Algérie - Revue de Presse

« Je ne ferai pas de concessions ! »



C?est la première fois que vous venez et présentez votre sketch « problématique », par là même, en Algérie ? Livrez-nous vos premières impressions... Je savais qu?il n?y aurait pas de soucis. Déjà, à l?aéroport, j?ai été chaleureusement accueilli, notamment par les douaniers qui m?ont salué. Sinon, j?ai tout de suite su que j?allais être dans mon univers. Depuis huit mois que je présente mon spectacle - qui a toujours bien fonctionné et qui a, à mon sens, gagné en efficacité, d?ailleurs - sa présentation en Algérie a donné lieu à des différences dans les réactions. J?ai été, en effet, très étonné de voir que le sujet que je traite est, ici, abordé beaucoup plus librement. Les Algériens semblent complètement libérés sur la question du conflit israélo-palestinien. Il n?y a pas de non-dits. En France, en revanche, il y a une grande retenue. Mes excuses (titre du sketch, ndlr) se veut bien plus qu?une réponse « licencieuse », une fois de plus, à vos détracteurs... Je suis antisioniste, comme toute personne originaire d?un endroit dans le monde où il n?y a pas une armée assez puissante pour repousser cet agresseur qu?est le sionisme. Il faut savoir que ce dernier a bien failli s?installer en Ouganda. Mon père étant originaire du Cameroun, un pays qui n?est pas très loin, à chaque fois que je me déplace au village, je vois bien qu?il est facile quand on arrive là-bas avec 45 têtes nucléaires de « foutre » tout le monde à la baille. Cela aurait pu se passer aussi à Madagascar mais finalement, c?est tombé sur les Palestiniens. Je crois pour cela que la moindre des choses, c?est d?être solidaires de ce peuple qui s?est malheureusement trouvé sur la route de cette bande de fous. Car il s?agit bien d?un projet qui n?a absolument aucun sens. C?est seulement par la démocratie, par le droit international ou par le vote qu?il devient possible de s?approprier une région ou un pays... Pour revenir à l?esprit de mon sketch, je pense qu?il est important d?être bien avec sa conscience et je ne ferai pas de concessions dans ce domaine-là. Je fais ce métier parce que j?aime la scène, je pense que c?est un espace de liberté fantastique et le jour où on me dira, tu ne peux plus le faire dans le pays où je suis né parce que je ne plais pas à un petit groupe d?individus qui à la mainmise totale sur les médias et sur les spectacles - et c?est ce que Jean-Pierre Raffarin est en train de dire en France, il dit que ce spectacle incite à la haine, il ne l?a même pas vu, il veut l?interdire et dit qu?il faut faire des lois - j?irai ailleurs. C?est quand même étonnant. Je ne demande rien à personne. Ou alors qu?ils disent carrément qu?il y a une loi qui interdit aux humoristes d?origine africaine de faire un sketch sur l?Etat d?Israël. Au moins, là ce sera clair, net et précis. Or, j?ai le droit, et la justice m?a relaxé dix-sept fois, mais Raffarin, une fois de plus, dit que ma notoriété ne me met pas hors la loi. Vous imaginez que cela veut dire que le Premier ministre de la France, ne reconnaissant pas les verdicts rendus par la justice française, remet en fait en cause les lois de la République, notamment la loi de 1905 qui sépare les Eglises de l?Etat ! Votre spectacle, présenté en décembre 2003, vous a, en fait, entraîné dans une spirale infernale vu que, comme vous l?avez dit, l?année 2005 commence sur les chapeaux de roues ? En effet, je ne sais pas jusqu?où mes détracteurs peuvent aller. Et là ils sont devenus complètement hystériques. Bernard Henri Levy a visiblement été envoyé en mission par Dieu ou Yahvé... pour m?éliminer du paysage audiovisuel, il a bien dit qu?il faut éradiquer Dieudonné du monde des médias. C?est qu?il est question d?éradication ! Votre mouvement L?utopiste est-il donc aujourd?hui réduit à un engagement politique sur les planches ? C?est cela. Le jeu électoral français est particulièrement pervers. Il est très difficile de se lancer en politique si on ne fait pas partie de l?Appareil. C?est quelque peu aussi le cas dans les démocraties occidentales, mais en France c?est particulier. Par exemple, pour se présenter à la présidentielle, il faut récolter au moins 500 signatures d?élus, donc de personnalités appartenant à l?appareil politique national. S?il s?agissait de signatures citoyennes, il y a bien longtemps que je serais candidat à la présidentielle. Or tout est verrouillé de telle sorte qu?il est quasiment impossible d?y aspirer. Qu?advient-il de votre carrière cinématographique ? Toute cette polémique a en fait commencé à partir du moment où j?ai voulu faire un film sur la traite négrière. Je me suis rendu au CNC, et là, c?est un conseil de neuf singes qui m?a dit que ça n?est pas un sujet de film. Je me suis renseigné un petit peu, j?ai appris que ce même conseil finançait 150 films sur la Shoah. Je leur ai alors dit qu?on ne peut comparer les souffrances et ils m?ont rétorqué que des films sur la traite négrière il n?y en aura jamais ! Alors, pourquoi est-ce que je paie mes impôts ? Pour soutenir le mouvement sioniste ? Mais je ne fais pas partie de ce délire ! Mon délire à moi se limite à vouloir avoir une vision sur mon histoire et ce ne sera pas du tout communautaire, puisque dans mon cas, ma mère est bretonne et mon père vient des côtes africaines ! Hélas ! je me suis rendu compte qu?en France il y a un monopole, voire une unicité de la souffrance - tous les crimes sont pourtant uniques. Si vous avez vu le 60 millième anniversaire de la libération des camps, aux Antilles, les gens fermaient leur télé ! Pas un mot sur l?abolition de l?esclavage ! Rien, pas même une ligne dans un canard ! Aujourd?hui, on en arrive à se demander si on doit rester dominés ou est-ce qu?on peut s?émanciper et avoir accès à une forme d?autonomie de pensée ? Si cela n?est pas possible en France, évidemment, j?irai ailleurs !



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