Algérie

Khelli l'bir beghtah Trop de retours à la case départ



Khelli l'bir beghtah Trop de retours à la case départ
La pire des fautes n'est pas de se tromper, mais de ne pas corriger, à temps, autant que faire se peut, cette faute. C'est probablement imprégné de cette vérité universelle que Baba Ahmed, ministre de l'Education, crie sur tous les toits, du moins lui prête-t-on cette intention, qu'il va introduire une réforme des réformes du système éducatif, en «revoyant la copie de Benbouzid» selon la formule en grosse manchette de la Une d'un confrère. Il faut être habité par une sacrée dose de prétention en matière de pédagogie pour oser préjuger du bien-fondé (ou du contraire) de cette démarche, émanant d'un universitaire connu pour être, au moins, aussi peu porté sur les décisions extrêmes que son prédécesseur, ce qui lui avait valu, à force de ménager la chèvre et le chou, le record de longévité que l'on sait. En revanche, ce qui est gênant dans cette démarche, c'est quand on l'introduit dans un champ plus global, celui du réflexe des nouvelles équipes ministérielles (mais pas seulement) à adopter la politique de la table rase, comme si l'Algérie était un cahier de brouillon sur lequel on écrit au crayon quelques lignes, puis qu'on efface pour écrire encore d'autres lignes, d'autres pages. Il est évident que certains, qui végètent dans une confortable hibernation depuis de longues années, ont effectivement grand besoin d'un chambardement radical, par lequel on prend et les textes et les personnels, qu'on secoue comme un immense tapis, pour que ne s'accrochent que les plus pertinents arguments et les plus méritants effectifs, tout le reste étant à renouveler. Mais ne soyons pas tatillon sur les écarts constatés, en s'accrochant à la critique comme «une vieille qui attrape un voleur», et mettons tout cela sur le compte des anicroches, cahots et autres entorses à l'harmonie que connaît tout pays qui se construit. Cette remise en cause permanente, non pas de l'ordre établi, ce qui serait le mal le plus souhaité pour le pays, mais de nombre de dynamiques en cours, non seulement provoque retards et manques à gagner, mais édifie sur cette propension à avancer à l'aveuglette, ou presque, par manque de rigueur dans l'élaboration des textes et surtout carence de vision à long terme. En revanche, et ce n'est pas parce que ce sont des problèmes de la vie quotidienne, donc aux yeux des décideurs non éligibles aux grandes préoccupations, qu'il faut les taire, cette politique du cahier de brouillon se constate également dans l'abandon des grands chantiers menés pour la qualité de la vie. Ces opérations, menées tambour battant et assorties du pompeux qualifiants de «caractère définitif» ou d'«éradication» (littéralement : qui s'attaque aux racines), s'avèrent, au bout de quelques mois, une navrante réédition du déplorable scénario de «campagne», notion si chère aux pouvoirs publics en ce qu'elle recèle de quantités de poudre aux yeux. Le cas le plus flagrant est celui de la lutte contre le commerce informel, ressentie comme une véritable révolution et accueillie avec une joie immense par les citoyens, commerçants légaux et usagers de rues et trottoirs, voire par les trabendistes qui y voyaient, à travers les marchés de proximité promis pour les recaser, la fin de la précarité dans laquelle ils exerçaient leurs activités. C'était en automne, nous sommes au printemps et le constat est là, ne souffrant aucun démenti : les commerçants informels sont revenus. Peut-être pas en nombre identique, peut-être pas à la même place, mais ils sont bel et bien revenus, infligeant ainsi un cinglant pied de nez aux autorités et à la sacro-sainte «haibat eddaoula». Dans cette opération, en dépit de l'inévitable sentiment d'injustice par certains et par-delà son impact concret, le citoyen avait surtout vu une réhabilitation de l'autorité de l'Etat et, partant, de sa crédibilité. Enfin, de quoi je me mêle ' Khelli l'bir beghtah.
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