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L'incarnation du dialogue islamo-chrétien



L'incarnation du dialogue islamo-chrétien
Des citoyens oranais avaient organisé le jubilé d'or sacerdotal de Monseigneur Alphonse Georger, évêque émérite d'Oran, à la veille de la saison estivale en cours.En réalité, au crépuscule de ses 80 printemps, cet algérien d'origine française, natif de Sarreguemines (France) au mois de mai en 1936, n'avait plus abandonné l'Algérie depuis la veille de l'Indépendance.Son parcours dans son pays d'adoption est jalonné de merveilleux souvenirs. Vicaire à Bab El Oued (Alger), il avait étudié la langue arabe avec les s?urs libanaises (1965-1968) avant d'être nommé curé à Cherchell en 1968.Il a été Vicaire à la cathédrale du Sacré C?ur (Alger) en 1977, ensuite Curé à Aïn Taya en 1978.Très apprécié et estimé par le Cardinal Duval, Alphonse Georger avait été désigné en 1980 au poste de Directeur de la Maison Saint-Augustin d'Alger avant de devenir Curé de la Cathédrale d'Alger en 1981.En dépit d'un emploi du temps très chargé, de surcroît ses différents déplacements pour aller à la rencontre des familles, Monseigneur Tessier qui remplace Mgr Duval lui permet de retourner dans sa ville, Cherchell.On se souvient de cet ex-enseignant de la langue française durant les années 70' au CEM de Cherchell, quand il s'embarquait dans sa Citroën 2 CV de couleur bleue afin de porter secours aux familles victimes des séismes qui avaient ébranlé les zones des wilayas de Tipasa et de Chlef.Quand les hordes criminelles sont passées à l'action au début des année 90', en perpétrant des massacres, Alphonse Georger, croyant en sa foi en Dieu, et parmi ses nombreuses passions, notamment apporter du confort à l'être humain, ne s'empêchait pas de se déplacer dans des zones environnantes à risque de Cherchell, mais également accueillir quelques chrétiens qui ne voulaient pas quitter l'Algérie.D'ailleurs, à la suite de l'assassinat de Mgr Claverie, Evêque d'Oran en 1996, sa hiérarchie lui trouve les arguments qui avaient fait tilt chez le cherchellois afin qu'il regagne Oran.«Vous aimez l'Algérie, son Eglise, vous voulez y rester et vous n'avez pas peur. L'Eglise vous demande ce service», lui signifie le Nonce. Le Vatican annonce sa nomination, l'ordonne évêque à la cathédrale de Metz le 16 août 1998 et restera pasteur du diocèse d'Oran jusqu'au 25 janvier 2013.Il est remplacé à Oran par Mgr Jean-Paul Vesco. L'ex-évêque Georger Alphonse est humble dans ses gestes, dans ses paroles. A présent, sa vie d'ermite-évêque-retraité est remplie de tâches matérielles. Il s'occupe de l'entretien de sa maison (musée des antiquités, ndlr), de sa chapelle, de son jardin, de sa cuisine, de ses chats.En allant au marché, ses yeux demeurent fixés tout au long de son chemin jonché de trous. Il craint les chutes qui peuvent lui causer des ennuis de santé et l'immobiliser. Il arrive toujours à trouver les mots pour répondre aux passants qui l'abordent dans les rues ou dans le marché. Le dialogue islamo-chrétien est un espace qui lui permet de s'exprimer avec aisance. Il évoque naturellement d'autres thèmes relatifs aux traditions des différentes régions de l'Algérie, à la théologie, à l'Histoire, à l'archéologie, aux arts, enfin à la culture au pluriel, avec son charisme et une incroyable pédagogie pour transmettre le savoir.Alphonse Georger, Docteur en Droit canonique depuis 1977, diplôme obtenu à Strasbourg, avait souhaité poursuivre ses études en archéologie. Hélas. Il est l'auteur d'un livre déjà publié, intitulé Journal d'un séminariste 1960-1962. Son ?uvre à immortaliser ses sentiments et ses actions durant la guerre de Libération nationale au niveau de la partie est de la wilaya de Tipasa, alors qu'il effectuait son service militaire.Combien de fois nous a-t-il répété avec fierté et un immense bonheur : «Je suis le seul évêque-retraité au monde actuellement qui vit heureux dans une société totalement musulmane, dit-il, au sein d'une cité totalement musulmane et très accueillante, précise-t-il, grâce d'y être considéré comme un père, un frère, un ami, enchaîne-t-il, je ne suis ni aveugle, ni utopiste et je sais que dans la crise actuelle où on tue au nom de Dieu, au nom de la religion, l'avenir est incertain et peut réserver des surprises. Mais je sais que ma vie actuelle d'ermite est pétrie plus que jamais de ce dialogue vrai qu'on appelle ??dialogue islamo- chrétien''», conclut-il.


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