Algérie

L?impasse afghane


Présent au sommet de l?OTAN, à Bucarest, le président américain George Bush a exhorté ses partenaires européens à envoyer davantage de troupes en Afghanistan où il croit que la victoire est encore possible. Il semble avoir été entendu par la France dont le chef de l?Etat, Nicolas Sarkozy, n?exclut pas l?envoi de nouveaux effectifs pour renforcer le corps expéditionnaire déja sur place. Impulsée par la Maison-Blanche, cette stratégie de redéploiement militaire en Afghanistan intervient au moment où les taliban, donnés pour anéantis, paraissent reprendre l?initiative dans la guerre d?usure qu?ils livrent aux éléments sous la bannière de l?OTAN. Plus de 60 000 militaires étrangers opèrent en Afghanistan aux côtés de l?armée nationale afghane qui, plus de six ans après la chute du régime des taliban, est encore en formation et ne possède pas les capacités humaines et logistiques pour faire la décision seule. Ce sont donc les contingents étrangers qui ont la charge de l?action sur le terrain avec pour conséquence des pertes de plus en plus lourdes. La guérilla, de l?avis de nombreux observateurs, ne pourrait que pencher en faveur des taliban qui bénéficient des paramètres de la mobilité et du temps face à des armées rompues, elles, aux techniques académiques de la guerre à découvert. Sur cette base, les combats pourraient durer indéfiniment sans que le statu quo actuel n?évolue dans un sens ou un autre. C?est une situation qui pénalise les populations afghanes mises à mal par trente ans de conflits et une absence d?autre perspective que celle de la guerre. Le pays est sans ressources économiques et n?a pas reçu les aides promises, notamment par les Occidentaux après le renversement des taliban en novembre 2001. Les 10 milliards de dollars annoncés par George Bush ne sont jamais venus, le président américain ayant ouvert après l?invasion de l?Afghanistan le front non moins coûteux de l?occupation militaire de l?Irak. La reconstruction de l?Afghanistan n?a plus représenté une priorité. La relance de l?agriculture, l?édification d?un tissu industriel qui donnerait du travail aux Afghans sont autant d?engagements restés au stade de v?ux pieux. En contrepartie des promesses d?aide non tenues, l?Afghanistan est devenu, en moins de sept ans, le premier producteur mondial de pavot sous la conduite des taliban qui utilisent les narcotiques pour financer leurs activités miltaires. L?OTAN n?a pu empêcher cette culture intensive des champs de drogue qui sont le seul moyen laissé aux paysans afghans de disposer d?un revenu. Dans de telles conditions, l?équilibre actuel pourrait perdurer. A telle enseigne que l?idée de la solution politique fait son chemin tant il paraît inévitable pour des anlystes de la situation afghane que des négociations aient lieu un jour ou l?autre avec les talibans. Les tenants de cette idée, face à une situation d?impasse, croient que les Afghans sont les seuls maîtres de leur destin commun et que les seuls consensus qui tiendront sont ceux qu?ils accepteront de valider. Car, selon le mot d?un enfant de ce pays, les Afghans sont là depuis cinq mille ans et ils y resteront pour les cinq mille ans à venir.
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