Algérie

L?enquête sur l?assassinat de Rafic Hariri


Des exigences inconciliables Jusqu?à quel point pressions internationales et souveraineté nationale sont-elles compatibles, ou encore, n?entrent pas en contradiction ? Le premier élément découle de la résolution 1636 votée il y a exactement 8 jours par le Conseil de sécurité. Le second est soulevé par la Syrie, principal sinon unique destinataire du texte en question. Ce pays sait qu?il n?y a absolument rien à négocier, tous les espaces possibles lui ayant été fermés, sauf celui de se mettre totalement à la disposition de la commission d?enquête, laquelle a relancé son investigation, avec cette fois une liste de noms de hauts responsables syriens. Et pas n?importe lesquels. Sur ce point, la Syrie a annoncé hier qu?elle étudiait cette demande, mais elle n?a révélé ni leur identité ni le lieu de leur éventuel interrogatoire. « La Syrie a reçu une demande de la commission d?enquête internationale et elle est en train de l?étudier », a déclaré, sous couvert de l?anonymat, un responsable du ministère des Affaires étrangères. Tout en assurant de leur pleine coopération dans l?enquête, les officiels syriens demeurent vagues sur les modalités de cette coopération. Ils réaffirment leur volonté d?appliquer la résolution 1636 du Conseil de sécurité de l?Onu, adoptée à l?unanimité, sommant la Syrie de coopérer avec la Commission Mehlis. Le président du Parlement syrien, Mahmoud Al Abrache, s?est contenté d?affirmer dimanche une nouvelle fois l?intention de Damas de « coopérer totalement avec la commission sur le crime de l?assassinat » de l?ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, tué dans un attentat à l?explosif le 14 février à Beyrouth, alors sous contrôle des services de sécurité syriens. Un analyste syrien proche du pouvoir, Ahmad Haje Ali, s?est dit « optimiste » sur une réponse positive de la Syrie qui « préserverait la souveraineté » du pays. La demande de Mehlis d?interroger six officiers supérieurs syriens de la sécurité au Liban, comme l?ont indiqué des journaux libanais, « ne porte pas atteinte au principe de la souveraineté du pays » et la commission d?enquête syrienne, créée par un décret présidentiel « n?exclut aucune personnalité politique ou militaire », a souligné Haje Ali. D?après le quotidien libanais An Nahar, les six officiers sont : Assef Chawkat, beau-frère du président Bachar Al Assad et chef des services de renseignement militaire, Bahjat Souleiman, ancien chef des services de renseignement intérieur, l?ancien chef des services de renseignement militaire au Liban, Roustom Ghazalé et son adjoint à Beyrouth, Jameh Jameh. Le nom de ces quatre officiers syriens ont été cités dans une version confidentielle du rapport du chef de la Commission d?enquête internationale, Detlev Melhis, publié le 20 octobre dernier et qui accusait la Syrie de ne pas coopérer. Les deux autres officiers, mentionnés par An Nahar, sont le chef de la section Palestine, Abed Al Karim Abbas et le spécialiste des télécommunications et de l?Internet Zafer Al Youssef. M. Mehlis avait entendu des officiels syriens en septembre à Damas, dont le ministre de l?Intérieur, Gahzi Kanaan, qui s?est suicidé un mois plus tard dans des circonstances non encore élucidées. Un quotidien officiel syrien a appelé dimanche à la création d?une « instance juridico-pénale », internationale ou régionale, afin d?évaluer la neutralité de Detlev Mehlis. Dans les milieux de l?opposition à Damas, on réclame « une série de mesures pour consolider la cohésion sociale » face aux pressions internationales. La publication d?une loi autorisant les partis politiques, le gel de la loi d?urgence en vigueur depuis 1963, la libération de tous les détenus politiques et l?augmentation des salaires dans la fonction publique, sont les mesures notamment réclamées par ces opposants Par ailleurs, le chef de l?Etat français a indiqué hier que le Conseil de sécurité de l?Onu devrait « tirer toutes les conséquences » d?un rapport dénonçant la présence de groupes armés au Liban. Le représentant de l?Onu pour l?application de la résolution 1559 (sur le rétablissement de la souveraineté libanaise et le retrait des forces syriennes) Terje Roed-Larsen, estime, dans un rapport remis fin octobre à l?Onu, que la présence persistante de groupes armés au Liban, notamment du Hezbollah, va à l?encontre du rétablissement de la souveraineté et de l?intégrité territoriale de ce pays. Ce qui n?est pas l?avis de la classe politique libanaise qui considère ce mouvement comme le fer de lance de la résistance anti-israélienne. Ce qui est occulté par les initiateurs de la résolution en question, et l?auteur du rapport. Avec cette résolution au double volet, c?est exactement l?opération inverse de celle menée en 1996 qui paraît engagée. Cette année-là, en effet, les Etats-Unis avaient réussi à mettre fin à l?embrasement dans cette région, en parvenant à la conclusion d?un accord quadripartite qui impliquait aussi Israël, le Hezbollah et la Syrie. Et ce sont ces deux derniers qui sont en voie de perdre leur qualité d?acteurs majeurs. Si une telle logique venait à se vérifier, autant s?interroger sur les suites. C?est la logique proche-orientale qui le suggère, voire l?impose.


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