L’Emir Khaled

Premier nationaliste et premier patriote (7ème partie) «La Formidabili Organizzazione Dell’ Islam», tel a été le titre du sensationnel article paru le 10 juin 1922 dans le journal Italien «La Nazione» sous la signature de Mario Appelino qui a dit avoir recueilli cette interview de la bouche de l’Emir Khaled. L’interview a fait l’objet de la publication de larges extraits par l’Echo d’Alger du 27 juin 1922. Coup de théâtre! El Ikdam daté du 30 juin 1922 et sous la signature de l’Emir Khaled «s’étonne de ce qu’a inventé un journaliste étranger, M. Mario Appelino, que je n’ai jamais vu ni connu». Voyons voir ce qu’il en est après avoir lu ce qui a été rapporté par ce M. Appelino : «...j’ai voulu connaître la pensée d’un des grands chefs du Mouvement Musulman Moderne, l’Emir Khaled El-Hachemi, petit-fils du grand Emir Abd-El-Kader, membre de la famille du sultan du Maroc, prince kabyle et prétendant au trône du Maroc comme successeur du sultan Moulay Hafid. L’Emir Khaled ben El-Hachemi est indiscutablement l’homme le plus important du monde musulman nord-africain et dirige le Mouvement en Algérie, en Tunisie et au Maroc. Capitaine des Spahis dans sa première jeunesse, il a donné sa démission de l’armée française pour se dédier à la politique et, après avoir, pendant un certain temps, favorisé la politique française, il passa à l’opposition et fut pendant plusieurs années le bras droit de l’agitateur Abd-El-Malek, son oncle, chef de la résistance marocaine du Rif. Très populaire dans le bled et dans la Kabylie, vénéré des Musulmans, haï par les Espagnols, craint par les Français, orateur formidable, polémiste mordant, l’Emir Khaled est pour l’Algérie ce que Ghandi et Zaghloul sont pour l’Inde et l’Egypte, avec la différence qu’il a vécu longtemps en Europe et qu’il a reçu à Paris une solide éducation universitaire’’.Extraits de l’interview: «...Mon journal (El Ikdam) s’occupe depuis plusieurs années et avec grand intérêt des questions musulmanes et suit avec attention le Grand Mouvement Rénovateur de l’Islam...»...Il nous manquait (alors) une «conscience Islamique». Aujourd’hui nous l’avons. Nous, par exemple en Algérie, ne nous occupions pas de ce qui pouvait se passer en Egypte. Il y avait dans chaque pays musulman des groupes avancés dits «intransigeants» qui agitaient le grand flambeau de la Liberté...Mais, ils étaient isolés sans beaucoup de suite dans les masses de chaque pays, sans aucun écho dans le reste du monde islamique. Lorsque a éclaté la guerre européenne, nous Algériens avons cru de bonne foi aux grandes promesses de Liberté et de Justice que les hommes de Paris, de Londres, de New York et de Rome nous faisaient avec tant de solennité et de franchise apparente...»...Et nous avons donné stupidement hommes et argent. Nous aurions pu créer à la France de sérieux embarras dans l’Afrique du Nord mais nous avons au contraire permis (autorisé) la mobilisation de nos frères. Nous avons réellement cru que le triomphe de l’Entente aurait retrouvé dans le monde une ère de Paix et de Justice pour tous et donc aussi pour les Musulmans. La désillusion a été terrible, mais elle a mécaniquement créé un lieu de fraternité entre tous les désillusionnés. Nous avons compris que nous sommes maintenant unis au nom de Mohammed...» ‘’...   A suivre… Dr Chemyl Boutaleb El-Hassani(*) (*) Arrière petit-fils de l’Emir Khaled