Algérie

L'imaginaire polychrome de Faïza Chaoui



Depuis jeudi dernier, l'espace Noûn au 9, rue Chaâbani à Alger abrite une exposition de peinture de l'artiste peintre Faïza Chaoui. Intitulée « Tempo africain », l'exposition, qui dure jusqu'au 15 du mois en cours, comprend une vingtaine de compositions, toutes inspirées de l'art des sociétés traditionnelles africaines. Usant de la polychromie, de formes de figurines et de décors qui caractérisent les masques africains, elles reflètent l'expression d'un monde de valeurs spirituelles, fondement des sociétés traditionnelles. Les tableaux, dans leur ensemble, mettent en lumière des figures de femmes avec de petites têtes et des membres longs et fins, dont les tracés sont délicats. Dans certaines compositions, les femmes sont dotées d'instruments de musique à vent, à cordes ou de percussions, le regard contemplatif, les mains en mouvement. Des visages, des tatouages ou des scarifications s'intègrent dans un ensemble décoratif linéaire et aux tracés délicats. Cependant, ces décors n'obéissent pas uniquement aux soucis esthétiques. En effet, l'art africain est instrumental ; une instrumentalité qui ne dissocie pas la forme dans sa fonction, les signes s'imposent en effet comme représentation d'esprits religieux et mystiques. Comme ils interprètent des pratiques sociales et culturelles, sans pour autant rompre le contact avec les divinités. Ces représentations et pratiques font partie des rituels multifonctionnels qu'on retrouve notamment dans les sociétés orales. Ces derniers servent à la transmission de savoirs aux générations, d'où leur rôle d'initiation. Ils sont aussi pratiqués dans l'espoir d'assurer la fertilité des individus, des champs et des troupeaux, ou pour mettre en relief le pouvoir et la richesse, faire la fête, honorer les morts, protéger et purifier le village des forces malignes attirées par le malheur. Ainsi, la peinture de Faïza Chaoui marque cet équilibre entre l'esthétique et l'interprétation des signes, lesquels trouvent leurs origine et creuset dans la mémoire ancestrale qui les métamorphose au fil du temps en un imaginaire. Un imaginaire, lequel de par ses mythes et divinités, lie le temporel au spirituel.
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