Algérie

L’interaction des civilisations : la pluralité, la diversité et la différence


L’interaction des civilisations : la pluralité, la diversité et la différence Chaque religion, philosophie ou système d’idée dispose de sa propre conception de l’univers, à travers laquelle se définit la position de l’homme dans l’existence et ses rapports avec les autres créatures. L’islam, à l’instar des autres religions révélées, considère qu’Allah -gloire à Lui- est la réalité absolue et nécessaire, et le Créateur de tous les êtres. Cette religion se distingue, toutefois, par sa conception de l’homme en tant que successeur de Dieu sur terre, dépositaire du devoir d’y établir sa civilisation, de manière à l’agrémenter et l’embellir, à ennoblir et élever la nature humaine et à lui apporter la joie, en équilibrant ses rapports avec les instincts, les dons et les créatures.La nature divine est perçue dans l’islam comme une vérité absolue, transcendante, qui ne saurait être comparée à aucune forme de créature. Dieu est, dans son infinie singularité, forcément dissemblable de tout ce que peut concevoir l’esprit humain. Concernant notre sujet (la pluralité, la diversité et la différence dans l’unité), la représentation de l’univers dans l’islam est la suivante : D’une part, le Créateur qui s’est attribué, et continuera de l’être éternellement, une unicité qui exclut toute forme de pluralité, de duplicité ou d’hétérogénéité. D’autre part, des êtres, créatures nées à l’existence sur le principe de la pluralité, la duplicité, la complexité, l’entraide, la servitude et la sujétion. La pluralité est le propre de tous les êtres, vivants ou inertes, humains, végétaux ou animaux, sublimes ou d’ici-bas. Il en est de même dans l’univers des idées, des philosophies, des doctrines et des tendances, ainsi que pour les couleurs, les espèces, les dialectes, les langues et les ethnies. Tous ces domaines sont ordonnés, du point de vue de l’islam, suivant la norme de la pluralité, la loi de la diversité et la règle de la différence. Loin d’être considérés uniquement comme l’expression d’un choix ou d’un droit humain, cette pluralité et cette diversité sont conçues comme la loi fondamentale de l’existence même des êtres, et un agencement sempiternel décrété par Allah sur toutes les créatures que nul ne peut transgresser, ni bouleverser. Et comme l’islam est la religion du juste milieu, il méconnaît les dualités antagoniques du genre : «le spirituel et le temporel», «la religion et l’État», «la vie d’ici-bas et l’au-delà», «l’individu et la collectivité», «la subjectivité et l’altérité» ou «la liberté et la responsabilité». A travers cette conception qui tend vers l’équilibre parfait, l’islam entend relier les aspects de droit et de justice que peuvent contenir les extrémités et les pôles de ces dualités, en vue de les combiner pour en sortir une position qui soit à la fois médiane, universelle, pondérée, distinguée et originale. Grâce à sa modération en toute chose, l’islam assume la pluralité à travers un procédé particulier, dans lequel et au moyen duquel il rejette l’excès de zèle et l’extrémisme de la défaillance. Quand l’islam reconnaît la pluralité dans toutes les formes de l’existence, il ne perçoit l’unicité et la singularité que chez la nature divine ; ce qui ne le conduit pas, non plus, à autoriser une pluralité tous azimuts au point de transformer les êtres et les aspects de l’existence en entités sporadiques, disséminées et divergentes. Il s’agit plutôt de diversité, de différence et de particularités qui s’expriment dans le cadre d’une unité globale, capable de les assimiler. Quelle que soit la nature du phénomène en question, l’unicité est en effet synonyme de pluralité, de diversité, de différence et de distinctions qu’il faudra assumer par le biais de liens unificateurs, dans une vision fédératrice capable d’harmoniser les nuances, de réunir les dissemblances et de tisser des rapports communs entre tous. Allah le Très-Haut, gloire à Lui, a créé toute l’humanité à partir d’une seule âme, puis a fait de chaque être humain une entité indépendante. Chaque individu, quoique particule minuscule, est en fait une représentation de l’univers dans toute sa grandeur. Au sein même de son unité, l’humanité, qui a pour valeurs communes l’origine de la création, la nature humaine, la dignité, les égards, les droits, les devoirs, la responsabilité et la rétribution, se distingue et se diversifie en peuples, tribus, nations et individus, en races, ethnies, dialectes, langues, peuplades, civilisations, croyances, religions, doctrines, philosophies et cultures. Nul place, au sein de la pluralité et de la diversité, pour l’extrémisme qui risque de rompre les liens de l’unité et de la précipiter sur la voie du racisme, de l’intransigeance et du rejet de l’autre. Il en est de même pour les éléments unificateurs qui, poussés à l’extrême, renient les facteurs de diversité, de différence et les particularités. C’est grâce à son approche pondérée et universelle, régissant sa vision du rapport entre l’unité et la pluralité, l’unicité et la diversité, la conformité et la différence, que l’islam exclue d’emblée l’égocentrisme excessif, dont l’ultime finalité est de tailler le monde en bloc monolithique et de couler l’humanité dans un moule figé, ignorant par la même le droit des autres à la différence et à la distinction. Le «théocentrisme», selon lequel le monde ne peut avoir qu’une religion unique, est rejeté par l’islam qui voit en la pluralité des doctrines religieuses l’expression d’une règle qu’Allah a imprimé aux communautés et que nul ne saurait changer, ni dévier. «A chacun de vous Nous avons assigné une législation et un plan à suivre. Si Allah avait voulu, certes Il aurait fait de vous tous une seule communauté. Mais il veut vous éprouver en ce qu’il vous donne. Concurrencez donc dans les bonnes oeuvres. C’est vers Allah qu’est votre retour à tous ; alors Il vous informera de ce en quoi vous divergiez» Al M’aida, verset 48. «Et si ton Seigneur avait voulu, Il aurait fait des gens une seule communauté. Or, ils ne cessent d’être en désaccord (entre eux), sauf ceux à qui ton Seigneur a accordé miséricorde. C’est pour cela qu’Il les a créés» Houd, versets 118 et 119.   Par Dr Mohamed Imara A suivre...


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