Jeunes en politique

Sous le soleil de Zéralda, l'opposition a tenu à se réunir une deuxième fois depuis 23 mois. Marquer une halte et évaluer le chemin parcouru. Les partis et personnalités politiques ou de la société civile de l'Instance de suivi et de concertation de l'opposition (ISCO) ont tenté de redynamiser le mouvement né de Mazafran I. Certains étaient déçus par une opposition «déconnectée des masses populaires» pour reprendre l'expression d'un des participants.Même si, concrètement, il reste difficile de mobiliser la société dans un cadre autoritaire interdisant les manifestations, chahutant les meetings et empêchant certains partis d'agir légalement. L'autre biais dont semble souffrir cette opposition qui cherche sa voie face au déploiement d'un pouvoir autiste et répressif est sa crise interne de leadership. Le personnel politique algérien, aussi bien dans l'opposition que dans les cercles de l'allégeance, appartient à une autre génération que la majorité active dans ce pays.C'est un fait. On ne peut plus faire de politique en Algérie avec la même culture des années 1970 ou même celle des 1990 : les principes idéologiques restent tangibles, mais les réalités et les enjeux changent, rapidement. Mercredi à Zéralda, le contraste était violent entre les zaïms, malgré leur engagement pour solutionner les crises algériennes, et ces jeunes cadres qui s'activent dans leurs quartiers et dans leurs universités, sur les réseaux sociaux ou avec leur entourage immédiat et qui croient à la chose politique. Qui font de la politique.Ces jeunes militants politiques, coincés par le plafond de verre générationnel, peuvent offrir au pays une nouvelle alternative, une élite débarrassée de la culture du compromis à perte qui a trop miné l'opposition, une force qui régénère les principes et idéaux et les actualise. Il ne s'agit pas, ici, de faire naïvement du «jeunisme», mais il faudrait commencer à compter avec ces jeunes qui n'ont pas désespéré de la politique, et qui, au contraire peuvent la renouveler, la sortir de l'intrigue et du sérail. Faire de la politique, enfin.