Algérie

L?horizon 2009


C?est une ligne bleu ciel, un axe horizontal un peu lointain et un peu flou, mais duquel les yeux s?accommodent pour mieux voir l?avenir à défaut du présent. Régulièrement, les dirigeants font usage de cette limite pour définir leurs projets. Celui du métro d?Alger qui peine à naître dans un ventre aussi compliqué, celui de la grande réforme bancaire dont on prévoit qu?elle sera semblable à la grande révolution culturelle chinoise, ou simplement de l?ouverture des médias audiovisuels au privé, qui pour l?instant ne constitue pas un droit de l?homme en cette journée des droits de l?homme. Dernier en date, le directeur des centres pénitentiaires a annoncé que le problème du surpeuplement des prisons sera réglé en 2009. Pourquoi 2009 ? La question ne se pose pas, bien qu?elle coïncide avec la fin du second mandat du Président. Très précis, le directeur a indiqué que 42 000 personnes sont détenues dans 127 centres pénitentiaires, ce qui représente une surface de 1,68 m2 par détenu. Là aussi, la réponse est technique et la question de savoir pour qui cet espace va être agrandi ne se pose pas, ni pour les récents émeutiers et bloqueurs de route ni pour les casseurs de consensus et les déviants de la normalisation, les quelques journalistes de passage et la poignée de syndicalistes qui refusent encore de manger la grande soupe de l?UGTA. D?idéologique, l?Algérie est en train de se transformer en technique. En 2009, il ne sera plus question de savoir qui gouverne, mais comment il gouverne. Il ne sera plus important de savoir qui est en prison mais comment sont les conditions de détention. Le fond, sujet à problèmes de fond, sera évacué pour laisser place à la forme. Tactiquement, c?est intelligent. Techniquement aussi. Sauf que techniquement, on peut construire des barrages mais s?il n?y a pas d?eau, techniquement, ça ne sert à rien.


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