Algérie

L’interaction des civilisations : la pluralité, la diversité et la différence




L’interaction des civilisations : la pluralité, la diversité et la différence Parallèlement, l’islam refuse que la diversité linguistique ou religieuse se transforme en fracture qui, en favorisant le chauvinisme nationaliste et l’extrémisme religieux, provoque le morcellement des affinités reliant les communautés linguistiques ou religieuses au sein de la même nation ou du même État. La nation est une unité qui regroupe en son sein une diversité de croyances, de races, de langues et de religions ; et c’est la prépondérance d’une vision modérée qui est capable de prémunir cette diversité linguistique et religieuse contre une unité écrasante.A travers son approche pluraliste, l’islam entend faire du monde dans lequel nous vivons un lieu où les cultures entretiennent cette diversité de langues, de legs culturels et de systèmes de pensées, puisqu’elles représentent le reflet du pouvoir divin illimité sur la création. L’islam dénonce aussi le «centrisme économique» qui consacre les organismes économiques internationaux au service des intérêts de la civilisation des plus forts, aux dépens de ceux des civilisations soumises. Dans ce type de centrisme, le commerce mondial se transforme en véritable invasion des industries et des commerces nationaux des États qui ont nouvellement acquis leur indépendance et dont les structures économiques sont marquées par la faiblesse ou la fragilité. C’est ce même centrisme qui fait que 20 % de la population d’une civilisation donnée s’accaparent ou consomment 80 % des richesses du monde contemporain, ce qui aboutit à la concentration des richesses dans une partie du monde et de la pauvreté dans l’autre. Tout le monde se trouve ainsi condamné à vivre étouffé par l’opulence et la satiété, ou par la pauvreté extrême ! Certes, l’islam ne renie pas les disparités existant entre les humains, dans la richesse, la possession de biens et de la fortune, mais aspire à ce que ces disparités soient gérées dans un esprit solidaire où le monde entier est traité comme un seul corps. Un corps dont les organes se caractérisent chacun par une capacité, une importance, une taille et des besoins qui lui sont propres, mais qui demeurent tous solidaires dans la garantie du seuil minimum vital pour chaque être humain. L’islam condamne également la «centralisation du pouvoir» dans l’État qui impose une et une seule opinion, orientation, position et interprétation, et oblige la nation à se plier aux contraintes du parti unique et de l’option unique et à l’emprise de l’autocratie. L’islam rejette ce genre de centralisation dans lequel il appréhende les germes d’un pouvoir pharaonien ressuscité. L’islam se garde, toutefois, d’autoriser une pluralité exagérée au point de semer l’émiettement, la rupture et l’éparpillement parmi les courants de la nation, ses classes, ses partis et ses écoles de pensée. Le but de l’islam étant la diversité des interprétations et des agencements ayant trait aux disciplines dérivées, aux développements, aux méthodes et aux mécanismes, aussi longtemps que sont épargnées les principes immuables de la nation, les valeurs de la société, les composantes de l’identité et la structure de son projet de civilisation. La voie de la modération prônée par l’islam, conciliant les aspects de droit et de justice contenus dans les deux termes de chaque dualité, transforme la pluralité en diversité dans le cadre de l’union, qui est tenue, à son tour, d’abriter et de préserver les particularités et la différence. Loin d’être une utopie idéaliste, à l’instar des spéculations de certains philosophes sur les «cités idéales» dont la concrétisation s’est avérée impossible depuis des lustres, l’islam est la religion qui arrive à conjuguer un «modèle» de référence à une «réalité» qui cherche en permanence à s’en rapprocher. L’islam est en effet conscient que la vie des nations, des peuples, des sociétés et des États est vouée, immanquablement, à connaître des contradictions où se mêlent les propensions au bien et au mal, le positif et le négatif, l’arrogance et l’impuissance, l’égoïsme et l’altruisme, etc.… Ainsi fût l’appel de l’islam pour la résolution des antagonismes entre les individus, les classes, les nations, les États et les civilisations au moyen de son approche distinguée dans le traitement de la pluralité. Il refuse la lutte comme issue pour le règlement des contradictions, car elle sous-tend l’anéantissement d’une partie par une autre, ce qui reviendrait à exclure la pluralité, puisque le vainqueur finit par s’approprier toute l’arène -après avoir maté son adversaire- et s’être accaparé toutes les potentialités. En outre, quand l’islam refuse la lutte, ce n’est pas pour sombrer dans la léthargie et la reddition qui conduisent à l’imitation des puissants par les faibles, la simulation des dominants par les soumis et l’aliénation des perdants aux vainqueurs. Ce qui aboutit, en définitive, à la disparition de la diversité et à l’épuisement de la pluralité. Au lieu de tout cela, l’islam substitue à la lutte dévastatrice et à l’inertie imitatrice, la notion de «compétition des civilisations» qui est une voie médiane entre la destruction occasionnée par la lutte et la mort due à la passivité et l’imitation. Les contradictions doivent être gérées dans le cadre d’un mouvement social, politique et culturel, qui n’est autre qu’une concurrence entre les individus, les classes, les partis, les nations, les États et les civilisations. Une compétition où l’enthousiasme ne monte pas au seuil de la lutte dans laquelle l’une des parties est anéantie, entraînant dans sa chute la pluralité des partenaires.   Par Dr Mohamed Imara Suite et fin





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