Algérie

Immigration clandestine



Le cadeau européen Si on ne peut en vouloir à l?UE de défendre ses intérêts, on ne peut, par contre, se priver de s?interroger sur la portée de ses politiques de coopération avec les pays tiers, notamment ceux du Sud, et particulièrement dans le domaine humain. Car, la proposition de la Commission européenne en matière de « politique de l?immigration », rendue publique mercredi dernier, est pour le moins surprenante, pour ne pas dire égoïste et injuste. Franco Fratini, le vice-président de la Commission européenne, chargé de la justice et des affaires intérieures, a soumis un « plan d?action pour une stratégie des flux migratoires » aux Etats membres, avec trois points essentiels : un filtrage des flux migratoires pour ne retenir que les compétences dont a besoin le pays d?accueil et ponctuellement les travailleurs saisonniers, une migration « circulaire » qui permettra aux « cerveaux » d?aller d?un pays à l?autre selon le besoin et un droit commun qui va gérer le séjour de ces immigrés de choix. Dans l?argumentaire de cette stratégie, M. Fratini, au nom de la commission, estime que « l?UE ne peut choisir entre une politique sans immigration ou une immigration incontrôlée ou tous azimuts ». Soit. Mais il ajoute plus loin que cette stratégie « sera bénéfique pour les immigrés, leurs pays d?origine et les pays d?accueil ». Compte tenu, pour des raisons objectives, de la difficulté des pays du Sud à retenir toutes leurs compétences nationales chez eux, et au regard de l?insignifiant taux de transfert de technologies entre le Nord et le Sud, il est pour le moins incongru de faire croire aux pays du Sud qu?il est bénéfique pour eux de se vider du peu de compétences (et « cerveaux », c?est le terme du document) qu?ils forment chaque année. Par ailleurs, faut-il rappeler les nombreux discours des dirigeants européens quant à l?aide et le soutien aux pays du Sud en matière de formation, de recherche et de « fixation des populations chez elles » par de vrais projets de développement ? Certes, la commission propose et ne décide qu?après l?accord des Etats membres. Mais une telle conception de la coopération et de l?aide aux pays du Sud, particulièrement en ces moments de mondialisation, pose la question de la cohérence de la politique extérieure européenne, pour ne pas dire la sincérité de ses dirigeants. Des journalistes, indulgents avec le vice-président de la commission, nous ont déclaré que « c?est une man?uvre de la commission qui obéit à des considérations de politique interne, en ces temps de crises des sociétés européennes ». Peut-être. Mais, il faut bien constater que lors du sommet de Barcelone le 26 novembre dernier, il n?a été surtout question que d?immigration, de terrorisme et de centres d?accueil dans les pays du Sud. L?accompagnement des réformes, les aides à la coopération et les mille et une idées généreuses sont passées à la trappe pour le dixième anniversaire du processus de Barcelone. Est-ce un changement majeur dans la conception de la coopération de l?UE vis-à-vis des pays tiers ? En tout cas, joli cadeau d?anniversaire et de fin d?année pour les pays du Sud.



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