Algérie

L?après-Garang au Soudan



Engagement pour la continuité Certainement plus que l?Arabie Saoudite qui venait de perdre son souverain, le Soudan a, à son corps défendant, fait l?actualité lundi avec l?annonce de la mort de John Garang, qui n?est pas seulement le vice-président de ce pays mais surtout le co-signataire de l?accord supposé ramener la paix après 22 années d?une guerre meurtrière. A un certain moment, en effet, la paix semblait menacée avec des émeutes particulièrement violentes et au caractère ethnique avéré. A cet égard, de nombreuses capitales avaient fait part de leur inquiétude et appelé les différentes parties à faire preuve de bon sens. Les autorités de Khartoum ont, en ce sens, fait leur part de chemin en affirmant leur engagement à poursuivre l?application du processus dans lequel elles se sont officiellement engagées, prenant à témoin l?opinion internationale. Même geste du Mouvement pour la libération du Sud-Soudan (SPLM), le mouvement de John Garang qui lui a rapidement trouvé un successeur. L?intérêt de la question est bien réel, mais aujourd?hui il s?agit de parer au plus pressé, c?est-à-dire éviter les dérapages et donner une sépulture au défunt. A cet égard, apprenait-on hier après une journée d?émeutes qui auraient fait plus de quarante tués, John Garang sera inhumé samedi à Juba, la ville qu?il avait choisie au sud du Soudan pour en faire « sa » capitale, et ses proches venus lui rendre hommage ont réaffirmé leur volonté d??uvrer pour la paix. « L?enterrement de notre grand dirigeant aura lieu à Juba le samedi 6 août », a déclaré le porte-parole du SPLM, Pagan Amum. « Nous inviterons nos amis de la région et du monde à nous rejoindre », a-t-il ajouté, tandis que la dépouille mortelle de son ancien chef, tué samedi dans un accident d?hélicoptère, recevait l?hommage de dizaines de partisans. « La dépouille mortelle effectuera vendredi un parcours qui la conduira dans plusieurs villes du Sud, Rumbek, Bor, où notre lutte avait commencé en 1983, et éventuellement à Yei », où l?Armée populaire de libération du Soudan (SPLA) a eu pendant longtemps son quartier général, a-t-il précisé. « Juba est le siège du gouvernement du Sud-Soudan, sa capitale. C?est la deuxième capitale du pays », a-t-il souligné. Garang avait annoncé que Juba deviendrait la capitale du Sud-Soudan autonome, la ville de Rumbek ne devant être que capitale provisoire, lors de la période d?autonomie de 6 ans prévue dans l?accord de paix signé en janvier dernier avec Khartoum. Garang a également reçu l?hommage d?une délégation du gouvernement de Khartoum, venue effectuer à New Site une courte visite au cours de laquelle elle a présenté ses condoléances. « Nous sommes ici pour dire que nous allons travailler avec la direction du SPLM », a déclaré à la presse le ministre soudanais des Affaires fédérales, Ali Nfea, à l?issue d?une rencontre avec le général Salva Kiir, le successeur de Garang, nommé lundi à la présidence du SPLM.  « Il n?y a rien de plus important que de parvenir à la paix, c?est le seul moyen de rendre hommage au docteur Garang », a ajouté M. Nfea, qui est également secrétaire du Congrès national, le parti du président soudanais Omar Al-Béchir. « Nous sommes déterminés à travailler ensemble, en partenariat avec le SPLM (...), avec le nouveau président du SPLM », a-t-il insisté. M. Nfea a constaté que les responsables du SPLM « sont plus que jamais unis et déterminés (...) à appliquer l?accord de paix » signé le 9 janvier à Nairobi et qui a mis fin à 22 ans de guerre civile. Tout au long de la matinée, des files d?hommes et de femmes ont défilé en rangs séparés devant le cercueil de Garang, recouvert du drapeau de la SPLA. Le seul représentant de la communauté internationale présent hier à New Site, localité connue aussi sous le nom de Kamuto, est un diplomate américain. Les Etats-Unis ont été très impliqués dans les négociations de paix entre le gouvernement soudanais et le SPLM. John Garang avait lutté pour la libération du Sud chrétien et animiste qu?il considérait opprimé par le régime central de Khartoum, et aussi pour lui assurer un partage des richesses pétrolières du pays qui proviennent essentiellement du Sud. Il y est parvenu puisque le Sud-Soudan a arraché bien plus qu?une simple autonomie. Il est aux portes de son indépendance puisque les accords de paix lui permettent de faire sécession, après référendum bien sûr, dès la fin de la période d?autonomie de six années. On n?en est pas encore là, et cette perspective peut être enrayée et chassée des intentions pour peu que le processus de paix soit sincèrement appliqué, et que soit restaurée cette fameuse mosaïque soudanaise.
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