Algérie - Revue de Presse

Comme retour d?ascenseur à son implication dans l?amnistie, Ben Bella ne pouvait espérer mieux que la suppression du I9 Juin de la liste des fêtes légales. Comblé par sa réhabilitation par un des plus proches adjoints de Boumediène, qui l?a renversé puis jeté en prison, il ira joindre son « historique » voix à celles, moins célèbres, d?Ouyahia, Belkhadem et Bouguerra Soltani pour faire la promotion de la « main tendue ». Pour ces derniers, en conclave hier, les armes doivent désormais être laissées aux vestiaires : l?heure n?est plus aux coups feutrés, mais à la trêve pour ne pas parasiter la campagne en faveur du « oui » au référendum sur l?amnistie. Les leaders du FLN, du RND et du MSP savent que Bouteflika ne tolérera pas qu?ils se consacrent à autre chose qu?à cette opération politique, déjà qu?il est peu satisfait de leur alliance qui a maintes fois volé en éclats sur des dossiers-clés qui lui tiennent à c?ur, notamment au Parlement. Il s?agit désormais, pour eux, de se « racheter » vis-à-vis du chef de l?Etat et de gagner sa confiance, laquelle n?a pas toujours été à toute épreuve, alors même qu?ils tiennent de lui l?essentiel de leur statut politique et une bonne part de leur légitimité. Bouteflika a contribué à sortir le FLN de l?oubli et de la crise et l?a mis sur les rails du pouvoir, n?hésitant pas à lui conférer sa caution personnelle en devenant son président d?honneur. Sans ancrage populaire réel, le RND doit l?essentiel de son existence aux grâces de l?administration et le MSP a fini par diluer son islamisme dans les vertus de la République. Mais dans la surenchère générale à venir, chacun va toutefois tenter de préserver quelque peu sa chapelle, à défaut de sauver son âme. Bouguerra Soltani pourra toujours justifier son « ancrage » au pouvoir par le fait que l?amnistie ambitionne de réhabiliter autant l?islamisme que les islamistes. Et s?il partage personnellement - et avec lui Ben Bella, le nouvel allié - le même argument que le chef du MSP, Belkhadem devra tenir compte au sein du FLN du courant anti-intégriste assez fort. Mais c?est Ouyahia qui devra user de plus de ruse politique pour justifier l?engagement du RND dans l?amnistie, son parti s?étant toujours présenté comme l?incarnation de la résistance et des patriotes, c?est-à-dire de l?anti-islamisme. Mettre sur un pied d?égalité le bourreau et la victime devrait, en principe, être pour lui un exercice impossible. Or c?est ce à quoi veut aboutir le projet présidentiel. Jusqu?où Ouyahia et les « militants FLN » dits éradicateurs pourront-ils supporter cette contradiction, laquelle sera constamment rappelée par ce pan entier de la société qui refuse le pardon sans la justice ?
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