Algérie

L'opposition dans tous ses états



L'opposition dans tous ses états
Après avoir échoué à imposer sa feuille de route, notamment la transition démocratique, l'opposition se dirige vers l'impasse.L'opposition, réunie pour la première fois dans l'histoire de l'Algérie indépendante dans deux organisations, à savoir la Coordination pour les libertés et la transition démocratique (Cltd) et le Pôle des forces du changement (PFC), semble condamnée à se disloquer. En effet, une année à peine après la mise en place de ses deux conglomérats politiques, des dissensions diverses ont commencé à les traverser. Composées de courants idéologiques divers, malgré le consensus qu'elles ont pu mettre en place sur les deux questions de la transition démocratique et des libertés individuelles, elles peinent à maintenir leurs rangs serrés si bien que, à chaque fois qu'un vent souffle sur la scène politique, il provoque une tempête en leur sein. C'est ainsi notamment avec l'introduction des langues maternelles dans le système éducatif, la loi sur la criminalisation de la violence à l'égard des femmes, la réforme de l'école, etc. Mais pas seulement. Les vagues d'instabilité qui ont traversé l'opposition ont même mené à des démissions.C'est le cas par exemple du Pôle des forces du changement, piloté par Ali Benflis, qui vient de perdre des plumes. Plus homogène idéologiquement que la Cltd dans la mesure où il regroupe des partis nationalistes et islamo-conservateurs, deux courants politiques voisins, ce pôle n'a cependant pas pu résister à l'épreuve des évolutions politiques du pays. En effet, après l'échec de l'opposition, tous segments confondus, à imposer son agenda et sa vision de la situation du pays, et face à l'avancée spectaculaire réalisée par le pouvoir dans la mise en place de sa politique, notamment avec la pro-mulgation d'une nouvelle Constitution et d'un nouveau Code électoral sans trop de difficultés, le maintien d'une coordination regroupant plusieurs partis politiques qui n'ont pas le même programme et qui n'ambitionnent pas de présenter des listes électorales communes devient vain d'autant plus que même les réunions de routine se raréfient. C'est ainsi que le Mouvement El Islah a annoncé, il y a quelques jours, son retrait du Pôle des forces du changement,en indiquant que cette décision «a été prise lors de la réunion du bureau national du mouvement et que le coordinateur du pôle, Ali Benflis, en a été informé officiellement». Même chose du côté de la Cltd qui, il y a quelques semaines, avait perdu un de ses membres fondateurs, Soufiane Djilali. Ce dernier, en claquant la porte de ce conglomérat politique, a reproché à ses membres d'être incapables de se fixer un cap. «Ces derniers mois, il était évident pour moi que nous avions atteint nos limites. On ne pouvait plus avancer plus loin. Cela ne dépend pas de la bonne foi des membres, mais de la nature même du groupe. Nos rencontres devenaient stériles et commençaient à perdre tout crédit aux yeux de l'opinion publique. Jil Jadid avait fait plusieurs propositions, mais, à chaque fois, elles étaient refusées: engagement pour décider collectivement de la participation ou non aux élections, éventuellement et en cas de participation aux élections d'établir des listes communes, à ne pas négocier en solo, à préparer un programme commun comme alternative, à ouvrir le dossier de la Constitution «idéale» pour l'opposition. Toutes ces propositions étaient refusées a priori au nom de la souveraineté des instances des partis politiques. J'ai clairement proposé, alors, qu'on réfléchisse à l'avenir de la Cltd, puisque nous ne pouvions aller vers une convergence d'avenir. Si nous devions seulement critiquer le pouvoir, cela faisait un peu court», a-t-il expliqué en effet.Ainsi, il est à noter que le consensus au sein de l'opposition, construit au prix de mille peines, n'a pas pu se propager dans le corps politique national face à la volonté ferme du pouvoir d'imposer son agenda et est, au rythme auquel évoluent les choses, appelé à s'effriter. Pour l'Histoire, la plate-forme de Mazafran restera, mais celle-ci ne sera qu'un document de plus à ajouter aux annales des échecs sans cesse recommencés de l'opposition. A. I.
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