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Independance Day Fronton



Independance Day                                    Fronton
Un ami de jeunesse aimait à lire le Petit Livre rouge de Mao, grand timonier de la révolution chinoise, pour se moquer du simplisme de ses citations. Il avait une prédilection pour celle-ci : «La Révolution n'est pas un dîner de gala». Il ajoutait, sentencieux : «Ni une surprise-partie, ni un pas de tango, ni une kermesse, etc.». On en riait car il faut bien que jeunesse rit. Si bien que lorsque je lus la fameuse phrase de Ho-Chi-Minh, leader de la résistance vietnamienne, et bien que durant toutes nos années lycéennes nous avions soutenu ardemment cette dernière, elle me parut encore plus simpliste. Jugez-en : «Rien n'est plus précieux que l'indépendance et la liberté». En grandissant, j'ai appris qu'elle n'étaient pas une simple évidence.
L'indépendance. Littéralement, le contraire de la dépendance. Mais c'est immense, énorme, sidéral ! Seuls ceux qui n'ont pas connu la dépendance peuvent la négliger. D'où sa relativité. Aussi, De Gaulle pouvait affirmer que «l'indépendance, c'est la clochardisation» quand l'entreprise coloniale avait industriellement clochardisé des peuples entiers, dont le nôtre, réduit à tous les déracinements.
Et voilà que notre indépendance s'invite en force sur le calendrier, par la grâce de son cinquantenaire, charriant, avant même sa date, des flots de souvenirs, d'émotions et de pensées. Quel contenu lui donnera-t-on ' Célébrer sans réfléchir ' Réfléchir sans célébrer ' La logique comme le sentiment nous disent que nous devrions faire les deux, soit être capables de rendre hommage au juste combat de nos ancêtres et prédécesseurs tout en nous demandant ' entre nous d'abord ' ce que nous en avons fait.
En même temps, la logique, toujours, et le sentiment, moins, nous amènent à nous méfier de la magie du chiffre. Certes, cinquante ans, c'est un demi-siècle, une durée au symbolisme marquant. Mais n'est-ce pas que célébrer et réfléchir notre indépendance devrait se faire constamment, quels que soient l'année, le jour ou l'heure ' Ce sont des choses que nous devrions pratiquer comme nous respirons, car elles nous rattachent en permanence à notre histoire et notre présent. Or, à ce jour, nous n'avons même pas réussi à instaurer des rituels collectifs pérennes de célébration du 5 Juillet qui demeure une journée fériée et payée pour la plupart, et l'occasion de quelques cérémonies officielles. L'image des familles qui s'était rassemblées, l'été dernier, sur les balustrades du front de mer d'Alger, attendant un feu d'artifice qui n'eut pas lieu, en est la meilleure illustration. Et si une chose devrait nous préoccuper en ce cinquantenaire, c'est bien la manière dont est enseignée et diffusée l'histoire de notre pays. L'événement est quinquagénaire, mais il devrait se passer avant tout dans la tête de nos enfants et de nos jeunes. Pas seulement en 2012, mais dans la perspective des cinquante ans à venir.
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