Parmi les immigrés qui rentrent au pays lors des grandes vacances,
certains d'entre eux vivent des expériences qui tournent à l'aventure lors des
contrôles douaniers ou avec la compagnie nationale «Air Algérie». Souvent ces
«aventuriers» malgré eux, nous interpellent : «faites quelques chose, s'il vous
plaît, vous les journalistes pour attirer l'attention des hauts responsables
sur le comportement irresponsable de certains agents d'exécution et le mépris
avec lequel ils traitent les voyageurs que nous sommes.» Les affres vécues par
certains sont absurdes, injustes, kafkaïens.
LE DEUXIEME DEUIL
D'abord, il y a Djelloul, un Oranais résident à Liège. En ce mois de
juin, sa mère décède en Belgique. Il fait valoir l'assurance rapatriement de sa
maman qu'elle a contractée avec la Fédération de la communauté algérienne en
Belgique (FCAB), héritière de l'ex-Amicale des Algériens en Europe. Tout est en
ordre. Il choisit «Air Algérie» qui réserve l'embarquement du cercueil ainsi
qu'une place pour l'accompagnateur, tel que le prévoit le contrat d'assurance.
Djelloul achète des billets pour ses enfants. Tous doivent accompagner «Mama»
pour son dernier voyage vers Oran via Alger. La famille arrive à Alger. Les
problèmes commencent. A Djelloul, qui interroge les responsables d'Air –
Algérie à Alger pour savoir l'heure du décollage de l'avion qui va les
transporter vers Oran, il lui est répondu que ce n'est pas possible. Pourquoi ?
Les avions qui font la liaison Alger -Oran sont des «ATR». Entendez avion de
transport régional. Et alors ? «Vous avez un billet de voyage international. Le
cercueil de votre maman ne peut être embarqué». Après moult réclamations et
discussions sans fin, Djelloul et sa famille comprennent que le personnel d'Air
Algérie ne pouvait les aider. Pendant ce temps, le reste de la famille à Oran
qui attend l'arrivée du cercueil vivent une terrible angoisse. Djelloul se
résout à en finir et cherche un transporteur par route, une camionnette et une
voiture pour relier Oran. 4OO km à parcourir sous un soleil de plomb. Il
affronte de nouveau une série de procédures administratives superflues avant de
récupérer le cercueil de sa maman. Après des heures interminables à l'aéroport,
Djelloul et ses enfants prennent place dans le taxi qui suivra la camionnette
sur l'autoroute Alger –Oran. Fatigués, en pleurs et en…colère.
HISTOIRE D'ALLIANCE
Avant, il y eu le cas de Kouider et son épouse. Tous deux professeurs
émérites de mathématiques aux prestigieuses universités de Louvain la Neuve et
de Namur. Ils sont originaires de l'ouest du pays. Ils ont choisi de passer par
l'aéroport d'Oran. C'est logique. Arrivés à Oran, après avoir passé la police
des frontières, Kouider est choqué par un douanier qui, sans aucune gêne, hurle
à l'attention de l'épouse de Kouider : «Hé toi ! Viens par ici.» La dame ouvre
de grands yeux, Kouider intervient : «Qu'est-ce qui vous prend Monsieur ?» Le
douanier en question : «elle doit déclarer la chaînette qu'elle porte au cou et
les bagues.» Puis il ajoute en direction de Kouider : «Vous aussi, vous devez
déclarer votre alliance. Je la vois sur votre main gauche.» Bien, qu'à cela ne
tienne, le couple est habitué à voyager dans le monde entier, invité par les
plus grandes universités, il sait qu'il ne faut pas tenter de trop s'accrocher
avec le douanier, non pas pour la déclaration des alliances et chaînette de
madame, mais en raison de son effronterie. Dans le cas contraire, le couple
risque de passer des heures au poste de police. Kouider, décide qu'il évitera
l'aéroport d'Oran lors de ses prochains voyages. Le voici, quelques mois plus
tard, arrivé à Alger. Personne ne fait allusion à la bague alliance qu'il
porte. Mais Kouider sait qu'il va faire le retour par Oran, puisqu'il a été
invité par l'université d'Oran pour un séminaire. Son esprit cartésien lui
suggère de s'assurer de toute éventualité désagréable à l'aéroport d'Oran.
Kouider se dirige vers le poste de douane et exige le document de déclaration
d'objet précieux. «OK, lui dit le douanier, qu'avez-vous à déclarer ?» «Mon
alliance en or répond Kouider» Le douanier : «? ??» Puis : «Vous vous moquez de
moi ?» Kouider : «Pas du tout et je ne partirais pas sans le document.»
S'ensuit un débat sur les lois et règlements du pays. Le douanier baisse les
bras devant la volonté farouche de Kouider à avoir le fameux document. Au
retour, à l'aéroport d'Oran, le douanier a regardé la main gauche de Kouider.
Sans parler, ce dernier lui a remis la déclaration faite à Alger. Elle
mentionne que le passager est en possession d'une alliance en or…blanc.
AUTORISATION DE SORTIE
C'est au tour du journaliste. En ces derniers jours de juin, j'entre au
consulat d'Algérie en Belgique pour un besoin administratif. L'accueil est
agréable, les gens, tickets en main sont servis rapidement et poliment. Le
nouveau siège du consulat est pourvu de toutes les commodités d'accueil. Il y a
même un «photomaton», une photocopieuse à la disposition du public et des
…toilettes propres. C'est important les toilettes, y compris dans les services
publics. Tout en s'occupant de mon document, Malika parle à sa collègue
d'autorisation de sortie du territoire national pour les mineurs d'âge. Je
lance au hasard : «Pardon, ma fille de 17 ans rentre au pays la semaine
prochaine. Elle est accompagnée de sa maman, bien sûr. Faut-il une autorisation
de sortie du territoire ?» Elle me regarde et abonde : «Je pensais que vous le
saviez. C'est nouveau, c'est en application depuis trois mois.» Ben alors !
Aussitôt je demande l'imprimé en question. Puis j'apprends par les quelques
immigrés présents que pas moins de 7 enfants mineurs accompagnés de leurs mères
sont bloqués à Alger en raison de ce papier. «C'est nouveau alors ?» Bien sûr,
me répond-on. Le problème c'est qu'aucune autorité publique en Algérie n'a
annoncé ce changement de… réglementation. Les uns sont alors partis sur
l'application du code de la famille, les autres parlent de pur obstacle
bureaucratique supplémentaire… Toujours est-il que bien de jeunes mineurs non
accompagnés du papa, auront la désagréable surprise au retour… leurs mamans
aussi.
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Posté Le : 14/07/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Notre Bureau De Bruxelles : M'hammedi Bouzina Med
Source : www.lequotidien-oran.com