L'ambassade d'Algérie à Tripoli attaqué, le drapeau algérien brûlé

Abdelhamid Bouzaher (ambassadeur d'Algérie en Libye) : «On ne va pas se taire après ce qui s'est passé»
L'élimination de la sélection libyenne avant-hier soir face à son homologue algérienne n'a pas été du goût de certains supporters libyens qui ont pris pour cible, dans la nuit de dimanche à lundi, l'ambassade d'Algérie à Tripoli. En effet, ces pseudo supporters libyens n'ont pas trouvé mieux pour exprimer leur colère suite à cette élimination que de se rendre à l'ambassade d'Algérie et montrer leur hostilité envers les Algériens. Ils étaient près d'une centaine, a priori, à entourer durant plusieurs minutes le siège de l'ambassade et à scander des chants hostiles à l'Algérie. Ces personnes ne se sont pas arrêtées là, puisque certains d'entre eux ont ramené un drapeau algérien et l'ont brûlé, sous les applaudissements des présents. Les Libyens ont expliqué leur acte par rapport aux insultes qui ont fusé des tribunes du stade Tchaker de Blida envers leurs joueurs. Un motif pas du tout suffisant pour ce genre d'acte très dangereux et que, bien évidemment, nous déplorons. Notons enfin que les locaux de l'ambassade algérienne n'ont pas été attaqués et n'ont subi aucun préjudice.
Le ministère des Affaires étrangères déplore ces incidents
Face à ces incidents, le ministre des Affaires étrangères n'est pas resté sans réaction. En effet, dans une déclaration écrite transmise aux médias, le porte-parole dudit ministère, Amar Belani, a tenu à déplorer ces événements.
«Nous déplorons les incidents survenus hier au niveau de la chancellerie d'Algérie à Tripoli, à la suite du match de football ayant opposé notre Equipe nationale à son homologue libyenne, tout en exprimant notre conviction que ce genre d'incident artificiel n'est pas à même d'influer sur le cours des relations historiques de fraternité et de coopération entre nos deux peuples frères. Nous appelons à ce que la protection des locaux de nos représentations diplomatiques et consulaires dans ce pays soit assurée, conformément aux conventions», a-t-il indiqué.
Abdelhamid Bouzaher (ambassadeur d'Algérie en Libye) :
«On ne va pas se taire après ce qui s'est passé»
Dans une déclaration faite à nos confrères de la télévision En-Nahar, l'ambassadeur d'Algérie en Libye, M. Abdelhamid Bouzaher, a confirmé les incidents qui ont éclaté avant-hier soir près de son ambassade, qualifiant ce qui s'est passé d'acte dangereux, que l'Etat algérien ne laissera pas passer comme ça. «Oui, on a été la cible de quelques supporters libyens après le match. On a brûlé notre drapeau, ce qui est à mon sens inconcevable. C'est un acte dangereux et on ne compte pas se taire», a-t-il indiqué.
Eviter de tomber dans le piège !
Evidemment, la vidéo montrant ces Libyens en train de brûler le drapeau national a fait le tour du net durant la journée d'hier et les Algériens n'ont pas manqué, sur les différents réseaux sociaux, de dénoncer et déplorer ce nouveau dérapage, pour un simple match de football. Néanmoins, et pour éviter un scénario Egypte-bis, les Algériens doivent garder leur calme et éviter de tomber dans le piège. La centaine de Libyens qui sont partis protester sans raison valable devant l'ambassade algérienne, ne représente guère tout le peuple libyen et ce serait donc une erreur d'entrer dans un conflit qui n'a pas lieu d'être. Le peuple algérien a toujours été civilisé et intelligent et il ne servira à rien d'imiter ces personnes qui ont brûlé notre drapeau pour leur rendre la monnaie de leur pièce. Le plus sage sera de les ignorer et laisser notre diplomatie s'en charger. Les Algériens ont le droit de fêter la qualification des Verts à cette CAN et de se préparer dès maintenant à envahir l'Afrique du Sud pour prouver au monde entier que tout ce qui est arrivé lors de cette double confrontation avec la Libye ne reste qu'une partie de football, rien de plus.
Un ex-officier des services secrets libyens a tenté d'agresser le ministre
des Sports libyen
lSi rien n'a été signalé à la fin du match Algérie-Libye qui s'est déroulé dans les meilleures conditions, un incident, et pas des moindres, s'est produit du côté de la délégation officielle libyenne et a failli avoir de graves conséquences. C'est le ministre de la Jeunesse et des Sports libyen qui a été l'objet d'une tentative d'agression physique par un ex-officier des services secrets libyens sous le régime de Kadhafi. Ledit officier répond, selon nos sources, au nom de Djamel Sekkal qui a accosté le ministre libyen au moment où ce dernier allait monter dans sa voiture, pour l'insulter et le traiter de tous les noms. Il a même failli l'agresser physiquement, n'était l'intervention des services de l'ordre algérien qui l'ont interpellé sur le champ. Selon nos sources, l'ambassade de Libye en Algérie a demandé aux autorités algériennes de lui livrer l'officier en question, d'autant qu'il s'agit d'un homme de l'ancien régime. Nous avons pu apprendre également que Djamel Sekkal, en plus de son poste dans l'ex-régime libyen, était président d'un club de football de deuxième division à Mesrata. Et à l'heure où nous mettons sous presse, on ne sait pas s'il a été libéré ou pas.
Les Libyens quittent Alger dans le calme
lLa délégation libyenne a quitté hier matin, vers 6h, son lieu de regroupement au Sheraton en direction de l'aéroport Houari-Boumediène, d'où elle avait embarqué à bord d'un avion spécial en direction de Tripoli. Ce qu'il faut noter, c'est que le retour des Libyens s'est effectué sans le moindre incident, après le match au stade Tchaker, ni sur le chemin du retour au Sheraton, ni après avoir quitté leur hôtel vers l'aéroport. Tout s'est bien passé, dans le calme et sans qu'on puisse relever le moindre tracas. C'est ce qui nous a été d'ailleurs confirmé par un journaliste libyen, Fayçal Asabaa, qui a accompagné l'équipe à Alger.
Les journalistes algériens applaudissent Erbich pour son fair-play
Afin d'apaiser les tensions et faire ramener le calme, les journalistes algériens qui ont assisté à la conférence de presse d'après-match ont salué à leur manière le fair-play de l'entraîneur libyen, Abdelhafid Erbich, qui a décidé, malgré l'élimination de son team et le contexte assez tendu de la partie, à venir à cette conférence justement et répondre aux questions des gens des médias. Au moment de son entrée à la salle de conférences, le coach libyen a eu droit à des applaudissements des journalistes et même, à la fin, les représentants des médias algériens ont tenu à le remercier pour sa sportivité, lui qui a reconnu le mérite de l'Algérie après sa qualification à la CAN-2013.