisse servir le pays dans une autre fonction et dans le respect de la loi fondamentale - quitte à l'amender à l'avenir. En République du Tchad, la Constitution limitait aussi à 2 les mandats présidentiels de 5 ans. En 2005, le Président Idris Déby, par voie de référendum, abroge cette disposition permettant ainsi « au peuple souverain de choisir librement son Président ». Dans la mesure où la raison peut et doit l'emporter, les 16 prochains mois doivent être consacrés à créer les conditions permettant de dégager, sur la base de projets soumis au débat, deux ou trois candidatures à la présidence de la République, pas un candidat et quelques autres réduits au rôle de figurants.. La seconde décision politique majeure qu'appelle l'état du pays et de sa jeunesse se résume à un objectif. Il s'agit, au cours des mois à venir, de mettre en oeuvre quelques-unes des mesures qu'appellent les attentes des Algériens. Elles n'ont qu'un objet qui paraîtra naïf aux yeux des stratèges qui ont mené l'Algérie là où elle est. Il consiste à déverrouiller au plus tôt, et sans casse, un système de pouvoir qui se condamne en condamnant le pays au statu quo et les Algériens au sauve-qui-peut. Ici, ou, encore mieux, ailleurs. Cela passe par la volonté d'associer de manière un peu plus crédible les populations à l'information, peut-être même, à travers des élus non désignés, à la conduite des affaires qui les concernent. Au moins sur le plan local, 45 ans après l'indépendance. Ainsi, il n'est pas trop tard pour renvoyer à l'an prochain l'inutile corvée du scrutin local des prochains jours, ignoré par la grande majorité et dans une certaine mesure par les tutelles qui en ont la charge. Les raisons sérieuses d'une telle mesure ne manquent pas. Elles se résument pour l'Etat à se donner les moyens de donner un sens à des élections locales qui doivent enfin en avoir un. Renvoyées à l'automne prochain, elles permettraient à l'autorité de tutelle et à la direction du FLN notamment, conscientes l'une et l'autre, de la nécessité de doter l'APC et l'APW du minimum de prérogatives, d'autonomie à l'égard de tutelles multiples, de ressources financières, de modalités de scrutin plus ouvertes et de gestion plus rigoureuse, de responsabilisation plus grande à l'égard des électeurs, le mode de scrutin, le nombre dérisoire des élus, le mode d'élection du président de l'APC et de l'APW, un statut pour les grandes villes et pour la capitale etc., etc., c'est-à-dire tout ce dont l'absence fait de ces institutions les coquilles vides ignorées de tous et de chacun, si ce n'est pour la fiche familiale. Il est aussi indispensable d'abroger en droit les dispositions anciennes ou arrêtées il y a quelques semaines par le ministère de l'Intérieur, relatives aux activités des partis politiques, à l'organisation des élections, au mode de scrutin, à la liberté des candidatures, au découpage des circonscriptions électorales et d'une façon plus générale de tout ce qui concourt à faire d'un scrutin populaire l'affaire de la population aussi et pas seulement de la daïra, du wali, du ministère de tutelle et des services de sécurité. Elles ne sont déjà plus appliquées aux 4/5èmes des formations qui mènent campagne aux présentes élections locales et qui ne remplissent pas les conditions prévues. Il en est de même de la justice qui doit redevenir la même pour tous dans la lutte contre la corruption, de la nécessité de faire d'un CNES largement autonome, au plus vite un véritable lieu de débats contradictoires et de propositions en matière de politiques de développement, de doter les commissions permanentes des finances de l'APN et du Conseil de la nation et la Cour des comptes de prérogatives d'information et de contrôle a posteriori sur les ressources financières du pays et de l'usage qui en est fait. D'autres mesures simples qui, de la même manière, sans rien bouleverser, desserreront l'étau qui étouffe le pays, son économie et la société. Mais la vraie question est de savoir qui peut faire l'indispensable et l'urgent ? Nous tâcherons si possible d'y revenir. L'Etat, se heurte à un obstacle majeur : après cette mésaventure, ce dernier a pris la présidence du FLN avec les pleins pouvoirs sur le fonctionnement du parti : toute décision requiert son accord. La question est désormais de savoir si une telle opération est crédible hors ou avec une autre formation de la « coalition au pouvoir ». Ce ne sera pas facile cette fois. D'où les non-dits sur la santé du Président. Quoi qu'il en soit, les Algériens apprendront au moment opportun le nom de celui qu'ils auront à élire sans autre forme de consultation, d'explication ou de débat. Notes 1- Lors de la réunion Gouvernement - Walis du 20-10-07. Pour la petite histoire et le rapport avec la situation en Algérie, le mot Kamikaze utilisé aussi par le Président signifie : « Vent de Dieu » ou « Vent divin » en souvenir de Ise, Dieu du Vent, selon la mythologie shintoïste, qui par son souffle avait préservé le Japon, en Août 1281, d'une invasion de la flotte sino-mongole de Kublai-Khan. « L'opération Kamikaze » menée par ce qui restait des forces aéro-navales nippones, à partir d'Octobre 1943, au cours de la 2ème Guerre mondiale, causera des pertes non négligeables à la marine U.S. arrivant sur les côtes du Japon. Elle n'évitera pas sa reddition sans condition. Cf : B. Millot - « L'épopée Kamikaze », p. 140, Ed. J'ai lu - R. Laffont - 1970. 2- Près de 150 milliards de DA « depuis le début de la décennie », soit près de 1,7 milliard de dollars, soit la moitié du coût, évalué à 3,4 milliards de dollars, du nouveau Djamaâ El-Kbir d'Alger dont le contrat de la maîtrise d'ouvrage a été décroché par Dessau-Soprin, société canadienne - (calcul sur la base d'un taux moyen de 90 dinars pour 1 $ U.S. entre 2000 et Avril 2007). El-Watan - 05 Avril 2007. 3- Le discours déjà ancien d'auto-absolution des «responsables» politiques de la gestion des affaires du pays et de sa mise à sac depuis le milieu des années 70 va de pair avec la culpabilisation « éthique » et « patriotique », délibérée et peu commune, d'une jeunesse dont pour la plupart l'avenir est pour longtemps hypothéqué et de plus accusée d'avoir perdu, toute seule, tout « sentiment patriotique » et tous « repères identitaires et culturels». Citations des quotidiens Liberté, Le Q. d'Oran, Le Soir d'Algérie du 24-10-07 et El-Watan du 24-10-07 El-W. du -03-11. 4- Le Q. d'Oran : 10-11-07. 5- Le Q. 10 et 19-11-07. 6- Le Soir 10 et 08-11-07. 7- Liberté - Le Soir d'Algérie : 14-11-07. 8- Après avoir été le directeur de la campagne électorale du candidat Bouteflika en 1999 et, celui-ci porté à la tête de l'Etat, son chef de gouvernement pendant 4 ans, Ali Benflis, à un an de la fin du mandat présidentiel, déclare soudain être l'alternative à la personne et à la politique du Président. S.G. du FLN à l'issue de son VIIIème congrès, il en est le candidat déclaré à la présidentielle de 2004. La riposte fut rapide et décisive de la part d'un Président en pleine possession de ses moyens et n'ignorant rien des hommes clés et du fonctionnement d'un système dont il fut très jeune et dès avant l'indépendance l'un des artisans. La justice eut à invalider, en octobre 2003, en séance de nuit, le 8ème congrès du parti du Front. Ce congrès fut à l'image, ni plus ni moins, de tous les congrès du FLN depuis les années 60. Les seuls moments d'intense attention et de silence profond sont ceux où sont enfin annoncés, après de longues nuits de spéculations, les noms du S.G. et, aussitôt après son « élection » à mains levées, ceux des membres du Comité central. Jamais rien d'important ne se décide au cours de ces assises (et surtout pas « l'élection » du S.G.) qui n'ait été arrêté bien avant et ailleurs, même si la liste des membres du C.C. peut y subir des modifications à la marge. « L'élection » de Ali Benflis ne fut ni plus ni moins légitime ou « démocratique » que celle de tous les S.G. (et « Coordonnateurs de l'Appareil ») du FLN depuis 1965. C'est là où est le pouvoir que cela se joue et se décide. La difficulté d'une nouvelle opération Benflis de mise à l'écart du chef de l'Etat, se heurte à un obstacle majeur : après cette mésaventure, ce dernier a pris la présidence du FLN avec les pleins pouvoirs sur le fonctionnement du parti : toute décision requiert son accord. La question est désormais de savoir si une telle opération est crédible hors ou avec une autre formation de la « coalition au pouvoir ». Ce ne sera pas facile cette fois. D'où les non-dits sur la santé du Président. Quoi qu'il en soit, les Algériens apprendront au moment opportun le nom de celui qu'ils auront à élire sans autre forme de consultation, d'explication ou de débat. 9- Cf. l'entretien accordé par le ministre délégué chargé des Collectivités locales au Quotidien — Liberté 15-03-07 ainsi qu'à son intervention récente lors d'une conférence au siège du FLN conclue par celle du SG du parti telles que rapportées par la presse. Liberté, El-Watan 01-09-07. Il n'est pas nécessaire de partager en tous points les analyses et les solutions préconisées pour en apprécier l'intérêt.



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