Algérie

L?UGTA entend contenir la colère du front social



Une trêve pour étouffer les contestations Même si elle a réussi à neutraliser les mots d?ordre de grève générale prévus pour hier et durant cette semaine, la trêve sociale décidée par le patron de l?UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, n?a pas pour autant mis fin à la contestation. Hier, le syndicat de l?Entreprise des minerais non ferreux (ENOF) a menacé de recourir à des actions de protestation si la décision de fermer quatre unités située à Sétif, Oum El Bouaghi, Tlemcen et Guelma est maintenue. Les syndicalistes ont affirmé que cette mesure risque d?avoir de graves conséquences pour les régions sus-citées, du fait que les unités concernées par la fermeture emploient 444 personnes. Pour sa part, le syndicat de Naftal, qui devait annoncer un mouvement de protestation, est revenu sur cette décision, lors d?une réunion tenue le 10 décembre, prétextant la trêve sociale. Les syndicalistes étaient nombreux à dénoncer l?utilisation des bouteilles de gaz Naftal par un opérateur privé, sans aucun respect des consignes de sécurité. « Fidèle à nos principes, nous utiliserons le dialogue et la concertation avec les pouvoirs publics pour garantir nos acquis. Dans le cas contraire, nous serons obligés de recourir à tous les moyens réglementaires et constitutionnels pour défendre les intérêts des travailleurs... », lit-on dans le communiqué rendu public à l?issue de la réunion. La grève générale, à laquelle a appelé la coordination nationale des entreprises, prévue pour hier, a connu le même sort. La décision avait été prise lors d?une assemblée générale, afin de dénoncer la séparation des activités portuaires et la privatisation de certaines d?entre elles. De son côté, la coordination des syndicats des entreprises portuaires (douanes, Cnan, ENTMV, dockers, Nashco), élargie aux secteurs des banques (BDL et BNA), a gelé le rassemblement de protestation qui devait avoir lieu hier devant la centrale syndicale, à Alger, afin de « dénoncer les agissements » du chargé de l?organique de cette organisation. Seule la grève du secteur de l?éducation reste maintenue pour le 16 décembre. Ainsi, le patron de l?UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, n?a pas trouvé meilleure parade que de jouer, comme à l?accoutumée, le rôle du pompier, en dépit de ses engagements à régler personnellement les problèmes posés par les travailleurs. Depuis la rentrée sociale, marquée par une série de mouvements de contestation, il ne fait que neutraliser les foyers de tension. Cette fois-ci, il a utilisé la maladie du Président pour exiger des syndicalistes d?enterrer la hache de guerre et d?attendre jusqu?à nouvel ordre, en précisant que des sanctions seront prises contre tout manquement à cette consigne. Le cas d?Ahmed Badaoui, secrétaire général du syndicat des douanes (SND), suspendu de ses fonctions pour avoir exercé son droit syndical, est à ce titre significatif. Sidi Saïd s?est engagé devant des membres du bureau national à prendre en charge ce dossier. Pourtant, deux semaines se sont écoulées et la situation d?Ahmed Badaoui ne fait que s?aggraver : des perquisitions dans son domicile, un interrogatoire de près de 8 heures au commissariat central puis une convocation devant le parquet qui s?est terminée en simulacre. Les policiers ont tout simplement demandé à M. Badaoui de revenir dans deux ou trois jours, pour être présenté au procureur. Depuis que le syndicaliste a commencé à réclamer publiquement la réforme de la gestion de l?UGTA, il est devenu l?ennemi à abattre, y compris au sein de l?administration douanière, où un mouvement de « redresseurs » se faisant appeler aussi « comité de soutien au programme du président de la République » a diffusé des communiqués, pour ne pas dire des tracts, exigeant le gel des activités syndicales et le départ de M. Badaoui. Lundi, c?est le hall de la centrale syndicale qui était envahi par les travailleurs de l?entreprise Eriad. Ces derniers n?ont pas perçu leur salaire depuis plusieurs mois, sans que les pouvoirs publics daignent leur donner une réponse. En colère, ils ont exigé des éclaircissements du premier responsable de l?UGTA. Même si les propos de certains responsables les ont quelque peu rassurés, ils étaient tous convaincus que seules des actions pouvaient aboutir à arracher leurs droits. Ainsi se présente la situation du front social, dont la contestation ne peut être étouffée par une simple décision de trêve sociale, prise unilatéralement par le responsable de l?UGTA.



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