Algérie

Il y a quinze ans, l’attaque terroriste du poste frontalier de Guemmar



Les islamistes et l’armée nationale Quinze ans après l’attaque terroriste du poste militaire frontalier de Guemmar dans la wilaya d’El-Oued, la guerre portée au nom de la religion contre les institutions de l’Etat, les fondements de la République et contre le peuple algérien, n’a pas encore révélé tous ses secrets. Cette attaque de Guemmar n’a pas été seulement un acte terroriste comme le pays en connaîtra sans fin tout au long de la décennie 1990 et la suivante, mais elle fut la tête d’un iceberg dont la partie cachée est à peine soupçonnable jusqu’à ce jour. Déjà cette attaque, en elle-même, et par la composante des individus qui en ont été les auteurs, montre clairement que plusieurs parties se sont rassemblées autour d’une même idéologie et partageant un objectif commun, elles avaient opté pour le choix des armes pour les faire imposer. Ces gens avaient, en effet, été recrutés parmi des élus et militants du FIS et son «Syndicat islamique du travail», des «Afghans algériens» et des militaires en exercice. Ce ne sera qu’à la suite de cette attaque du poste frontalier de Guemmar et l’enquête qui fut ouverte, qu’il fut progressivement découvert qu’il existait au sein de l’armée nationale des militaires de différents grades qui étaient acquis à l’idéologie islamiste et qui activaient en coordination avec le FIS, ou à tout le moins, avec certains de ses dirigeants. Ces militaires se préparaient au passage à l’action armée depuis les débuts de l’année 1991 sur fond de mise en place des conditions pour une «désobéissance civile» codifiée par un membre fondateur du FIS, Saïd Makhloufi, qui est entré dans la clandestinité dès la publication de sa brochure portant sur cette question et qui a été diffusée à partir de janvier 1991. Tentatives de noyautage A l’heure actuelle, il est encore difficile de réunir tous les éléments qui pourraient permettre de se faire une idée précise sur la démarche qui a abouti à la création de noyaux de soldats acquis à la cause islamiste au sein de l’armée algérienne. Mais les rares bribes d’informations qui existent laissent entrevoir qu’il y a eu, dans ce sens, un travail en profondeur qui remonte loin dans le temps et probablement vers les débuts des années 1980 si l’on tient compte d’une déclaration de Anouar Haddam se rapportant à l’infiltration des institutions de l’Etat et différents espaces de la société par le courant auquel il appartient, la djaz’ara, qui a intégré le FIS en 1990. Un auteur français qui l’avait interrogé, a douté de sa réponse en notant «la description que fait a posteriori Anouar Haddam de ces années (1980) semble relever davantage de la légende que de la réalité». Mais lorsqu’on constate comment ont été préparées l’attaque de Guemmar et celles qui ont suivi contre d’autres casernes et infrastructures militaires et les complicités dont elles avaient bénéficié, l’on s’aperçoit que Haddam n’a rien inventé. Il avait déclaré à cet auteur: «Nous avons eu des mosquées ‘indépendantes’ dans chaque ville où il y avait un groupe de jeunes pour gérer les affaires de la mosquée. Puis le mouvement s’est déployé. On a envoyé des gens spécialement à l’étranger pour se perfectionner, et aussi en Arabie pour apprendre la chari’a. On avait des mosquées pilotes partout. On s’infiltrait dans l’éducation, dans l’université. On avait bien étudié ça». Cette affirmation de l’existence de «mosquées pilotes partout» est à souligner. Car, c’est justement au sein de certaines mosquées situées dans les alentours des casernes que des noyaux de soldats islamistes se sont constitués. Anouar Haddam ne le précisera pas, mais il le laisse deviner quand il déclare au même auteur (Séverine Labat, ‘Les islamistes algériens entre les urnes et les balles’, Editions le Seuil, Paris, 1994): «On a même infiltré le parti au pouvoir et différents ministères pour avoir des informations de l’intérieur. C’est une organisation nationale et pyramidale. Rien ne peut se faire sans nous en Algérie. Il y avait des cercles d’adhésion». La question qui reste posée est de savoir si, comme l’affirme Haddam, différents ministères ont été infiltrés? Celui de la Défense nationale aurait-il pu faire exception? Rien n’est moins sûr comme le dira l’avenir et comme tiendra à le faire savoir le FIS, lui-même, au moment même où le processus électoral est interrompu. Dès le lendemain, il a, en effet, publié dans son propre journal (El-Mounqid du 12 janvier 1992) une déclaration des militaires acquis à sa cause: «Nous, officiers d’actives répartis à travers différentes unités et dans diverses spécialités militaires, rendons hommage au peuple musulman qui a choisi d’édifier un Etat islamique. Ce résultat (des législatives de décembre 1991, ndlr) étant une gifle contre les ennemis de la solution islamique, car le FIS est le seul opposant au régime. Nous demandons à nos frères du pouvoir et au peuple algérien de ne pas croire en la sincérité du pouvoir qui détient toujours nos chouyoukh considérés comme des otages». Cette déclaration a été presque aussitôt suivie par l’appel aux militaires à la désertion, lancée par le président du FIS d’alors, Abdelkader Hachani, et pour laquelle il sera arrêté. Elle sera également poursuivie dans les publications clandestines du FIS tout au long du premier semestre 1992 appelant à un «coup d’Etat» qu’elles attendaient du jour au lendemain, puis à des appels à la désertion. Mais ce sera à partir de mars 1992, avec l’arrestation de trois officiers islamistes, Ahmed Chouchane, Naâmane Zella et Ahmed Benzmerli qu’une partie du voile sur l’action des islamistes militaires au sein des casernes sera levée. Rien de leurs déclarations à la Justice militaire ne sera rendu public, mais Ahmed Chouchane, à partir de l’étranger où il s’est «exilé» en sortant clandestinement du pays à sa libération, après trois ans de détention, aura à revenir sur son appartenance idéologique et sur sa relation avec des dirigeants du terrorisme connus qui étaient liés ou appartenaient au FIS. Ahmed Chouchane et les dirigeants terroristes Chouchane a le mérite d’être très clair quant à son appartenance idéologique. En passant dans une émission (90 minutes) de la chaîne de télévision française Canal +, il s’est laissé présenté comme «un soldat d’élite» qui «est devenu dans les années 1990, comme beaucoup de jeunes algériens, sympathisant du FIS». Il s’assume totalement et se présente, lui-même, dans ses propres écrits à travers le web: «Je confirme que ma relation avec le projet islamique est fondée sur une conviction profonde, qui ne souffre d’aucun doute, que c’est le projet idéal pour le bonheur de l’humanité dans la vie ici-bas et dans l’Au-delà». Cette appartenance que Chouchane déclare en toute lucidité ne l’empêche pas d’affirmer qu’il n’est pas «concerné, dans cette attitude par ce qu’adoptent les partis islamiques eux-mêmes ou ce que prétendent les ennemis des islamistes», après avoir estimé que sa «relation personnelle avec les islamistes n’est qu’une relation normale comme toutes ses relations avec les autres Algériens». Le problème avec cet ancien officier est de savoir ce qu’il entend par «relations normales» quand il s’agit de lien avec Saïd Makhloufi et Abdelkader Chebouti qui sont entrés dans la clandestinité dès le début de l’année 1991 et qui se sont mis activement à la préparation du passage à l’action armée. Et, c’est lui-même qui réagira, toujours sur Internet, à une sortie médiatique de Mohamed Samraoui (un ex-officier déserteur et «exilé») qui avait déclaré que «Chebouti était un agent de la sécurité militaire qui avait mis à sa disposition un véhicule». Chouchane a précisé que Chebouti circulait dans le véhicule du capitaine Naâmane Zella et le plus souvent dans celui du lieutenant Ahmed Benzmirli. Il a apporté ainsi un franc démenti à Samraoui qui confondait sciemment entre un véhicule de l’institution militaire et celui appartenant à des militaires qui, de surcroît, ont basculé dans le terrorisme. Il s’avère ainsi que des «relations normales» ont bel et bien existé entre des militaires acquis à la cause islamiste et des dirigeants du terrorisme comme Saïd Makhloufi et Abdelkader Chebouti. Et c’est sur cet arrière-fond que l’attaque du poste frontalier de Guemmar a été organisée. Chouchane la réduira dans une de ses sorties sur Internet à «24 adolescents qui ne savent même pas manier les armes» qui, en plus, selon lui, «ont été induits en erreur par un ancien caporal des forces parachutistes». Mais en réalité, cette attaque faisait partie d’un plan global qui devait cibler, dès cette époque, plusieurs infrastructures militaires et qui était en préparation au moins depuis la grève insurrectionnelle du FIS de mai/juin 1991. A Suivre...
Filicitation pour les informations! ils sont tres precises, mais votre raisonnement est tres manipulatif. Tu dois savoir que moi Je n'etais ni fonctionaire ni mercenaire ni journaliste ni officier de cuisine, mais un officier de commmandement charge de la formation politique et morale des Forces Speciales. et c'est pour ca que j'ai reagi selon mon evaluation personelle de la situation que j'ai transmis au commandement et selon mes obligations envers ma patrie sans hesitation. Et si quelques chefs de l'arme ont choisi la confrentation avec la majorite du peuple algerien qui nous a menu a la catastrophe nationale actuelle, moi j'ai assume mes responsabiiites avec courage et sincerite et j'ai prouve que je n'ai rien a avoir avec le terrorism bien que je suis fier de l'Algerien patriote irreversible que je suis. Et je defis qui que ce soit de prouver le contraire avec les faits et non pas par la propagonde.
AHMED CHOUCHANE - YOUTH ADVISER - BIRMINGHAM
16/06/2009 - 3636

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