Algérie

Interdit de savoir



A entendre le président américain se perdre dans desexplications embarrassées, l'Iran est un danger parce qu'il existe toutsimplement et qu'il a des scientifiques qui peuvent maîtriser un savoir dans ledomaine nucléaire. C'est pour cela qu'il maintient toutes les options ouvertes,«ce qui veut dire la guerre», pour reprendre Bernard Kouchner.L'Iran n'ayant pas de programme nucléaire militaire, del'aveu même des services de renseignement américains, il ne fait qu'exercer sondroit à accéder au nucléaire civil et à en maîtriser le processus. Ce que luireconnaît totalement le Traité de non-prolifération (TNP), qu'on gagnerait àfaire relire aux opinions publiques occidentales, matraquées jusqu'à la nauséepar le thème de la «menace iranienne». Rien, absolument rien dans ce traitén'interdit à Téhéran d'enrichir de l'uranium, dès lors qu'il respecte sesengagements en matière de vérification par l'Agence internationale de l'énergieatomique.En essayant de lui imposer de renoncer à ce droit, lesAméricains et les Occidentaux en général ne procèdent pas à une interprétationpartiale du traité, ils l'amendent tout simplement. Ils transformentl'abstention volontaire des signataires de posséder des armes nucléaires eninterdiction de maîtriser le nucléaire civil. Il suffit pour cela de faire unprocès d'intention permanent en indiquant que les installations civiles peuventservir éventuellement à des objectifs militaires. Peu importe donc que l'Irann'ait pas de programme militaire, il est une «menace» en soi.La seule manière pour lui de satisfaire les Dark Vador de l'administrationBush et Israël serait qu'il disparaisse ou qu'il proclame qu'il ne permettrapas à ses savants d'acquérir la science et la technologie. Il ne faut pas s'ytromper, cela ne concerne pas que l'Iran, cela concerne tous nos pays. C'est un«interdit de savoir» qui est signifié à l'Iran et aux autres: on peut vousvendre des centrales nucléaires, mais on vous interdit de maîtriser le savoir.L'Irak a été le terrain d'expérience de cette subornation àgrande échelle des opinions publiques, chaque mensonge chassantl'autre, pour aboutir à une guerre aux conséquences désastreuses. Cette fois, c'estle tempérament rugueux du président iranien qui a servi de prétexte à unepropagande furieuse pour justifier une guerre à l'Iran. Tout cela pourmaintenir la suprématie militaire d'Israël dans la région.C'est d'ailleurs à la Maison-Blanche et àTel-Aviv que l'on a accusé le plus le coup après la publication du rapport desservices américains. Cela va crûment à l'encontre du discours guerrier en coursdurant ces dernières années, cela donne raison au patron de l'AIEA, El-Baradei, devenu subitement « trop arabe » à force d'êtretrop précis dans ses rapports.Le vrai évènement dans ce rapport n'est pas qu'il confirmece que les Iraniens s'époumonent à dire; il est dans le fait que les servicesde renseignement américains aient choisi, cette fois-ci, de ne pas faire unrapport dont le résultat est préalablement fixé par Dick Cheney.C'est peut-être le fait que Bush est dans sa dernière année de pouvoir. Maisc'est peut-être aussi qu'ils savent qu'une guerre contre l'Iran aura desconséquences totalement imprévisibles.
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