Algérie

L?APN ligotée



Les députés s?inquiètent aujourd?hui de la manière dont seront dépensés sur cinq ans cinquante milliards de dollars, se rendant compte, en même temps, à travers un mea culpa qui ne dit pas son nom, qu?ils ont contribué, durant des décennies entières, à laisser l?Exécutif faire ce qu?il voulait de l?argent public. Réveil tardif de gens qui ont eux-mêmes scié la branche sur laquelle ils étaient assis : à force de se plier devant les autorités politiques et d?applaudir à tout rompre à leurs décisions, ils ont transformé leur institution en chambre d?enregistrement, se contentant la plupart du temps de dérisoires questions écrites et orales aux membres du gouvernement leur donnant l?illusion de peser sur les décisions politiques, alors que les ministres ont toute latitude de se dérober et de ne prendre aucun engagement. A l?égard de textes aussi vitaux que les lois de finances, ils ont arrêté leur rôle au traditionnel vote de fin décembre, se désengageant - ou désengagés - du suivi, tout au long de l?année, des affectations budgétaires qu?ils ont décidées. Lorsqu?il leur est arrivé de mettre sur pied, par un concours de circonstances exceptionnelles, une commission d?enquête, les conclusions de celle-ci n?atterrissent jamais sur la place publique ou mieux encore sur le bureau d?un juge. L?APN est passée à côté des grandes questions nationales : crise de Kabylie, émeutes populaires, paupérisation, grèves... et des énormes scandales qui ont secoué le pays ces dernières années : Khalifa, BCIA, BNA... Afin de légaliser sa mainmise sur l?APN, le pouvoir politique a eu recours à une invention géniale : à trois partis majoritaires, il a donné l?illusion de faire partie de la sphère de décision, en contrepartie d?une adhésion totale aux desiderata présidentiels. Bien qu?ils se détestent à mort, le FLN, le MSP et le RND se sont prêtés à ce jeu, scellant une « coalition » dont il apparut vite qu?elle n?hésitait pas à sacrifier le rôle de contrôle des parlementaires sur l?autel de ses ambitions ou plus précisément des appétits politiques de chacun des partis qui la composent. Certes, des aberrations constitutionnelles ont aggravé la situation, telles la non-responsabilité du président de la République devant le Parlement, alors même qu?il détient la totalité de la décision politique, à la différence du chef du gouvernement responsable devant les élus, mais sans réels pouvoirs. Mais la responsabilité des députés eux- mêmes ne peut être dégagée dans la dérive de leur institution, promue il y a quinze ans au bel avenir d?asseoir la démocratie en Algérie : on a vu quelques-uns courageusement dire non au diktat du pouvoir politique, mais une bonne partie a cédé devant le souci d?une carrière publique avec son cortège d?avantages matériels et autres.
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