Algérie

J'y vais, je n'y vais pas...


La communication du gouvernement étant ce qu'elle est, minimaliste à l'extrême, pour ne pas dire laconique, on en est réduit à conjecturer sur la cause du report de la privatisation du Crédit populaire d'Algérie. On n'arrive même pas à saisir clairement s'il s'agit d'un report ou d'une remise en cause de la privatisation dans son principe. Les Algériens n'étant pas, globalement, des forcenés de la privatisation, ils n'en feront pas un motif de récriminations à l'encontre du gouvernement. En réalité, les choses se passant exclusivement dans la sphère gouvernementale, ils n'ont pas les outils d'appréciation sur la validité d'une privatisation ou non. C'est la qualité du débat public, sa possibilité même qui est en cause. On n'a pas expliqué aux Algériens pourquoi on a décidé de privatiser la banque, on ne leur explique pas non plus pourquoi on y renonce provisoirement, durablement ou définitivement. C'est donc un débat entre spécialistes et initiés, le public n'y est pas convié. La presse, pas toujours de manière réfléchie, a globalement soutenu cette privatisation au nom de l'impératif d'avoir un système bancaire performant, voire parfois par simple conformité à l'air du temps. Quelques-uns pensent que la privatisation est une option, elle n'est pas la seule pour rendre les banques algériennes performantes. La vraie question dans ce jeu du « j'y vais, j'y vais pas » est celle de l'image que l'on donne de soi. Car on dépense beaucoup d'énergie et d'argent pour soigner une image, pour montrer aux éventuels partenaires étrangers que nous sommes dans le credo libéral, dans l'attente de leurs investissements. C'est un choix, il peut être discutable et critiquable; mais quand on le fait, il impose une exigence de cohérence. A défaut, l'Algérie aura beau se dépenser et dépenser, elle n'aura qu'une image brouillée d'un pays qui tâtonne sans savoir ce qu'il veut. On a été nombreux à saluer la décision prise de remettre en cause la loi sur les hydrocarbures et de revenir au principe d'une prédominance minimale de 51% de l'entreprise nationale Sonatrach. L'enjeu était si grand que cela valait la peine de paraître incohérent. L'affaire de la loi sur les hydrocarbures avait surtout démontré qu'on ne gagne rien à ne pas ouvrir des débats essentiels. Tout avait été dit sur la nocivité du projet de loi et on aurait pu s'épargner de le transformer en loi et de devoir le mettre sous le boisseau avant de le changer. On a bien sauvé l'essentiel mais on n'a pas gagné en image. Notre chance est que le pétrole et le gaz sont si demandés que nos zigzags ont été sans effet. Ce n'est pas le cas du CPA que l'on cherche à privatiser depuis plus d'une décennie et que l'on stoppe à 48 heures du moment décisif. Il y a peut-être de bonnes raisons, on ne préjuge de rien. Mais le défaut d'explications nous met en situation de défaut de cohérence.
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