L’enfant sage devenu adulte invisible !

Ce symptôme qui passe quasiment inaperçu dans l’enfance et qui donne à l’âge adulte, lors de la thérapie, une grande difficulté à cerner cette pathologie, d’un homme ou d’une femme, qui a développé la certitude que sa propre existence ne vaut pas la peine.
Il était une fois, un enfant docile, celui qu’on félicitait pour sa discrétion, son calme, il ne dérangeait jamais..
On disait de lui qu’il était « mûr pour son âge ».
L’enfant sage est souvent le produit d’un environnement où l’amour se mérite par l’obéissance.
Ce comportement, valorisé socialement, devient un mécanisme d’adaptation :
Plaire pour ne pas perdre l’affection.
Il est presque impossible de pouvoir dissocier l’enfant, qui, par nature et éducation, se trouve être réservé, de celui qui à force de replis, apprend surtout à s’effacer.
Le jeune n’a pas appris à s’affirmer, il a appris à s’adapter.
Devenu adulte, cet enfant sage porte souvent un manteau d’invisibilité, du moins, c’est ce qu’il espère, totalement consciemment, et surtout aspire à ce que les autres le perçoivent ainsi
(ou plutôt, ne le perçoive pas !)
Cependant, derrière cette placidité, il y a souvent une douleur muette: celle d’un être qui n’a jamais osé exister pleinement.
À force d’écouter les autres, il cesse de s’entendre lui-même. Arrivé à l’âge adulte, il se retrouve souvent déconnecté de ses émotions, persuadé qu’exister vraiment serait déranger.
La peur du rejet, profondément enracinée, empêche toute liberté.
Psychologiquement, j’ai souvent ressenti lors de séances avec ces personnes une blessure du « non-droit à l’erreur. »
Pour eux, n’est possible que cette perfection inatteignable, SINON rejet..
La voie de guérison n’est pas dans la colère ou la frustration, mais dans la réappropriation :
Redevenir visible à soi-même.
Oser dire, ressentir, se montrer tel qu’on est.
L’enfant sage, devient alors, l’adulte conscient qu’il a autant de droits d’exister, d’être heureux, de faire des choix.
Redevenir visible, c’est un acte d’amour envers soi.
Phrase magique, qui nous faudrait tous se verbaliser :
- je me respecte et m’apprécie pour ce que je suis, et j’ai toutes les libertés d’être ce que je veux être !
Alors, l’enfant sage cesse de vouloir mériter l’amour ; il apprend enfin à le recevoir, librement.
L’enfant sage croyait qu’aimer signifiait s’oublier.
L’adulte conscient découvre que s’aimer, c’est enfin se souvenir de soi.
Marina DESFORGES Psychopraticienne