Algérie - Généalogie et Familles connues

L’histoire de Zaphira, la dernière princesse du royaume d’Alger




L’histoire de Zaphira, la dernière princesse du royaume d’Alger
Le destin tragique de Zaphira est intimement lié à l’histoire d’Alger puisqu’elle sera la dernière princesse de la ville avant qu’elle ne tombe sous la domination des corsaires turcs. Voici le récit de l’infortunée Zaphira d’après le livre “Histoire du royaume d’Alger. Un diplomate français à Alger en 1724.” de Laugier de Tassy.
Au 16ème siècle, sous la menace imminente d’une invasion espagnole, les algérois firent appel au prince Selim Eutemi qui régnait sur la plaine de la Mitidja. Ce dernier vint accompagné de sa femme Zaphira et de son jeune fils.
Celui-ci ne put faire face au roi d’Espagne qui envoya une puissante armée navale. La population n’avait d’autres choix que de faire appel à Aroudj Barberousse, réputé être un guerrier redoutable. Ce riche pirate turc, connu aussi pour sa main en argent fut reçu avec tous les honneurs au palais d’Alger.
Mais Aroudj Barberousse ne se contenta pas de ces égards, sa volonté était de s’emparer d’Alger et de ses territoires. Ce fut une demande du sultan ottoman Selim 1er qui voulait soumettre les peuples berbères d’Afrique du Nord centrale morcelés en plusieurs royaumes (Tlemcen, Alger, Bougie…).
Barberousse protégea la ville en dirigeant vers elle dix-huit galères et trente barques. Face à cette victoire, le pirate fut reçu comme un héros. Mais le prince Selim Euttemi s’aperçut rapidement de l’erreur qu’il avait fait en l’appelant à la rescousse. Avide de pouvoir et éperdument épris de la belle Zaphira, Barberousse tua le prince en l’étranglant dans son bain.
Barberousse se fît proclamer roi d’Alger par ses soldats Turcs qui le firent défiler à travers la ville en cheval. Le nouveau roi, toujours amoureux, envoya cette lettre à sa désirée en lui laisser à peine le temps de faire son deuil :
« Belle Zaphira, image du soleil, plus belle par tes rares qualités que par l’éclat radieux qui environne ta personne, le plus fier et le plus heureux conquérant du monde, à qui tout cède, ne cède qu’à toi et est devenu ton esclave… Malheur à ceux qui auront l’insolence de te désobéir, qui ne ramperont pas en baisant la poussière de tes pieds …»
Cette lettre n’eût que peu d’effet sur la veuve qui préféra respecter la mémoire de son époux défunt. Voici une traduction de sa réponse transmise par une de ses esclaves :
« Seigneur, tout autre que moi, plus sensible à la gloire, à la grandeur et aux richesses qu’à la réputation qui est la véritable gloire, la suprême grandeur et la plus grande richesse, s’estimerait heureuse de se donner à toi et de partager l’éclatante fortune que tu m’offres si généreusement. Je ne puis l’accepter, sans me rendre à jamais un objet d’horreur et d’abomination à tous les vrais croyants. Permets, seigneur, que je te représente, que mon époux a péri depuis peu d’une mort violente, comme tous ceux qui ont vu son respectable cadavre ont été convaincus. A peine était-il expiré ; que tu t’es emparé de la ville par la force : tes soldats ont commis des cruautés qui font frémir. Ils ont tué, violé et se sont tout approprié. Enfin tu règnes par la force, n’ayant où régner autrement et toutes tes violences ont persuadé le public, que tu es coupable de la mort de mon époux. Si je me donne à toi, n’aurait-on pas raison de dire, que je suis aussi complice de ce crime et que de concert nous lui avons donné la mort pour nous unir et régner ensemble ? Pour moi, seigneur, je ne te crois pas capable d’un tel crime, mais ce n’est pas assez. Je ne puis vivre, si je ne prouve que je suis innocente ; ni les supplices, ni la mort n’ont rien d’assez effrayant pour me faire changer de sentiment. Il faut que je me justifie, seigneur et il est de ta grandeur de me laisser pour cet effet la maîtresse de ma conduite pour ton honneur et pour ta justification. Il est naturel de vouloir régner quand on le peut ; mais pour faire voir que tu ne veux pas régner par un crime si énorme, que celui d’avoir ôté la vie et le royaume à un prince qui t’avait reçu dans sa maison comme son frère, pour l’aider à conserver l’une et l’autre et pour convaincre le public que je suis pure et innocente comme un agneau que sa mère allaite, fais un grand et généreux effort sur toi. S’il est vrai que tu aimes l’infortunée Zaphira, donne moi la liberté d’aller dans la plaine de Mitidja avec mes femmes et mes esclaves, pour mêler mes regrets avec les leurs. Dans un si grand malheur permets que je tâche de me consoler avec ceux qui m’ont donné la vie, après Dieu seul et tout puissant et laisse moi donner carrière en liberté à mes justes et innocentes larmes. Je te le demande, seigneur, au nom du Maître de l’univers, à qui rien n’est caché, qui ordonne la pratique de la vertu, la droiture et la générosité et qui est ennemi de tout mal. Puisse le Saint prophète, son bien-aimé Mohammed (SAWS), t’inspirer de m’accorder ce que je te demande et te guérir d’une passion qui me rendrait trop criminelle, si je la favorisais et qui ne pourrait avoir que des suites funestes. »
Plus elle témoignait de fermeté et faisait paraître sa vertu, plus il en était épris. Comme il trouvait dans cette veuve une illustre naissance, de la beauté, beaucoup de grandeur d’âme, et toutes les bonnes qualités et les vertus rassemblées dans sa personne, il jugea à propos d’employer les voies de la douceur pour se l’acquérir, sans user d’aucune violence. Il laissa la princesse à ses réflexions pendant quelques temps, après quoi il lui écrivit de la manière suivante :
« Incomparable Zaphira, j’ai frémi d’horreur en lisant dans ta lettre écrite de ta précieuse main, qu’on me soupçonnait d’être le meurtrier du prince Selim. Dieu seul le sait que ce faux bruit t’empêche de te donner à moi, je ferai si bien que je m’en laverai, m’en dût-il coûter mon royaume. Il y va de ma gloire et de mon bonheur : s’il est nécessaire, je ferai couler un torrent de sang innocent pour découvrir le coupable. Je vais ordonner qu’on le cherche et malheur à lui et à tous ces complices s’il en a eu. Je me suis emparé du royaume, il est vrai, belle Zaphira, après la mort du prince Selim, n’y ayant point de souverain plus légitime que moi ; tout le pays était exposé à devenir la conquête des chrétiens, sans mon courage et les troupes que j’ai amenées à mes dépends. Je me flatte qu’avec le temps tu me croiras aussi innocent que je t’ai paru criminel ; et que tu te résoudras à jouir d’une gloire éclatante et à être adorée de tes sujets, comme je t’adore.»

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