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Il n'y a pas que l'argent dans la vie '



Il n'y a pas que l'argent dans la vie '
Jeune footballeur de génie, d'une élégance à couper le souffle et d'une efficacité redoutable, Mokrane Bailèche était promis à une carrière monumentale. Mais voilà, le jeune prodige de la JS Kabylie a dû, certainement contrarié mais pas spécialement la mort dans l'âme, ranger ses crampons à l'âge d'une fulgurante éclosion.Il avait à peine vingt-deux ans quand son père avait d'autorité pris la décision qu'il estimait la meilleure pour la promotion socioprofessionnelle de son rejeton.Peut-être bien la promotion tout court, les choses étant ce qu'elles étaient à cette époque-là. Dans les contrées encore peu accessibles à la folie du fric, il subsistait quelques valeurs sûres, et dans le sport des bribes d'humanité désintéressée. A l'époque, il y avait aussi des parents intéressants, disait un ami qui n'a pas la réputation de couper les cheveux en quatre.«Sage décision ; à l'époque, le football ne nourrissait pas son homme», disait un autre, qui croit particulièrement perspicace de répliquer par de plates certitudes. A moins qu'il n'ait tout simplement réagi à une déjà vieille histoire par les mots d'aujourd'hui. Nourrir son homme.Mais bien sûr que le football nourrissait (déjà) son homme. On ne gagnait certes pas les sommes qui donnent maintenant le vertige, mais on ne crevait pas la dalle non plus. Sinon, on aurait eu beaucoup de Bailèche parmi les footballeurs dont le parcours scolaire permettait d'envisager la vie par l'obtention des diplômes ou, plus vertueusement, l'acquisition du savoir.Or, il n'y en a pas eu des masses. Même les rares dont les études ont abouti ont exercé à la périphérie de leur spécialité. Une périphérie qui présentait l'avantage d'être financièrement plus rentable, physiquement moins contraignante et surtout? intellectuellement moins exigeante ! Ce qu'a fait Bailèche était donc unique, du moins parmi ceux dont le talent intrinsèque et le niveau d'évolution leur permettaient déjà de se mettre déjà «à l'abri du besoin».Parce que le brave papa Bailèche n'y est pas allé par trente-six chemins. Il a voulu que son fiston aille au bout de ses études au lieu de continuer à taper dans un ballon sur les terrains de Tizi Ouzou et de Navarre, et il a pris la décision qu'il fallait : le foot ou la médecine ' Eh bien, ce sera la médecine !Et ce n'est pas du tout évident que ce soit le choix le plus rassurant, comme semble le suggérer l'ami perspicace. Parce que Mokrane a terminé chirurgien-dentiste, a eu lui-même à souffrir de problèmes de santé et n'a jamais roulé sur l'or comme beaucoup de ceux qui ont choisi le foot et en fin de carrière dans ses démembrements, alors qu'ils étaient de moindre talent.Voilà qui nous change déjà des parents qui salivent sur une vocation que leurs rejetons n'ont pas forcément, qui rêvent de les voir derrière une caisse enregistreuse de supérette au lieu d'une grande école, qui méprisent une formation à un vrai métier au profit de la déchéance devant une « table à cigarettes », qui ferment les yeux sur l'argent du fiston dealer, qui fantasment sur la prospérité du petit business ou font une profession de foi de la perfide formule «liqra qra bekri». Avant d'aller pérorer qu'il? n'y a pas que l'argent dans la vie !Slimane Laouari


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