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«Il faut multiplier le dialogue entre les opérateurs économiques et les instances législatives»


«Il faut multiplier le dialogue entre les opérateurs économiques et les instances législatives»
- Vous avez l'avantage de compter parmi les 100 avocats ou juristes les plus influents du continent africain. Ce à quoi vous avez réagi en estimant qu'étant une femme dans un secteur, celui de l'énergie ? dominé par les hommes ?, cela représente un double défi. A-t-il toujours été aisé pour vous de vous imposer 'Dans le temps, on ne faisait pas assez la promotion du secteur de l'énergie auprès des femmes, si bien qu'elles n'étaient pas prêtes à y entrer. Aujourd'hui, il y a déjà plus d'initiatives qui montrent qu'il y a des opportunités de carrières passionnantes dans cette branche. De manière générale, il faut encourager les femmes à oser choisir des secteurs traditionnellement masculins et où les hommes sont majoritaires.Cela peut commencer par l'école, où l'on pourrait encourager les jeunes filles à s'ouvrir à des horizons professionnels divers, les entreprises pourront apporter un plus dans ce sens en organisant plus souvent des portes ouvertes. Ce type d'expérience marque les enfants et les influence dans leurs choix futurs.Personnellement, je n'ai pas tellement l'impression que le fait d'être une femme ait eu un véritable impact durant ma carrière de juriste d'entreprise. Toutefois, j'admets que j'ai dû parfois redoubler d'efforts, surtout en début de carrière. Cependant et après avoir fait mes preuves, j'estime que je suis traitée d'égal à égal avec mes collègues masculins. C'est le savoir-faire qui a primé et non l'appartenance à un genre.J'ai la chance de travailler chez General Electric, une entreprise qui privilégie la diversité dans sa politique RH. C'est très positif. C'est la première fois dans ma carrière que je vois autant de femmes au top management, aussi bien dans les fonctions dites supports que dans les fonctions techniques.- Vous estimez également qu'au-delà de votre travail de juriste, votre mission le transcende pour ?uvrer à faire évoluer la culture des affaires et influencer de manière positive l'environnement de l'entreprise. Comment percevez-vous le climat des affaires en Algérie et comment pensez-vous que l'on puisse l'améliorer 'L'environnement des affaires en Algérie est en constante évolution depuis l'indépendance, et en particulier depuis le milieu des années 1990 avec l'ouverture à une économie plus libérale. Cependant notre économie demeure dépendante des exportations des hydrocarbures qui constituent la principale source de revenus du pays.Nous devons à présent nous diversifier afin de limiter cette dépendance, et c'est pourquoi au-delà de l'aspect réglementaire qui régit l'investissement en Algérie, il est important que chacun ?uvre à promouvoir les bonnes pratiques et encourager l'esprit entrepreneurial. Quand je dis chacun, c'est-à-dire pas uniquement le législateur, mais également les entreprises qu'elles soient privées ou publiques, les associations patronales et surtout les écoles et les universités.L'Algérie dispose en effet d'un vivier de talents qui ne demandent qu'à exprimer leur potentiel, et que nous accompagnons et formons pour notre part chez GE aux meilleurs standards internationaux, toutes disciplines confondues. Il faudrait également multiplier le dialogue entre les opérateurs économiques et les instances législatives afin d'être parfaitement en phase avec la réalité des affaires. L'échange de points de vue entre ces deux sphères ? publique et privée ? reste un élément clé pour créer un environnement économique optimal qui renforcera la compétitivité de l'Algérie dans la région.- Vous avez également pris part au projet d'implantation d'une usine de turbines à gaz GE en Algérie. A-t-il toujours été aisé de faire aboutir ce projet 'C'est l'un des plus grands projets industriels structurant en Algérie et le premier en Afrique. En plus des objectifs propres à tout projet industriel en matière de création d'emplois et de transfert de technologie et de savoir-faire, la co-entreprise GEAT-GE Algeria Turbines entre GE et Sonelgaz offrira plusieurs programmes de formation avancée à ses employés et ses fournisseurs et cela afin de développer une expertise locale dans le secteur de la production d'énergie.L'Etat algérien avait des objectifs clairs quant aux résultats escomptés de ce projet, qui consistent à réduire le coût des équipements jusque-là importés, ainsi qu'à doubler la capacité du pays en matière de production d'électricité et à moindre coût. Cette vision a beaucoup contribué à faire aboutir les négociations pour la création de cette usine en Algérie. La prochaine étape à présent est de fabriquer la première turbine made in Algeria de l'usine de Batna.- Beaucoup d'opérateurs économiques se plaignent de l'instabilité juridique et du manque de visibilité de l'environnement réglementaire. Souvent des conflits commerciaux naissent de l'interprétation des textes. Avez-vous eu à gérer ce genre de situations 'Quand on évolue dans un environnement des affaires en pleine mutation il est normal que l'on soit confronté à des changements réglementaires, en partie liés à des situations conjoncturelles. Evidemment, ces changements peuvent créer un sentiment d'incompréhension et d'instabilité chez les investisseurs, cependant il s'agit le plus souvent de préjugés.S'il existe des points soumis à interprétation dans les textes de lois, ceux-ci n'entraînent pas inéluctablement des conflits commerciaux grâce à l'approche constructive des administrations et institutions publiques qui restent à l'écoute des opérateurs économiques et sont à la recherche des explications et orientations en matière d'application des textes.- Croyez-vous qu'il existe en Algérie un vivier de compétences susceptible d'?uvrer pour l'amélioration de l'environnement de l'entreprise 'Nous évoluons dans un monde où le niveau de qualification des travailleurs est un indice de croissance. L'Algérie compte évidemment de multiples talents et de nombreux hauts potentiels que ce soit au niveau des entreprises privées ou étatiques ainsi qu'au niveau des différentes institutions.Cependant, dans un monde où s'opère une véritable compétition pour les talents, il ne faut pas compter uniquement sur la volonté et les initiatives individuelles, la promotion et la valorisation de la compétence doivent revêtir le caractère de projet de société et cela requiert la conjugaison de tous les efforts à commencer par l'école. Il faut également encourager la formation continue en entreprise, pour anticiper l'obsolescence sinon la disparition de certains métiers qui ne trouvent plus leur place dans le monde d'aujourd'hui. Chaque entreprise et chaque institution doit tout mettre en ?uvre pour s'assurer que ses collaborateurs soient en phase avec les nouvelles technologies et pouvoir répondre ainsi à des défis de plus en plus nombreux.




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