Algérie

L’Emir Abd el-Kader



L’Emir Abd el-Kader
A l’occasion du Bicentenaire de la naissance de l’Emir Abd el-Kader (1808-2008) et outre une commémoration prévue tout au long l’année dans plusieurs villes d’Algérie, de France, du Mexique et des Etats-Unis, trois timbres ont été édités en Algérie l’an dernier. Le 20 février 2008 à l’Institut du monde arabe à Paris, le public était convié à une exposition philatélique sur l’Algérie et à une vente anticipée du timbre émis en France, avec une oblitération spéciale, à l’effigie de l’Emir.
En septembre 2007, les éditions Phébus ont procédé à la réédition de la Lettre aux Français de l’émir Abd el-Kader. En janvier dernier, c’était au tour des éditions Michalon de publier Le Jardin d’orient de Martine Le Coz, un roman entre fresque historique et réflexion sur la foi.

En marge de la Semaine de l’Algérie à Saint Pierre de la Réunion, qui s’est tenue en juin 2007 et qui a vu signer un accord de jumelage entre Bab el-Oued et Saint-Pierre, "une place faisant face au port [...] est désormais baptisée Place Abd-El-Kader en hommage au chef de guerre rebelle pendant la campagne de colonisation de l’Algérie qui fut également un grand humaniste et acteur du rapprochement entre les peuples français et algérien".

L’actualité de l’Emir Abd el-Kader ce fut aussi l’inauguration, le 16 novembre 2006, d’une place à son nom dans le 5è arrondissement de Paris, où se trouvent l’Institut du Monde Arabe et la Grande Mosquée. La décision de donner le nom de l’Emir Abdelkader à cette place, située au croisement des rues Poliveau, des Fossés Saint-Marcel et Geoffroy Saint-Hilaire, a été prise par le Conseil de Paris en mai 2006. Lors de la cérémonie, Bertrand Delanoë, le maire de Paris, a salué en lui "un personnage magnifique" à travers lequel la capitale française veut "rendre hommage au peuple algérien". "Quand j’honore l’Emir Abdelkader, je sais que j’honore un nationaliste qui s’est battu contre la France, qui n’acceptait pas la domination de son peuple par le peuple français. C’est aussi le sens de cette inauguration".
L’universitaire Bruno Etienne, qui voit en lui "un pont entre Orient et Occident, dont la guidance est plus pertinente que jamais", "un précurseur du dialogue inter-religieux et du refus du clash des civilisations", a tenu à rappeler à cette occasion qu’"au plus fort des guerres de conquête, il établit un statut des prisonniers, cent ans avant la Convention des droits de l’homme de Genève".
Une rue de Toulon porte également le nom d’Abd el-Kader.

Organisé par la fondation qui porte son nom, sur le thème de "l’Emir : le devoir de mémoire et les défis de l’heure", un colloque international consacré à la pensée et à l’œuvre d’Abd el-Kader s’est tenu à la Bibliothèque nationale du Hamma à Alger. En juin 2005, la BN du Hamma a en outre présenté une exposition intitulée "l’Emir Abd el Kader : un homme, un destin, un message", réalisée dans le cadre de l’année de l’Algérie en France. Un colloque du même nom avait auparavant réuni à Paris, Daniel Rivet, Mgr Teissier, archevêque d’Alger, Michel Lagarde, Bruno Etienne et Cheikh Khaled Bentounès de la confrérie Alaouia de Mostaganem.

Durant les mois de décembre et janvier précédent, c’est la section de Toulon de la Ligue des Droits de l’Homme qui accueillait une exposition "Abd el-Kader, héros des deux rives", accompagnée d’une conférence de Mohamed Boutaleb, président de la Fondation Émir Abd el-Kader en Algérie, d’une journée de tables-rondes avec les historiens Daniel Rivet, Michel Levallois, François Pouillon, Gilles Manceron et Hassan Remaoun, ainsi que d’une lecture de textes d’Abd el-Kader, suivie d’une conférence de Bruno Etienne.

Théologien, poète et homme d’État, élevé dans la zaouia (école religieuse) dirigée par son père, Abd el-Qader ibn Muhyi ed-Din el-Hassani (1808, Mascara - 1883, Damas) a reçu une éducation et une culture théologique et philosophique. Investi du titre d’émir des tribus de l’Ouest algérien en novembre 1830, il s’engage à diriger la résistance contre la conquête française. Proclamant le Djihad (la guerre sainte) en 1832, il organise un État, crée un gouvernement et une armée, lève un impôt, rend la justice.

La guerre qu’il déclare aux troupes françaises va durer quinze ans. Acculé après la chute du sultan du Maroc, l’émir Abd el-Kader est finalement contraint de se rendre en décembre 1847. Au lieu de l’exil au Proche-Orient qui lui a été promis, il est emprisonné à Toulon, puis à Pau et Amboise.
Durant cette période, il se consacre à l’étude et à l’écriture.

En octobre 1852, Napoléon III accède à sa demande et l’émir embarque pour la Turquie avant de s’établir trois ans plus tard en Syrie. à Damas, il s’installe dans la maison que le mystique andalou Ibn Arabi occupa quelque six siècles plus tôt. Il s’illustrera en 1860 en sauvant des milliers de chrétiens d’un massacre.
Jusqu’à sa mort, Abd el-Kader enseigne la mystique, la philosophie, la théologie et l’histoire.

"Élevé à la fois dans le métier des armes et dans l’étude de la tradition, notait René Khawam, il fut tout ensemble un homme d’action et un mystique. Son combat -glorieux jusque dans la défaite- contre l’envahisseur français a un peu occulté son oeuvre d’écrivain, qui touche aux sciences religieuses, à la politique, au dressage des chevaux... et à la poésie -laquelle pouvait encore, sans déchoir, traiter librement des affaires de la cité". Son Diwan (recueil) contient plus de sept cents poèmes écrits entre 1832 et 1883.
Il a également composé un ensemble d’oeuvres mystiques. L’imposant Kitâb el-Mawâqif (Livre des Haltes) a fait l’objet d’une traduction partielle en français. Pour Bruno Etienne qui lui a consacré une biographie, Abd el-Kader apparaît comme l’héritier légitime d’Ibn Arabi. (Photo IMA, d’après un tableau anonyme, Musée de la Franc - Maçonnerie)
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